Dissertation sur la conscience de l'autre

« Dans la série Wanda Vision produite par les studios Marvel, l’héroïne Wanda Maximoff évolue, à travers un procédé de mise en abîme, dans un univers de sitcom des années 50.

On apprend après quelques épisodes qu’il ne s’agit en fait que d’une création de son esprit et que tout ce qui l’entoure, bien qu’ayant l’air si réel, n’est que pure fiction, représentation de son monde idéal face à un deuil qu’elle ne parvient pas à faire Ainsi, il paraît évident pour chacun que cette œuvre n’est pas réaliste et que nous avons pleinement conscience de notre environnement ; de l’existence de l’espèce humaine en tant que société au plus petit insecte.

Mais est-il réellement possible de démontrer l’existence de l’altérité, de la comprendre ? Ne sommes-nous pas plutôt prisonniers de notre propre subjectivité, ramenant l’ensemble de nos expériences et de celles d’autrui à notre propre existence ? Il faudrait donc savoir s’il est possible pour une personne dans son unité et ceux qu’il côtoie de se comprendre, de coexister en pleine conscience.

Des ponts entre la subjectivité d’un individu et celles des autres existent-ils ? Par extension, est-il possible d'appréhender l'altérité ? Nous verrons d’abord que nous avons une conscience pleine de tout ce qui nous entoure, puis nous nous interrogerons sur sa véracité et sa dimension lacunaire.

Enfin, nous verrons que notre conscience se limite en fait à notre subjectivité, prisme à travers lequel nous observons le monde. La conscience est un terme polysémique.

Du latin cum et scienta, ce mot signifie littéralement “avec le savoir”.

D’un point de vue philosophique, elle désigne aussi bien la faculté de présence à soi-même et au monde que la possibilité pour une personne de faire une distinction entre le bien et le mal.

En outre, l’expression “avoir conscience” fait référence à la perception d’une situation, ici à la perception de soi-même.

Il apparaît donc clairement qu’un lien entre la notion de conscience au premier sens du terme et l’altérité est à faire.

En effet, notre conscience se construit au fur et à mesure des expériences de notre vie, et particulièrement par rapport à autrui.

Ainsi, c’est en rencontrant d’autres personnes, en discutant avec elles, en échangeant que se révèle la véritable nature humaine : “On dit que l'homme est un animal sociable” reprend Montesquieu dans Les lettres persanes.

De ce fait, nous percevons l’altérité en une personne, nous avons conscience de son existence puisque nous la considérons comme un de nos semblables.

De même, nos sentiments sont conditionnés par notre rapport à autrui.

L’amour et l’amitié par exemple ne peuvent être ressentis que vis-à-vis d’une tierce personne.

Selon Jean-Paul Sartre dans L’être et le néant, nous ne ressentons de la honte que lorsque nous sommes exposés à autrui, tel que “autrui est le médiateur entre moi et moi-même.

Nous avons donc une perception totale des personnes que nous regardons, rencontrons, aimons et inversement. Pour aller plus loin, il est très probable que ce soit grâce à autrui que nous prenons conscience de nous-mêmes.

Selon Platon dans Alcibiade, “l’âme aussi, si elle veut se connaître elle-même, doit regarder une âme”.

Il étaye ensuite son propos : “Cette partie-là, en effet, est toute divine et celui qui la regarde, qui sait découvrir tout ce qu’il y a en elle de divin, un dieu et une pensée , celui-là a plus de chance de se connaître lui-même”.

De ce fait, c’est bel et bien l’autre, celui avec lequel nous dialoguons par exemple, qui nous permet un éveil à nous-mêmes.

La rencontre avec l’autre est donc une condition sine qua none à l’accès à une conscience réfléchie.

Cela peut également être vérifié par les différents cas d’enfants sauvages rencontrés au cours de l’histoire.

Souvent abandonnés dès leur plus jeune âge, ces nourrissons ont été recueillis par des animaux et ont su apprendre à évoluer. »