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Eduquer est-il naturel ?

Publié le 27/02/2008

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L'éducation apparaît comme une nécessité sociale. Elle adapte les hommes les uns autres, les faisant passer d'un état naturel à un état social. Mais, en outre, elle les adapte à eux-mêmes, les conduisant à leur liberté. En ce sens, il apparaît que la finalité de l'éducation serait de chasser le naturel pour rendre possible la socialité. Dans cette perspective, il suffirait alors de libérer l'homme de sa naturalité pour qu'il soit d'emblée auprès de lui-même. Néanmoins, une éducation qui se constituerait dans la négation de tout le naturel (l'inné) produirait des êtres d'habitudes, sans simplicité ni spontanéité. La bonne éducation consiste en réalité à faire avec naturel ce qui a été en réalité acquis. Faire passer pour naturel ce qui n'est que l'effet de l'artifice (l'homme bien éduqué prend par exemple la figure de Saint-Loup dans la Recherche du temps perdu de Proust : l'ami du narrateur se comporte en société comme s'il était littéralement naturellement social). Mais n'est-ce pas le contraire ? N'y a-t-il pas une éducation à la nature ? Introduire le naturel là où il n'est pas (exemple d'une mélodie : elle vient naturellement sur les lèvres de chacun mais elle est le produit d'un art rigoureux). Il n'y aurait alors éducation qu'en raison de l'absence de naturel de l'homme. L'homme est un être dépourvu d'instincts. L'éducation vient combler la béance de l'homme et de la nature. Le problème est donc le suivant : soit l'homme doit s'éduquer contre sa nature, soit l'éducation permet de remplacer la nature dont il est dépourvu, soit elle n'est que la dénaturation de l'homme.

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