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Discutez ce propos : La charité atteint son couronnement dans la suppression de l’aumône.

Publié le 16/09/2014

Extrait du document

B. On peut prudemment étendre les devoirs précis an-delà de ce que demande la justice commutative. — Nous rencontrons ici l'opposition la plus vive de l'économie libérale. Un LEROY-BEAULIEU, par exemple, s'élevait autrefois (1896) contre l'idée s'un « salaire familial « en s'appuyant sur ce principe : Mes obligations strictes envers un autre individu sont déter­minées uniquement par les relations économiques; la loi ne peut me demander, dans aucun cas, de tenir compte des besoins d'un ouvrier.

 

C'est toute la conception de la justice qui est ici en jeu. Or, il faut refuser de réduire la justice au « do ut des «. Car elle resterait alors un pur égoïsme. Aucun motif proprement moral ne permet de s'arrêter délibérément et dans tous les cas à la justice commutative. La justice, si elle veut rester une vertu, doit rester dépendante d'une intention de charité. Elle représente cette étape de la charité qui peut, dans les conditions actuelles, être précisée par des lois générales obligatoires pour tous ceux qui sont dans une situation donnée.

« LA JCSTICE ET LA Cf!AHITÉ l.

--- L '.urnô:Œ nÉro:rn }!AL , L '1:-;TE:'\TIO:' OE CHARITÉ.

La vraie charité ncms rend capables de voir en autrui un autre nous· mèmes.

Et, dès lors, elle nous demande pratiquement de chercher le meilleur moyen pour aider, autant qu'il est possible, tous les hommes ùans tous leurs besoins.

Or, l'aumône représente seulement une aide : A.

Aveugle, irrationnelle.

- Elle tombe au hasard.

Chaque individu ùonne son secours, sans vue d'ensemble des besoins, sans plan d'en­ semble pour y subvenir.

Certains miséreux pourront être comblés, d'autres dflaissés.

B.

Nécessairement insuffisante.

-Car ce qui est laissé à la libre ini­ tiative de c1iacun ne peut être contrôlé.

Dès lors, les moins généreux s'abstiendront : la charge sera trop lourde pour les autres; et si la concurrence interdent, elle pourra rendre impossible à tous tout geste de pitié ou même de justice.

Dans son Enquête sur l'étal physique et moral des ouvriers, publiée en i8-W, le docteur \VILLmrnÉ décrit le supplice des petits Alsaciens, dont beaucoup ont à peine 7 ans, condamnés à tra­ vailler debout seize à dix-sept heures chaque jour.

Et il ajoute : " Je me plais à proclamer l'humanité des fabricants d'Alsace ..

,, mais que peut le désintéressement isolé P ...

Le propriétaire d'une filature de coton ne peut rien seul, partout où il existe un seeond établissement s.emhlahle au sien.

" (T.

II., p.

87-9;1.) C.

Bles;sante.

parfois.

Elle met celui qui la reçoit dans un état de dépendance qui peut blesser une légitime fierté.

Et si le donateur garde des faibles·ses trop humaines, il sera tenté d'exercer une pression poli­ t.ique, religieuse, ou un contrôle de la vie privée (Cf.

La pharisienne, de MAURIAC).

D.

Réparant mal une injustice dans certains cas.

- Nous ne dirons pas : « Toute aumône recomTc une injustice.

,, Mais il peut en être ainsi.

Si un ouvrier, dont le travail enrichit un entrepreneur, en est réduit habi­ tuellement à quémander une aumône pour vivre, nous nous trouvons de­ vant un ordre social profondément injuste.

Il.

- L .EFFORT QUI TEND A LA SUPPRESSION DE L' AmIÔNE PEUT LÉGITD!t:}!ENT hRE POUSSÉ TRÈS LOIN.

Il ne suffit pas de montrer les insuffisances de l'aumône.

Tous nous sui­ vront jusque-là.

Mais les économistes libéraux ajouteront aussitôt : " Vous ne pouvez viser à la suppression de l'aumône sans étendre indûment le domaine de la justice, sans admettre des principes qui conduisent au socialisme.

" }foutrons donc qu'on peut légitimement pousser très loin l'effort de rationalisation qui vise à rendre l'aumône inutile.

A.

On p~mt tendre à faire observer les exigences les p!us indis·cutables de la justice.

- Ceux-là mêmes qui se font la notion la plus étroite de la. »

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