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Existe-t-il des cultures supérieures aux autres ?

Publié le 10/09/2005

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Sur quel idéal puis je me baser pour noter la valeur d'une culture? Plan I  Chaque culture est un mode d'expression unique A- Il ne peut y avoir de supériorité d'une culture sur une autre, car elles sont toutes des expressions authentiques d'une même humanité ; elles sont toutes des variations sur un thème commun qui est la culture humaine c'est à dire cette faculté universelle et spécifique qu'à l'homme de penser la nature pour pouvoir agir sur elle afin d'organiser sa vie sociale. Lévi Strauss « Habitudes de sauvages», «cela n'est pas de chez nous», etc. Autant de réactions grossières qui traduisent ce même frisson, cette même répulsion en présence de manières de vivre, de croire ou de penser qui nous sont étrangères. Ainsi l'Antiquité confondait-elle tout ce qui ne participait pas de la culture grecque (puis gréco-romaine) sous le même nom de barbare ; la civilisation occidentale a ensuite utilisé le terme de sauvage dans le même sens. Or, derrière ces épithètes se dissimule un même jugement : il est probable que le mot barbare se réfère étymologiquement à la confusion et à l'inarticulation du chant des oiseaux, opposées à la valeur signifiante du langage humain ; et sauvage, qui veut dire «de la forêt», évoque aussi un genre de vie animale par opposition à la culture humaine. Dans les deux cas, on refuse d'admettre le fait même de la diversité culturelle; on préfère rejeter hors de la culture, dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous laquelle on vit. » B- La question de la pluralité des cultures et des différences considérables de développement entre les cultures nous poussent à nous interroger sur les degrés de supériorité entre elles. KANTLes plus grands maux qui accablent les peuples civilisés nous sont amenés par la guerre, et vrai dire non pas tant par celle qui réellement a lieu ou a eu lieu, que par les préparatifs incessants et même régulièrement accrus en vue d'une guerre à venir. C'est à cela que l'État gaspille toutes ses forces, tous les fruits de la culture qui pourraient être utilisés à augmenter encore celle-ci ; on porte en bien des endroits un grave préjudice la liberté, et les attentions maternelles de l'État pour des membres pris individuellement se changent en exigences d'une dureté impitoyable, légitimées toutefois par la crainte d'un danger extérieur.

S’il y a des cultures supérieures aux autres cela implique que quelqu’un puisse en juger, or, personne n’est à même de juger les autres cultures tout comme sa propre culture. Car la culture étant intrinsèque à l’être même, il n’est pas possible d’être un juge équitable ni même objectif. Il paraît presque évident que chacun voit les autres peuples en les comparant implicitement au sien, comme si notre propre culture était un critérium pour juger celle des autres. Ainsi la question posée renvoie parallèlement à la notion de jugement et nous conduit vers une autre interrogation : dans quel but pourrait-on vouloir juger les autres cultures ?

« technique, l'homme conquiert le monde en obtenant deux grands avantages : d'une part le savoir technique permetla construction de machines qui travaillent à sa place et ainsi épargnent sa peine, d'autre part l'obtention pourchacun individu de la conservation la plus longue possible de sa vie grâce à la santé.

C'est grâce à la plus grandeénergie technique mobilisable que la vie peut être plus ou moins prolongée.

Or face à ce critère technique, nousvoyons que les cultures ne sont pas toutes au même niveau. _ La culture occidentale semblerait surpasser toutes les autres dans la mesure où elle aurait développé de manièreinégalée le progrès technique.

Le progrès désigne la cumulation de profits au cours du temps.

Or si à l'instar dePascal dans sa préface au traité du vide , l'on se représente l'humanité comme un seul homme, grandissant de l'enfance vers l'âge adulte, en traversant l'adolescence, il semble que les cultures dépourvues de réel progrèstechnique sont des enfants de l'humanité tandis que la société occidentale aurait cumulé inventions et progrès ence domaine. Cependant cette conception hiérarchique des cultures humaines a pour conséquence inacceptable la dévaluationde certaines cultures par rapport à d'autres.

