Devoir de Philosophie

En quoi le concept d'erreur permet-il de mieux comprendre la faute?

Publié le 27/03/2005

Extrait du document

erreur
En effet, nous désirons être heureux dit Socrate à Menon ; or, si l'on savait que le mal commis n'est pas un bien mais au contraire ce qui nous rendra malheureux, comment pourrions-nous le vouloir ? Parce que 'lon ne peut pas vouloir être malheureux, on ne peut vouloir être mauvais et c'est cela dont rend raison le concept d'erreur : le mal commis résulte d'une méprise, d'un défaut de connaissance du vrai bien.     Transition : ·         Mais en quoi est-ce encore une faute si celui qui la commet s'est simplement trompé sur la nature du bien ? ·         Difficulté : la culpabilité n'est pas nécessairement comprise dans le concept d'erreur alors qu'elle caractérise la faute.     2-      Le concept d'erreur permet de comprendre ce que la faute comporte de négligence   Pour Aristote, l'erreur doit être évaluée en fonction des circonstances : dans certains cas, il nous appartient de ne pas nous tromper. Il existe donc une erreur coupable et c'est celle-ci qui caractérise la faute. Il peut y avoir, pour Aristote, une ignorance coupable, c'est-à-dire une ignorance due à de la négligence. Là où nous pouvons savoir, nous devons savoir. C'est donc manquer à un devoir que de ne pas éclairer son jugement quand cela est en notre pouvoir compte-tenu des circonstances. Et ce sont ces mêmes circonstances qui feront que, a contrario, l'ignorance peut être innocentée : savoir n'est en certains cas pas en mon pouvoir (exemple : Oedipe).

 

Remarques sur l’intitulé du sujet :

·         Il est question de « mieux comprendre « quelque chose, c’est-à-dire d’augmenter l’intelligibilité d’un phénomène (qui est ici = la faute, c’est-à-dire une action contraire à la morale). D’où le présupposé : comme telle, la faute n’est pas parfaitement compréhensible, c’est-à-dire qu’on ne parvient pas à en rendre raison) → = présupposé du sujet)

·         La faute pose donc un certains nombres de difficultés qu’il faudra soigneusement expliciter afin de voir comment le concept d’erreur peut, dans une certaine mesure, les résoudre.

·         Ainsi, il faudra donc définir avec précision ce qu’est l’erreur et en quoi il se distingue de la faute (en effet, la dualité doit être maintenue : il s’agit de prendre un concept pour en éclairer un autre et non de les identifier)

·         Toute la difficulté tient donc à ce que la faute est du registre de l’agir moral et l’erreur de l’ordre du connaître. Faute consiste à aller à l’encontre de ce qui est juste ou bien, elle est contraire au devoir ou à l’obligation ; l’erreur consiste à se méprendre sur ce qui est vrai (se tromper = tenir pour vrai ce qui est faux et inversement)

·         Du coup, la question consiste à articuler cognitif et éthique, théoria et praxis, et à déterminer ce que cette articulation a de pertinent et de fécond pour le but proposé (mieux comprendre la faute) Comment ?

·         Méthode : aller du simple, plus évident au complexe.

Problématique :

« Nul n’est méchant volontairement « disait Socrate. Par là, il voulait souligner que la faute relève bien souvent d’une erreur ; ce faisant, il tendait à faire de celui qui a mal agit, quelqu’un qui a d’abord mal pensé. L’intérêt de ce rapprochement consiste à rendre intelligible la faute. En effet, pourquoi pourrions-nous mal agir en connaissant ce que nous devons-faire ? Toutefois, le concept d’erreur peut-il être mobilisé dans le seul but de déculpabiliser le fautif ?

 

erreur

« laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer .

» Socrate pense, lui, que l'accès au bonheur, au Bien, « cela veut dire être raisonnable, se dominer, commander aux plaisirs et aux passions qui résident en soi-même ». Pour tenter de réfuter Calliclès , Socrate lui montrera que son idéal de mode de vie ressemble bien à une « passoire ».

L'intempérance consiste à accumuler des plaisirs qui n'ont aucune consistance, à ne pas savoir se mesurer, se satisfaire, mais au contraire à être habité par des désirs tels que pour les combler il faut « s'infliger les plus dures peines ».

