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Il y a-t-il des cultures supérieures aux autres ?

Publié le 26/11/2013

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Y A -T-IL DES CULTURES SUPERIEURES A D'AUTRES ? Brève analyse de la question : Le sujet amène à questionner l'idée d'une hiérarchie de valeur entre les cultures (« culture » au pluriel : sens 4). D'un côté, on aurait tendance à répondre négativement, au nom des valeurs d'égalité et de tolérance (respect de la différence) : « non, car toutes les cultures se valent ». D'un autre côté, on a du mal à ne pas envisager l'histoire des hommes en termes de progrès : médical, scientifique, politique (démocratie)? et à s'abstenir de juger la valeur des cultures contemporaines de la nôtre en fonction de ce progrès (acquis la démocratie ? droits des femmes ? travail des enfants?). On se trouve face à un dilemme, qui renvoie au paradoxe inclus dans la question : parler de « cultures » et non de « la » culture implique la reconnaissance de la diversité culturelle, et donc de la relativité des systèmes de valeurs : chaque culture a ses propres normes. Or s'interroger sur la supériorité de certaines cultures, c'est chercher à évaluer, ce qui supposerait un étalon de mesure commun, universel, absolu. Distinctions conceptuelles à utiliser : a)relatif/absolu (premier sens) : Relatif : ce qui ne se suffit pas à soi-même, dépend d'autre chose que soi pour exister, être vrai? « c'est relatif » : ça dépend du point de vue où on se place, ce n'est pas vrai en soi. Ex : « Il fait chaud ». Absolu : étymologiquement = détaché de. Dans un premier sens, opposé à relatif : ce qui suffit à soi-même, ce qui ne dépend que de soi pour exister ou être vrai. b)particulier/ universel universel : ce qui vaut pour tous les hommes. Exemple de proposition universelle : « tous les hommes sont mortels ». A distinguer de « général » : qui s'applique à plusieurs, voire à la majorité. particulier : ce qui ne vaut que pour un individu ou une classe restreinte d'individus. Exemple de proposition particulière : quelques hommes sont grands. s'il y a autant de référentiels que de cultures, il devient impossible et illégitime de les hiérarchiser. C'est la thèse du relativisme culturel (cf. II/), qui s'oppose à l'idée de valeurs absolues à partir desquelles on pourrait juger des cultures. Quels sont les enjeux d'une telle question ? S'il semble séduisant par son idéal de tolérance, de respect des différences, le relativisme abrite certaines difficultés : Il interdit de juger quelque pratique que ce soit, y compris dans sa propre société. Cf. Lévi-Strauss : non seulement on ne peut rien répudier d'une autre culture (lapidation en iran, excision?), mais on ne peut pas non plus critiquer ce qui se fait dans son propre pays. Idéal de tolérance ne risque-t-il pas mène-t-il qu'à l'indifférence au sort des autres hommes ? Il fait des cultures des unités closes sur elles-mêmes, qui ne pourraient communiquer entre elles, rien mettre en commun sous peine de perdre leur identité. Peut-on renoncer à l'idée d'une communauté de destin ? à l'idée d'humanité ? Plan du cours : I/ Critique de l'éthnocentrisme II/ Intérêt et limite du relativisme III/ Peut-on sauver l'universalisme ? I/ Critique de l'ethnocentrisme "Le barbare, c'est celui qui croit à la barbarie." Objectif de cette partie : approfondir et fonder réponse négative de l'opinion commune (« non, toutes les cultures se valent » : relativisme courant, peut-être basé sur bons sentiments et conditionné par éducation à la tolérance). D'autant plus nécessaire, que réponse contredite par autre tendance profondément ancrée en nous, l'ethnocentrisme, qui risque de la rendre fragile. Cf. Race et Histoire de Claude Lévi-Strauss 1)L'ethnocentrisme ordinaire Lévi-Strauss procède à une critique de l'ethnocentrisme (et derrière cela, de l' « européanocentrisme » des européens) et nous invite à le dépasser. En réalité, il s'agit surtout d'éviter la tentation de hiérarchiser les cultures, ce qui s'exprime à travers l'équation ethnocentriste dangereuse : différent = inférieur (ce qui nous fait souvent considérer par exemple les cultures orales- différentes de la nôtre- comme « arriérées » ou « archaïques »). Ethnocentrisme : c'est l'attitude, spontanément ancrée en nous, qui consiste à prendre sa propre culture pour point de référence de la culture en général (je fais de ma culture particulière le modèle de toute culture). Cette attitude fait obstacle à la reconnaissance et la compréhension des autres hommes. Il comporte des degrés très différents, l'extrême pouvant se combiner au racisme et à l'exclusion de l'étranger hors de la culture, voire de l'humanité (« ce sont des sauvages »). // égocentrisme : tout rapporter à soi, tout juger en fonction de soi ; incapacité à se décentrer pour adopter le point de vue d'un autre que soi. // géocentrisme (faire de la terre le centre du monde) On doit aussi reconnaître une part d'ethnocentrisme « naturel » (spontanéité acquise) plus difficilement dépassable : c'est en effet toujours à partir de ma culture que je suis amené à considérer l'étranger. Si je peux tâcher de prendre du recul par rapport à elle, il semble difficile de s'en extraire complètement. Incommunicabilité relative qui n'a rien de révoltant à condition qu'on n'opprime pas ou qu'on ne détruise pas les valeurs qu'on rejette ou leurs représentants. NB : il ne faut pas confondre ethnocentrisme et racisme : Regard éloigné, p. 15 : « Le racisme est une doctrine qui prétend voir dans les caractères intellectuels et moraux attribués à un ensemble d'individus, de quelque façon qu'on le définisse, l'effet nécessaire d'un commun patrimoine génétique. On ne saurait ranger sous la même rubrique, ou imputer automatiquement au même préjugé l'attitude d'individus ou de groupes que leur fidélité à certaines valeurs rend partiellement ou totalement insensibles à d'autres valeurs.» Lévi-Strauss refuse évidemment tout fondement au racisme. Il opère même un renversement : « loin qu'il faille se demander si la culture est ou non fonction de la race, nous découvrons que la race - ou ce qu'on entend généralement par ce terme - est une fonction parmi d'autres de la culture » (Regard éloigné, p. 36). Cf. règles de mariage très strictes. 2)L'ethnocentrisme savant L.S critique une forme plus « savante » de l'ethnocentrisme : la théorie de l'évolutionnisme culturel : il ne s'agit pas d'un phénomène mais d'une théorie proposant une interprétation globale de l'histoire de l'humanité en termes d'évolution (changement progressif) se déroulant de manière continue et selon une orientation définie. Elle fait l'objet d'une critique de la part de Lévi-Strauss qui la qualifie de faux évolutionnisme. Il lui reproche de  « supprimer la diversité des cultures tout en feignant de la reconnaître pleinement ». En effet, elle conduit à considérer que la diversité dont témoignent les sociétés humaines n'est qu'apparente : les différences de m?urs ou organisation sociale exprimeraient des stades différents sur une même courbe d'évolution (c'est ce qui est par exemple sous-entendu qua...

