Devoir de Philosophie

En quoi l'art peut-il etre une image de la liberté des hommes ?

Publié le 30/08/2005

Extrait du document

Analyse du sujet   -          L'art est une activité productrice humaine très particulière car, contrairement à ce qui se passe dans les autres formes d'activités, le but n'est pas la transformation utilitaire de la matière en vue d'une survie ou d'une amélioration des conditions matérielles de la vie humaine, mais le plaisir esthétique. -          L'émotion que produit la beauté ainsi que la fascination que produit l'art sur les hommes ont pourtant un point commun - au moins : elle signent une relation unique de l'homme à une émotion et à un plaisir contemplatif qui lui permettent de sortir de la dimension horizontale dans laquelle il se trouve ordinairement. Elles le convient à entrer dans une dimension mystérieuse. Cette dimension n'est pourtant pas la même exactement, c'est celle de la transcendance et du sacré pour la beauté, celle de la subjectivité pour l'art. -          L'homme qui entre en contact avec l'émotion esthétique échappe aux fascinations ordinaires de la vie humaine pour se réveiller à une vie intérieure. Cela signifie que la beauté et l'art rappellent, chacun à leur manière, l'homme à son âme. Le contact avec la beauté et l'importance de l'art chez l'homme imposent, semble-t-il, une conception de l'homme où il y a de la place pour la transcendance. -          On outre, remarquons que cette relation à la beauté et à l'art est, en réalité, spécifique à l'homme : seul l'homme, en effet, peut vivre une émotion esthétique, et c'est bien parce que celui-ci a accès à une transcendance. Lui seul peut éprouver cette émotion mystérieuse, qui à la fois échappe aux sollicitations ordinaires de la vie et qui conduit l'homme hors de leur sphère d'action. L'animal, lui, est incapable de connaître une émotion esthétique, et s'il devait contempler quelque chose, ce ne pourrait être qu'en relation direct avec les fonctions biologiques de son organisme. Cela tient au fait que l'animal est, contrairement à l'homme, entièrement fait pour survivre ; et il n'y a en lui aucune place pour quelque chose de gratuit ® Le petit chien de M. Bergeret, évoqué par Anatole France dans un mot d'esprit ne regardait jamais le bleu du ciel...incomestible. Effectivement, la beauté du ciel n'est pas accessible à l'animal précisément parce qu'en lui tout est intéressé. -          Si l'homme seul peut éprouver une émotion esthétique, cette émotion est par ailleurs universelle, au sens où elle est vécue par tous les hommes et cela même dans l'état le plus primaire de leur développement ® Rappelons que l'enfant sauvage décrit par Jean Itard était capable de contemplation esthétique devant la lune le soir ou devant le miroitement de l'eau (in Mémoire et rapport sur Victor de l'Aveyron, Les enfants sauvages.) Toutes les cultures possèdent leurs artistes, toutes les cultures ont engendré des expressions artistiques. -          L'art est donc en fait à la fois éminemment culturel, au sens où chaque culture a ses propres expressions artistiques, et en même temps, c'est une expression de l'essence de l'homme. Il est, avec l'aptitude à l'émotion esthétique, la marque de l'humanité en l'homme, au même titre que le langage et le fait religieux. Une partie de ce qu'il y a de plus humain en l'homme se joue donc là. -          Comprenons dans cette perspective que ce qu'il s'agit de définir c'est précisément le statut et le rôle de l'art en tant qu'on le pense comme une image de la liberté des hommes. Nous serons donc amener à nous demander si l'art n'est qu'une image de la liberté ou bien s'il n'est pas plus. C'est donc bien le statut de l'art qui est ici mis à la question à travers la question de la liberté humaine. Problématique               De quelle liberté l'art est-il le témoin privilégié ? Peut-on effectivement définir l'art comme ce qui donne à voir, ce qui figure la liberté dont est capable l'homme ? Autrement dit, dans quelle mesure et dans quelle perspective est-il légitime d'affirmer que l'art est le témoin privilégié d'une relation purement humaine au monde, c'est-à-dire d'une relation capable de transcender le déterminisme naturel premier ? C'est donc bien le statut de l'art qui est ici en jeu.

« l'universalité, on pourrait en dire de même de la reconnaissance de l'artiste : d'une partparce qu'elle n'est pas limitée par la nécessité d'un savoir préalable, et d'autre part parcequ'en reconnaissant un artiste comme tel le sujet prétend donner à son jugement uneextension universelle. · Le géni s'incarne donc directement dans l'œuvre, initialement matière sensible brute. Mais il est donc nécessaire de comprendre que plus profondément encore que cettemaîtrise de l'homme sur la nature (à la fois par la maîtrise de règles artistiques mais aussipar la créativité pure de l'artiste), ce qui s'incarne a fortiori dans la matière à travers l'art,c'est la liberté du sujet – c'est-à-dire aussi son humanité. · Dans le monde de la volonté, du désir et de la crainte, il n'y pas de paix pour Schopenhauer (Le monde comme volonté et comme représentation).