Quelle légitimité aurait cette conception hiérarchique si au lieu des'appuyer sur des donnés objectives, elle se réduisait à un préjugé anthropocentrique ? II Illégitimité de la hiérarchie entre les cultures humaines _ Cette conception hiérarchique des cultures humines fondées sur le progrès technique a pour corollaire detransposer la racisme du biologique au culturel.

En effet le critère du progrès technique dévalue certaines culturespar rapport à d'autres.

Or si c'est par la culture que l'homme est un homme, cela implique que certaines culturessont moins humaines que d'autres.

C'est que laissent supposer l'appellation de barbares ou de sauvages.

Lesauvage désignerait un homme qui ne s'est pas encore dépris de la nature tandis que le barbare est celui dont lelangage est inintelligible.

Bref le sauvage et le barbare constituent deux figures d'une humanité encore pris dans esfilets de la bestialité.

Or le concept de barbarie peut être invalidée comme une notion ne se référant à aucuneréalité .

C'est ce que montre Montaigne dans ses Essais I, XXX : chacun appelle barbare ce qui n'est pas de son usage ».

Ainsi la barbarie se réduit à la prétention illégitime d'une culture particulière à universaliser sa propresingularité pour constituer une loi d'essence de la nature humaine.

Pourtant écrit Montaigne en II, 12 : « il n'y a pasd'homme, il n'y a que des hommes ». _ De même qu'il n'y a que des hommes, il n'y a qu'une pluralité de cultures particulières.

Or la prétention de laculture occidentale à juger d'autres cultures comme moins évoluées à partir du critère du progrès technique doitelle-même être référée à un point de vue particulier.

En effet l'évaluation qui fonde le système hiérarchique entre lescultures n'est pas neutre, il provient lui-même d'un système de valeurs inhérente à une culture particulière.

Orlorsque l'homme occidental juge d'autres cultures archaïques ou primitives à cause de leur faible développementtechnique, il est victime d'une illusion ethnocentrique. _L'illusion ethnocentrique consiste à juger la valeur d'une culture avec un système d'évaluation inhérent à une autreculture : en croyant parler de l'autre, nous ne parlons de de nous-mêmes.

Ainsi comme le souligne Levi-Strauss dansRace et histoire : « nous nous déplaçons littéralement avec ce système de références t les réalités culturelles du dehors ne nous sont observables qu'à travers des déformations qu'il leur impose quand il ne va pas jusqu'à nousmettre dans l'impossibilité d'en apercevoir quoi que ce soit ».

Ainsi l'homme occidental obsédé par le progrèstechnique ne se rend pa compte que les eskimos pourraient le juger inférieur si le critère de la hiérarchie était ledegré d'aptitude à triompher des milieux géographiques les plus hostiles ».

Par conséquent si chaque critèred'évaluation est relatif à chaque système de valeurs qu'est chaque culture particulière pour elle-même, il devientillégitime de hiérarchiser les cultures humaines. Conclusion Il est absolument illégitime de hiérarchiser les cultures humaines.

En effet chaque culture a son propre système devaleurs.

C'est seulement en se rapportant à ce système de valeurs que l'on peut évaluer cette culture et non pasen se donnant un critère hiérarchique.

En effet ce critère hiérarchique sera nécessairement le résultat d'une cultureparticulière que l'individu évaluant aura tendance à considérer comme supérieure aux autres.

Par conséquent toutetentative de hiérarchiser les cultures procède d'un préjugé ethnocentrique dont il convient de se déprendre pours'ouvrir à la diversité et l'originalité de chaque culture elle-même.

La diversité des cultures est une donnéeirréductible et aucune culture n'est plus cultivée qu'une autre puisque tous les hommes se tient dans un écartégalement infranchissable face à la nature.. »

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