«  s’il   y   a   autant   de   référentiels   que   de   cultures,   il   devient   impossible   et   ill égitime   de   les   hi érarchiser.

  C’est   la   th èse   du   relativisme   culturel   (cf.

  II/),   qui   s’oppose   à  l’id ée   de   valeurs   absolues  à partir desquelles on pourrait juger des cultures.  · Quels sont les enjeux d’une telle question   ?  ­ S’il   semble   s éduisant   par   son   id éal   de   tol érance,   de   respect   des   diff érences,   le   relativisme   abrite certaines difficult és :  o Il interdit de juger quelque pratique que ce soit, y compris dans sa propre soci été. Cf.

  L évi­Strauss   : non seulement on ne peut rien r épudier d’une autre culture (lapidation   en   iran,   excision…),   mais   on   ne   peut   pas   non  plus   critiquer   ce   qui   se   fait   dans   son   propre pays. Id éal de tol érance ne risque­t­il pas m ène­t­il qu’ à l’indiff érence au sort   des autres hommes   ? o Il fait des cultures des unit és closes sur elles­m êmes, qui ne pourraient communiquer   entre elles, rien mettre en commun sous peine de perdre leur identit é.  o Peut­on renoncer  à l’id ée d’une communaut é de destin   ?  à l’id ée d’humanit é   ? Plan du cours   : I/ Critique de l’ éthnocentrisme II/ Int érêt et limite du relativisme III/ Peut­on sauver l’universalisme   ? I/  Critique de l’ethnocentrisme   “Le barbare, c’est celui qui croit  à la barbarie.” Objectif de cette partie   : approfondir et fonder r éponse n égative de l’opinion commune («   non,   toutes   les   cultures   se   valent   »   :   relativisme   courant,   peut­ être   bas é  sur   bons   sentiments   et   conditionn é  par  éducation  à la tol érance).

  D’autant  plus   n écessaire,  que  r éponse  contredite par   autre tendance  profond ément ancr ée en nous, l’ethnocentrisme, qui risque de la rendre fragile.   Cf.  Race et Histoire  de Claude L évi­Strauss 1) L’ethnocentrisme ordinaire    · L évi­Strauss   proc ède   à   une   critique   de   l’ethnocentrisme   (et   derri ère   cela,   de   l’   «   europ éanocentrisme   » des europ éens) et nous invite  à le d épasser. En r éalit é, il s’agit surtout   d’ éviter   la   tentation   de   hi érarchiser   les   cultures,   ce   qui   s’exprime   à  travers   l’ équation   ethnocentriste dangereuse   :  diff érent = inf érieur  (ce qui nous fait souvent consid érer par exemple   les cultures orales­ diff érentes de la n ôtre­ comme «   arri érées   » ou «   archa ïques   »). . »

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