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Est-ce que j'occupe la meilleure place pour savoir qui je suis ?

Publié le 22/02/2012

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On dit souvent qu'on sait mieux que quiconque les décisions qu'on a à prendre parce qu'on est le mieux à même de juger de ses choix et de ses capacités. En même temps, il arrive fréquemment qu'un proche me donne des conseils arguant du fuit que, me connaissant bien, il sait mieux que moi-même ce qui est bon pour moi. Ainsi ne dit-on pas couramment qu'il est bien plus facile de voir la paille dans l'oeil de son voisin que la poutre qui se trouve. dans le sien! Qui est alors le mieux à même de connaître une personne ? Est-ce que j'occupe la meilleure place pour savoir qui je suis ? Socrate considérait la connaissance de soi comme la condition première de tout savoir ultérieur, mais comment se connaître soi-même? La proximité à soi représente-t-elle une condition favorable à la connaissance de soi, ou bien un obstacle, source de déformation ? Le recours à autrui n'est-il pas un moyen de mieux se connaître ?

« En effet, l'idée que je me fais de moi-même peut être déformée, par manque de distance et de recul par rapport àsoi-même.

Cette déformation peut m'apparaître dans l'écart entre le regard que je porte sur moi et celui que monsemblable porte sur moi.

La prise de conscience de cette divergence peut m'interroger sur le bien-fondé et lajustesse de mon jugement.

Le regard de l'autre peut alors jouer le rôle d'un miroir qui refléterait mon aveuglement,ma complaisance et qui introduirait la distance indispensable à toute observation.Autrui est aussi mon alter ego, c'est-à-dire ton autre moi, un semblable, un sujet par l'intermédiaire duquel je prendsconscience que je suis et de ce que je suis.

Il est donc le médiateur entre moi et moi-même, le témoin de ma réalitéet de mon identité (Cf.

Vendredi et les limbes du Pacifique, M.

Tournier), celui qui me permet de me penser et mesaisir comme un sujet, identique à lui-même et unique malgré les changements dans l'espace et le temps.

L'autre mepermet de me connaitre parce qu'il me reconnaît.

Ainsi Sartre écrit -il: « Autrui me regarde et comme tel, il détientle secret de mon être; il sait ce que je suis; ainsi le plus profond de mon être est hors de moi ».

Pour cet auteur, cen'est donc pas en rentrant à l'intérieur de soi-même que l'on se découvre, mais c'est au contraire en s'ouvrant àl'extérieur de soi, en se jetant au-dehors, car la conscience et la connaissance de soi ne sont possibles que dans unmouvement vers ce qui n'est pas soi, et une distanciation.

« Toute conscience est conscience de quelque chose »écrivait Husserl pour souligner l'intentionnalité de la conscience, c'est-à-dire que par nature la conscience est unevisée, l'acte de la pensée qui consiste à mettre à distance et qui suppose donc une relation, un écart.

Orl'introspection est au contraire l'absence de distance qui conduit alors pour Sartre à l'anéantissement de laconscience elle même et par conséquent de toute connaissance.Enfin la psychanalyse est cette pratique qui permet à l'individu de se découvrir et d'éclairer, grâce à J'écoute et à lacompétence du thérapeute, son histoire.

La cure analytique peut apparaître comme un moyen de reconstituer lepuzzle de son existence, et de mettre à jour des mécanismes inconscients dont la découverte permet à l'individusinon de se connaître entièrement, de alleux se comprendre.

Si la résistance liée au refoulement ne peut se vaincreseul, il n'en reste pas moins que le patient participe activement à la recherche de lui-même, le thérapeute jouant lerôle d'écoutant et de « reflétant » au sens où il est pour l'individu un révélateur. On peut donc conclure que si le sujet ne peut pas se connaître sans lui et qu'il occupe par conséquent une bonneet nécessaire position pour savoir qui et ce qu'il est, cette position n'est pas suffisante.

On a vu en effet que laconnaissance pouvait devenir méconnaissance en raison d'une part de la complexité de la nature humaine et d'autrepart d'un excès de proximité qui peut aveugler et déformer la vision qu'on a de soi-même.

La médiation de l'autre estapparue comme un élément constitutif d'une juste connaissance de soi, car elle nous permet de compenser lasubjectivité de notre regard.

de nous reconnaître et de nous aventurer dans les profondeurs de notre inconscient Sujet désiré en échange : Être juste est-ce traiter tout le monde de la même façon?. »

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