En quoi l'art peut-il etre une image de la liberté des hommes ?
Publié le 30/08/2005
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l'universalité, on pourrait en dire de même de la reconnaissance de l'artiste : d'une partparce qu'elle n'est pas limitée par la nécessité d'un savoir préalable, et d'autre part parcequ'en reconnaissant un artiste comme tel le sujet prétend donner à son jugement uneextension universelle. · Le géni s'incarne donc directement dans l'œuvre, initialement matière sensible brute. Mais il est donc nécessaire de comprendre que plus profondément encore que cettemaîtrise de l'homme sur la nature (à la fois par la maîtrise de règles artistiques mais aussipar la créativité pure de l'artiste), ce qui s'incarne a fortiori dans la matière à travers l'art,c'est la liberté du sujet – c'est-à-dire aussi son humanité. · Dans le monde de la volonté, du désir et de la crainte, il n'y pas de paix pour Schopenhauer (Le monde comme volonté et comme représentation).
De là cette impressiond'horizontalité, qui vient que nous passons de désir en désir sans que rien ne changevraiment.
La seule chose qui, selon lui, permet d'échapper à cette relation incessante etépuisante fuite en avant, c'est l'émotion esthétique.
La relation à la beauté dans l'art faitbasculer d'un seul coup, explique-t-il, pour un moment seulement, dans une autredimension, verticale cette fois, celle de la transcendance.
La contemplation esthétique ace pouvoir, parce que, grâce à elle, celui qui en est capable sort du monde du vouloir pourentrer, momentanément, dans le monde de la représentation.
L'artiste se met à voir lemonde au lieu d'en être simplement.
En ce sens, c'est-à-dire dans la mesure où il nousoffre la possibilité d'une dimension verticale au monde, l'art est bien l'image d'une libertéfondamentale de l'homme qu'il s'agit alors de qualifier plus précisément. II- La liberté humaine incarnée dans l'art · La capacité, dans l'activité artistique à créer indépendamment ou en tout cas en s'affranchissant des règles élémentaires (ce qui distingue l'art de l'artisanat) est en fait letémoin d'une liberté humaine vive et forte qui vient directement s'imprimer dans la matièresensible qui devient alors une œuvre d'art. · Par l'art, c'est bien la liberté de l'homme – en ce qu'il est libre création – qui s'incarne dans une matière, qui prend vie, forme, corps, et plus encore sens.
Dans l'art, l'imaginationest libre création.
Elle transcende le donné brut initial pour en faire son propre témoin.
Cequi fait la spécificité de l'artiste et signe son talent, ce n'est pas son savoir-faire commehabileté technique, mais le talent qui procure à son œuvre beauté, puissance et originalité.On peut ainsi avec Kant voir dans le génie le véritable critère de reconnaissance del'artiste.
Le génie est un talent inné qui fait de l'artiste un « favori de la nature » : l'artisteest capable de produire de la beauté, grâce à la capacité originale d'invention de sonimagination dans son libre jeu avec l'entendement.
Il se distingue de l'artisan ou dutechnicien par sa capacité non pas à mettre en œuvre, plus ou moins habilement, une règlede production, mais à inventer la règle qui préside à la constitution de son œuvre. · On comprend alors en ce sens que le géni de l'artiste s'incarne directement dans l'œuvre d'art, et avec lui cette puissance créatrice de l'imagination qui est le témoinvéritable d'une liberté humaine, c'est-à-dire d'une capacité essentielle qu'à l'homme depouvoir non seulement s'affranchir de la nature, mais encore de la dépasser. · Dans cette perspective, il est nécessaire de noter la distinction kantienne qui existe entre beauté libre d'une part, et beauté adhérente, d'autre part (Critique de la faculté dejuger, §1).
En effet, Kant appelle beauté libre celle qui n'est astreinte à aucune fonction extérieure au beau lui-même ou, pour parler plus simplement, celle qui ne sert à rien ; parcontraste avec ce qu'il appelle beauté adhérente, c'est-à-dire les objets dont la beautéest soumise à d'autres critères que le jugement esthétique.
Il n'y a pas lieu de considérerl'une comme supérieure à l'autre.
Si la beauté inutile est plus « pure », parce qu'elle estbelle et rien d'autre, la beauté liée à l'utile enrichit la vie quotidienne.
Il semble bien quedepuis des temps très anciens, les hommes des diverses civilisations aient cherché àembellir les outils et les armes.
Embellissement purement gratuit, c'est-à-dire inutilepuisque, encore une fois, le propre du beau, dans sa pureté, est de ne servir à rien. · Par l'art, la matière sensible prend vie en ce qu'elle incarne la liberté humaine – dont l'aboutissement esthétique est le géni créateur – et vaut donc, comme beauté libre, enelle-même et pour elle-même.
Il est donc nécessaire, à présent, de comprendre qu'une tellefin en soi de l'œuvre d'art l'emporte dans un tout autre monde de significations. III. Une vérité de l'art : le donné sensible transcendé comme figurative d'une liberté fondamentale de l'homme · L'art n'a donc rien de superficiel, ni d'illusoire.
Si le but de l'art n'était que d'imiter, alors la critique formuler par Platon dans la République serait fondée : le peintre et le poète ne sont que des illusionnistes et leur « art » ne sert qu'à tromper en ce qu'il détourne de laréalité et du savoir.
Mais chacun admettra aujourd'hui qu'imiter n'est pas le but de l'art : neserait-ce que parce que, lorsqu'il se borne à la reproduction, l'art ne peut rivaliser avec lanature ; il ressemble alors à « un ver faisant des efforts pour égaler un éléphant »(Intentions, « le déclin du mensonge »).
Oscar Wilde va même jusqu'à soutenir que c'est.
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