De là cette impressiond'horizontalité, qui vient que nous passons de désir en désir sans que rien ne changevraiment.

La seule chose qui, selon lui, permet d'échapper à cette relation incessante etépuisante fuite en avant, c'est l'émotion esthétique.

La relation à la beauté dans l'art faitbasculer d'un seul coup, explique-t-il, pour un moment seulement, dans une autredimension, verticale cette fois, celle de la transcendance.

La contemplation esthétique ace pouvoir, parce que, grâce à elle, celui qui en est capable sort du monde du vouloir pourentrer, momentanément, dans le monde de la représentation.

L'artiste se met à voir lemonde au lieu d'en être simplement.

En ce sens, c'est-à-dire dans la mesure où il nousoffre la possibilité d'une dimension verticale au monde, l'art est bien l'image d'une libertéfondamentale de l'homme qu'il s'agit alors de qualifier plus précisément. II- La liberté humaine incarnée dans l'art · La capacité, dans l'activité artistique à créer indépendamment ou en tout cas en s'affranchissant des règles élémentaires (ce qui distingue l'art de l'artisanat) est en fait letémoin d'une liberté humaine vive et forte qui vient directement s'imprimer dans la matièresensible qui devient alors une œuvre d'art. · Par l'art, c'est bien la liberté de l'homme – en ce qu'il est libre création – qui s'incarne dans une matière, qui prend vie, forme, corps, et plus encore sens.

Dans l'art, l'imaginationest libre création.

Elle transcende le donné brut initial pour en faire son propre témoin.

Cequi fait la spécificité de l'artiste et signe son talent, ce n'est pas son savoir-faire commehabileté technique, mais le talent qui procure à son œuvre beauté, puissance et originalité.On peut ainsi avec Kant voir dans le génie le véritable critère de reconnaissance del'artiste.

Le génie est un talent inné qui fait de l'artiste un « favori de la nature » : l'artisteest capable de produire de la beauté, grâce à la capacité originale d'invention de sonimagination dans son libre jeu avec l'entendement.

Il se distingue de l'artisan ou dutechnicien par sa capacité non pas à mettre en œuvre, plus ou moins habilement, une règlede production, mais à inventer la règle qui préside à la constitution de son œuvre. · On comprend alors en ce sens que le géni de l'artiste s'incarne directement dans l'œuvre d'art, et avec lui cette puissance créatrice de l'imagination qui est le témoinvéritable d'une liberté humaine, c'est-à-dire d'une capacité essentielle qu'à l'homme depouvoir non seulement s'affranchir de la nature, mais encore de la dépasser. · Dans cette perspective, il est nécessaire de noter la distinction kantienne qui existe entre beauté libre d'une part, et beauté adhérente, d'autre part (Critique de la faculté dejuger, §1).

En effet, Kant appelle beauté libre celle qui n'est astreinte à aucune fonction extérieure au beau lui-même ou, pour parler plus simplement, celle qui ne sert à rien ; parcontraste avec ce qu'il appelle beauté adhérente, c'est-à-dire les objets dont la beautéest soumise à d'autres critères que le jugement esthétique.

Il n'y a pas lieu de considérerl'une comme supérieure à l'autre.

Si la beauté inutile est plus « pure », parce qu'elle estbelle et rien d'autre, la beauté liée à l'utile enrichit la vie quotidienne.

Il semble bien quedepuis des temps très anciens, les hommes des diverses civilisations aient cherché àembellir les outils et les armes.

Embellissement purement gratuit, c'est-à-dire inutilepuisque, encore une fois, le propre du beau, dans sa pureté, est de ne servir à rien. · Par l'art, la matière sensible prend vie en ce qu'elle incarne la liberté humaine – dont l'aboutissement esthétique est le géni créateur – et vaut donc, comme beauté libre, enelle-même et pour elle-même.

Il est donc nécessaire, à présent, de comprendre qu'une tellefin en soi de l'œuvre d'art l'emporte dans un tout autre monde de significations. III. Une vérité de l'art : le donné sensible transcendé comme figurative d'une liberté fondamentale de l'homme · L'art n'a donc rien de superficiel, ni d'illusoire.

Si le but de l'art n'était que d'imiter, alors la critique formuler par Platon dans la République serait fondée : le peintre et le poète ne sont que des illusionnistes et leur « art » ne sert qu'à tromper en ce qu'il détourne de laréalité et du savoir.

Mais chacun admettra aujourd'hui qu'imiter n'est pas le but de l'art : neserait-ce que parce que, lorsqu'il se borne à la reproduction, l'art ne peut rivaliser avec lanature ; il ressemble alors à « un ver faisant des efforts pour égaler un éléphant »(Intentions, « le déclin du mensonge »).

Oscar Wilde va même jusqu'à soutenir que c'est. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles