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Y a-t-il des cultures supérieures aux autres ?

Publié le 27/02/2008

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Montaigne, Les Essais : « Or je trouve [...] qu'il n'y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu'on m'en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage ; comme de vrai il semble que nous n'avons autre mire de la vérité et de la raison que l'exemple et idée des opinions et usances du pays ou nous sommes. » Troisième partie : L?ethnocentrisme On constate donc que nos critères de jugement sont uniquement fondés sur l?expérience que l?on a des choses qui est elle-même très restreinte, car limitée à celle de notre propre culture. Seulement l?impérialisme de certaines cultures occidentales semble maintenant incontestable. Comme si la culture occidentale se devait, parce qu?elle se considère supérieure, être le modèle de toutes les autres cultures. Comme si tout ce qui ne ressemblait pas à la culture occidentale n?était que « barbarie » ou encore « sauvagerie ». Par exemple, le modèle de beauté européenne s?est tellement imposé à travers le monde que l?on voit régulièrement en Chine des jeunes filles se faisant débrider les yeux. Ce fait prouve donc bien qu?une culture peut en écraser une autre, car pour être belle, il faut nécessairement ressembler à une occidentale. Leclercq, Culture et personne : « Il n'y a vraiment de culture que lorsque l'esprit s'élargit à la dimension de l'universel. » C?est ce qu?indique Lévi-Strauss lorsqu?il écrit qu?il n?y a pas à penser une culture dans la supériorité à une autre, mais à considérer des rythmes, qui sont propres à chacun des peuples considérés, des enjeux aussi, qui ne sont pas de mêm nature d?une histoire à une autre.

« technique, l'homme conquiert le monde en obtenant deux grands avantages : d'une part le savoir technique permetla construction de machines qui travaillent à sa place et ainsi épargnent sa peine, d'autre part l'obtention pourchacun individu de la conservation la plus longue possible de sa vie grâce à la santé.

C'est grâce à la plus grandeénergie technique mobilisable que la vie peut être plus ou moins prolongée.

Or face à ce critère technique, nousvoyons que les cultures ne sont pas toutes au même niveau. _ La culture occidentale semblerait surpasser toutes les autres dans la mesure où elle aurait développé de manièreinégalée le progrès technique.

Le progrès désigne la cumulation de profits au cours du temps.

Or si à l'instar dePascal dans sa préface au traité du vide , l'on se représente l'humanité comme un seul homme, grandissant de l'enfance vers l'âge adulte, en traversant l'adolescence, il semble que les cultures dépourvues de réel progrèstechnique sont des enfants de l'humanité tandis que la société occidentale aurait cumulé inventions et progrès ence domaine. Cependant cette conception hiérarchique des cultures humaines a pour conséquence inacceptable la dévaluationde certaines cultures par rapport à d'autres.

Quelle légitimité aurait cette conception hiérarchique si au lieu des'appuyer sur des donnés objectives, elle se réduisait à un préjugé anthropocentrique ? II Illégitimité de la hiérarchie entre les cultures humaines _ Cette conception hiérarchique des cultures humines fondées sur le progrès technique a pour corollaire detransposer la racisme du biologique au culturel.

En effet le critère du progrès technique dévalue certaines culturespar rapport à d'autres.

Or si c'est par la culture que l'homme est un homme, cela implique que certaines culturessont moins humaines que d'autres.

C'est que laissent supposer l'appellation de barbares ou de sauvages.

Lesauvage désignerait un homme qui ne s'est pas encore dépris de la nature tandis que le barbare est celui dont lelangage est inintelligible.

Bref le sauvage et le barbare constituent deux figures d'une humanité encore pris dans esfilets de la bestialité.

Or le concept de barbarie peut être invalidée comme une notion ne se référant à aucuneréalité .

C'est ce que montre Montaigne dans ses Essais I, XXX : chacun appelle barbare ce qui n'est pas de son usage ».

Ainsi la barbarie se réduit à la prétention illégitime d'une culture particulière à universaliser sa propresingularité pour constituer une loi d'essence de la nature humaine.

Pourtant écrit Montaigne en II, 12 : « il n'y a pasd'homme, il n'y a que des hommes ». _ De même qu'il n'y a que des hommes, il n'y a qu'une pluralité de cultures particulières.

Or la prétention de laculture occidentale à juger d'autres cultures comme moins évoluées à partir du critère du progrès technique doitelle-même être référée à un point de vue particulier.

En effet l'évaluation qui fonde le système hiérarchique entre lescultures n'est pas neutre, il provient lui-même d'un système de valeurs inhérente à une culture particulière.

Orlorsque l'homme occidental juge d'autres cultures archaïques ou primitives à cause de leur faible développementtechnique, il est victime d'une illusion ethnocentrique. _L'illusion ethnocentrique consiste à juger la valeur d'une culture avec un système d'évaluation inhérent à une autreculture : en croyant parler de l'autre, nous ne parlons de de nous-mêmes.

Ainsi comme le souligne Levi-Strauss dansRace et histoire : « nous nous déplaçons littéralement avec ce système de références t les réalités culturelles du dehors ne nous sont observables qu'à travers des déformations qu'il leur impose quand il ne va pas jusqu'à nousmettre dans l'impossibilité d'en apercevoir quoi que ce soit ».

Ainsi l'homme occidental obsédé par le progrèstechnique ne se rend pa compte que les eskimos pourraient le juger inférieur si le critère de la hiérarchie était ledegré d'aptitude à triompher des milieux géographiques les plus hostiles ».

Par conséquent si chaque critèred'évaluation est relatif à chaque système de valeurs qu'est chaque culture particulière pour elle-même, il devientillégitime de hiérarchiser les cultures humaines. Conclusion Il est absolument illégitime de hiérarchiser les cultures humaines.

En effet chaque culture a son propre système devaleurs.

C'est seulement en se rapportant à ce système de valeurs que l'on peut évaluer cette culture et non pasen se donnant un critère hiérarchique.

En effet ce critère hiérarchique sera nécessairement le résultat d'une cultureparticulière que l'individu évaluant aura tendance à considérer comme supérieure aux autres.

Par conséquent toutetentative de hiérarchiser les cultures procède d'un préjugé ethnocentrique dont il convient de se déprendre pours'ouvrir à la diversité et l'originalité de chaque culture elle-même.

La diversité des cultures est une donnéeirréductible et aucune culture n'est plus cultivée qu'une autre puisque tous les hommes se tient dans un écartégalement infranchissable face à la nature.. »

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