L'erreur fondamentale de Calliclès est de confondre l'agréable et le bon, de confondre la démesure des désirs déréglés et irrationnels avec l'équilibre de la satisfaction véritable.C'est que l'injustice est une maladie de l'âme, et plus précisément encore la subversion d'un ordre.

Le magnifiquemythe de l'attelage ailé dans le « Phèdre » décrit d'une façon imagée ce qu'est l'âme.

Elle est comparée à un attelage composé d'un cocher et de deux chevaux.

L'un est blanc, docile, l'autre est noir, à les oreilles poilues et semontre sourd aux injonctions du cocher ; il menace ainsi l'équilibre de l'attelage.

Il y a donnc trois instance dansl'âme.

Le cocher figure la raison, qui a pour tâche de diriger.

Le « cheval blanc » représente le siège de l'honneur, de la colère.

Le « cheval noir » symbolise l'âme concupiscible, siège des désirs, et plus précisément des désirs liés au corps.

Or ces désirs ont pour caractéristiques d'être multiples, tyranniques, de ne rien respecter ( Platon anticipe dans certaines descriptions sur tous les cas cliniques décrits par Freud ). Or, la justice consiste d'abord dans le respect de la hiérarchie naturelle des trois instances, qui doivent s'ordonnersous la conduite de la raison.

Se dominer, être maître de soi, tenir en bride le « cheval noir », c'est faire régner l'ordre.

L'injustice consiste au contraire dans la subversion de cet ordre, dans la prédominance que l'on accorde àl'âme concupiscible.

C'est une maladie, une perversion, qui remet en cause la totalité de l'individu.

Dans cettetyrannie du supérieur par l'inférieur, l'homme devient esclave des désirs sans frein ; c'est pourquoi il estnécessairement malheureux.

Il devient incapable de jugement, d'honneur, et, au lieu d'être maître de soi, il estsoumis à ce qu'il y a de plus bestial en lui.Céder aux passions, au désir, rêver d'être tyran est donc en fait rêver d'être impuissant, confondre ce qui estagréable avec ce qui est bon.

Nul ne peut être véritablement maître des autres sans être d'abord maître de soi.

Leprojet d'hommes comme Calliclès est contradictoire : on ne peut à la fois être soumis à ses propres désirs et libre, être maître et serviteur.Le « Grogias » filait la métaphore des deux tonneaux.

L'homme maître de lui-même, ordonné, est celui qui sait combler ses désirs sans leur céder, accorder au corps ce qu'il faut.

L'homme tyrannique poursuit sans trêve desplaisirs nouveaux, comme on verse du liquide dans un tonneau ; mais ce que ne sait pas cet être de la démesure,ce qu'il ne veut pas voir, c'est que sa conduite déréglée en fait un « tonneau percé ».

Il peut sans fin accumuler lesplaisirs : il ne sera jamais comblé, et s'épuisera en pure perte.Le dérèglement est donc d'abord une faute de jugement : c'est une incompréhension de ce qu'est le bien véritable,une confusion entre bon & agréable.

Ainsi, il est clair que « Nul n'est méchant volontairement ».

Eclairer les intelligences, c'est ipso facto redresser les conduites.

Mais puisque l'injustice est une maladie de l'âme, une perversion de l'ordre, alors la punition est leremède approprié.

Le châtiment est conçu par Platon comme analogue du médicament.

On accepte la souffrance physique pour se soigner, pour réparer un mal, parce qu'on sait que le traitement enduré est finalement bénéfique.

Ildoit en aller de même pour l'âme : la souffrance endurée, là encore, doit être comprise comme nécessaire au rétablissement d'un équilibre que l'injustice avait compromis.

C'est pourquoi, aussi paradoxale que paraisse la thèse,« il est pire de ne pas être puni que de l'être ».

L'homme injuste impuni est semblable au malade abandonné à son sort.Platon inaugure la grande tradition de l'ascétisme.

En un sens, toute notre morale est restée imprégnée des thèses platoniciennes, et il n'y a guère que Nietzsche pour avoir reconnu en Calliclès un modèle. Transition : · Mais en quoi est-ce encore une faute si celui qui la commet s'est simplement trompé sur la nature du bien ? · Difficulté : la culpabilité n'est pas nécessairement comprise dans le concept d'erreur alors qu'elle caractérise la faute. 2- LE CONCEPT D 'ERREUR PERMET DE COMPRENDRE CE QUE LA FAUTE COMPORTE DE NÉGLIGENCE. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles