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Doit-on rejeter les apparences au nom de la vérité?

Publié le 10/04/2005

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b) L'illusion.A la limite les apparences sont le domaine de l'illusion. On pourra songer à n'importe quel exemple d'illusion d'optique ou aux mirages pour éclaircir ce point: le mirage est en effet l'apparence pure, à quoi ne correspond aucune réalité. L'apparence n'est plus alors apparence de rien et ne peut nous mener qu'à l'erreur. L'art de l'illusionniste est ainsi celui du sophiste, qui joue avec les apparences de la vérité par des raisonnements captieux, désireux de tromper le naïf ou l'ignorant.c) Apparence et science.L'apparence, objet de la sensation, ne peut être l'objet d'aucune science. La science, c'est précisément la connaissance en tant qu'elle s'oppose à l'opinion. L'opinion se contente de l'apparence sans chercher la vérité. La sensation, même si elle s'accorde par hasard à la vérité, ne se confond jamais avec elle parce qu'elle demeure dans le singulier, la science étant toujours science de l'universel.

« que la cire n'était pas ni cette douceur du miel, ni cette agréable odeur des fleurs, ni cette blancheur, ni cettefigure, ni ce son, mais seulement un corps qui un peu auparavant me paraissait sous ces formes, et qui maintenantse fait remarquer sous d'autres.

Mais qu'est-ce, précisément parlant, que j'imagine, lorsque je la conçois en cettesorte ? Considérons-le attentivement, et éloignant toutes les choses qui n'appartiennent point à la cire, voyons cequi reste.

Certes il ne demeure rien que quelque chose d'étendu, de flexible et de muable.

Or qu'est-ce que cela :flexible et muable ? N'est-ce pas que j'imagine que cette cire étant ronde est capable de devenir carrée, et depasser du carré en une figure triangulaire ? Non certes, ce n'est pas cela, puisque je la conçois capable de recevoirune infinité de semblables changements, et je ne saurais néanmoins parcourir cette infinité par mon imagination, etpar conséquent cette conception que j'ai de la cire ne s'accomplit pas par la faculté d'imaginer. Qu'est-ce maintenant que cette extension (1) ? N'est-elle pas aussi inconnue, puisque dans la cire qui se fond elleaugmente, et se trouve encore plus grande quand elle est entièrement fondue, et beaucoup plus encore quand lachaleur augmente davantage ? Et je ne concevrais pas clairement et selon la vérité ce que c'est que la cire, si je nepensais qu'elle est capable de recevoir plus de variétés selon l'extension, que je n'en ai jamais imaginé.

Il faut doncque je tombe d'accord, que je ne saurais pas même concevoir par l'imagination ce que c'est que cette cire, et qu'iln'y a que mon entendement seul qui le conçoive; je dis ce morceau de cire en particulier, car pour la cire engénéral, il est encore plus évident.

Or quelle est cette cire, qui ne peut être conçue que par l'entendement oul'esprit ? Certes c'est la même que je vois, que je touche, que j'imagine, et la même que je connaissais dès lecommencement.

Mais ce qui est à remarquer, sa perception, ou bien l'action par laquelle on l'aperçoit, n'est pointune vision, ni un attouchement, ni une imagination, et ne l'a jamais été, quoiqu'il le semblât ainsi auparavant, maisseulement une inspection de l'esprit, laquelle peut être imparfaite et confuse, comme elle était auparavant, ou bienclaire et distincte, comme elle est à présent, selon que mon attention se porte plus ou moins aux choses qui sont enelle, et dont elle est composée." (1) L'extension désigne la portion d'espace occupée par un corps. Méditations métaphysiques (1641), Méditation seconde, traduction du duc de Luynes revue par Descartes. II.

L'apparence comme matière de la connaissance. 1.

Connaissance et expérience.La connaissance débute cependant avec l'expérience, même si elle s'élève à l'universel.

La connaissance est eneffet cette tentative de dépasser la singularité du fait, tel qu'il est donné dans l'apparence, pour accéder àl'universel.

En ce sens, la connaissance a affaire aux apparences.

La vérité ne peut être une vérité qui néglige lesapparences, qui sont la seule matière sur laquelle la connaissance peut s'exercer. 2.

L'apparence est la manière dont les choses nous apparaissent.Les objets de la connaissance ne nous sont en effet donnés que pour autant qu'ils nous apparaissent.

Nous n'avonspas accès à une quelconque chose en soi mais seulement à des apparences avec lesquelles il nous faut composer.Nous ne savons en ce sens rien de ce que peut être la chose qui nous apparaît, mais seulement qu'elle nousapparaît et comment elle nous apparaît. 3.

Le phénomène comme matière de la connaissance.La distinction kantienne entre le phénomène et la chose en soi permet depenser l'apparence dans sa positivité : soumise aux formes a priori de lasensibilité (l'espace et le temps), les apparences ne nous apparaissent pasn'importe comment.

L'application des catégories de l'entendement auphénomène permet de faire de celui-ci un objet de science, et le seul objetpossible de science (la chose en soi est, par définition, inconnaissable). La raison peut atteindre, dans le réel, ce à quoi elle donne elle–mêmesa forme. «Nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-mêmes.» Kant, Critique de la raison pure (1789). • La «révolution copernicienne» opérée par Kant est la suivante: le réelconnaissable n'est pas indépendant de l'esprit, c'est l'esprit qui lui donne saforme.

Nous ne sommes pas passifs face au monde: c'est nous qui lui donnonsles formes sous lesquelles nous le connaissons. Dans la Critique de la Raison Pure, Kant compare sa méthode à celle deCopernic.

Le savant polonais mit enfin l'astronomie sur la voie de la sciencemoderne lorsqu'il plaça le soleil au centre de son astronomie et en délogea laTerre (héliocentrisme).

Kant compare le décentrement opéré par Copernic au sien propre: jusqu'alors, on a cherchéà résoudre le problème de la connaissance en faisant tourner le sujet autour de l'objet.

Décentrons l'objet, replaçonsau centre le sujet qui connaît et mettons l'objet connu à la périphérie.

Ainsi, affirme Kant, nous pourrons savoir enquoi la connaissance consiste au juste et quelles en sont les limites.. »

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