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Existe-t-il un privilège de la beauté?

Publié le 18/03/2005

Extrait du document

Communément le privilège est un droit, un avantage accordé à un particulier, à une catégorie. Il s'agit d'une loi qui ne concerne pas « tout le monde « ou tout type d'objets, par exemple. L'expression « bénéficier de certains privilèges « signifie que seuls les « happy few « peuvent y accéder; Il s'agit ainsi d'un apanage, d'un monopole exclusif. Le privilège peut-il aussi s'appliquer à la beauté? Existe-t-il un privilège de la beauté? Autrement dit existe-t-il un droit, une sorte d'apanage ou de don propre à la beauté? Dans quelle mesure la beauté détient-elle quelque chose que les autres aspects de la vie ne détiennent pas? La beauté est-elle exceptionnelle? Qu'est-ce qui fait le privilège de la beauté? La beauté nous fait-elle accéder à une certaine idée de beau et donc de vérité? En ce sens en accédant à la beauté, n'obtient-on pas un rapport privilégié à la beauté, devenant nous-mêmes ainsi des privilégiés?

Sens des termes :

• exister: ici, posséder une réalité

• privilège: avantage qui met son possesseur dans une situation favorable par rapport à ceux qui ne le possèdent pas.

• beauté: - caractère de ce qui est beau

- accomplissement parfait du beau; le beau poussé à son point de perfection.

Il est évident que cette définition de la beauté est sans intérêt si on ne la complète pas par celle du beau. Il faut donc en donner une acception, bien que ce mot ne figure pas explicitement dans le libellé du sujet.

• beau: nous prendrons ici, au moins pour commencer notre travail, une des définitions kantiennes. On appelle beau l'objet d'une satisfaction dégagée de tout intérêt et universelle. Nous sommes donc en présence d'un jugement d'appréciation.

  • Que faut-il entendre par privilège de la beauté ? Il faut se demander si la beauté serait quelque chose que n’aurait pas le commun, une différence fondamentale entre ce qui serait ordinaire, et ce qui serait beau, une sorte d’élection , une aura que possèderait un objet à l’exclusion des autres. Est-ce la réalité ou est-ce une illusion de croire qu’il existe une certaine transcendance de la beauté, que les objets beaux ne sont finalement que des objets ordinaires auxquels, nous spectateur nous réservons un traitement privilégié. Ce sujet pose aussi la question de l’origine de la beauté, existe-t-il des objets beaux en soi ou est-ce par notre jugement que nous le décrétons ?

 

  • I – Le Beau comme manifestation du Bien
  • II – Beau, morale & téléologie
  • III – Remise en cause du privilège de la beauté à l’aune de la modernité

« que ce qui est beau a la marque du divin ici-bas.

Le beau doit donc nous renvoyer vers le monde des idées, c'est-à-dire nous amener à une conversion du regard, à une « époché ».

De même, une femme sera dite belle si elleparticipe de la beauté c'est-à-dire si elle manifeste de l'harmonie. c) Ainsi comme on le voit à travers le Phèdre de Platon , si l'on peut parler d'un privilège du beau c'est parce que la Beauté peut, mieux que d'autres, par la réminiscence qu'il déclenche, nous attirer vers les formes.

C'est pourquoi,dans la folie amoureuse, « érotique », le beau de l'aimé nous donne accès au beau en soi.

Le privilège de la beautéest donc essentiellement un privilège que nous pourrions appeler dialectique en tant qu'il a la capacité de manifesterl'essence.

En effet, le beau a « le privilège de se manifester comme elle est vraiment dans tous ses apparaîtres, cequi n'est pas le cas du bien qui manifeste effectivement une différence au de se manifester comme différence.

Et celien du bien et du beau est clairement mis en rapport avec le Philèbe de Platon dans la mesure où la « puissance duBien se réfugie dans la nature du Beau ».

Dans ce cas, le privilège du Beau est lui-même dérivé du Bien au point quecelui-ci peut être considéré alors comme un réel privilège parmi les idées. Transition : Ainsi il existe bien un privilège de la beauté qui est qu'elle est une manifestation directe de son essence et étant enlien avec le bien, elle est un truchement lui tel un signe.

C'est donc par participation que la beauté manifeste sonprivilège que l'on peut donc appeler un privilège épistémologique et cosmologique..

Le beau procède du bien, maisnotre accès au bien n'est possible que par l'intermédiaire du beau.

Dès lors, c'est dire que la beauté qui révèle uncaractère morale, et subsume dès lors ces privilèges. II – Beau, morale & téléologie a) En effet, comme Kant le note à la fin de la Critique de la faculté de juger , le beau a une valeur morale.

Plus exactement aux paragraphes 80-91 le beau est symbole de la morale et ceux parce que la morale procède d'unereconnaissance d'un être supérieur et le beau suivant un jugement réfléchissant peut nous conduire à la preuvemorale de l'existence de Dieu.

La beauté nous révèle par un principe téléologique l'existence d'un monde ordonné.

Etd'une certaine manière, il ne s'agit ni plus ni moins d'un retour de l'argument de la preuve téléologique de Dieu.

Eneffet, comme le note la remarque finale de l'ouvrage : l'argument morale pousse la faculté théorique à abandonnerd'elle-même ses prétentions.

Tout assentiment se fonde sur des faits, et tous les faits relèvent du concept de lanature (qui prouve sa réalité dans les objets des sens) ou du concept de la liberté.

La Critique de la Raison Pure a montré l'invalidité théorique des preuves de l'existence de Dieu.

Cependant la preuve physico-théologique convainc,mais c'est parce que la preuve morale vient insensiblement suppléer à sa faiblesse.

Seule la preuve morale produitdonc la conviction, et elle fonctionnerait encore sans considération d'une nature organisée, qui ne fait que laconfirmer.

La téléologie morale vient donc confirmer la théologie morale, dans laquelle la théologie est nécessaire entant qu'elle fonde la religion, elle-même nécessaire pour l'usage pratique.

C'est pour cette raison que, si unethéologie éthique est indispensable, une éthique théologie est impossible, puisque c'est la morale qui fonde lathéologie.

Et c'est bien parce que le beau a le privilège d'être directement sensible que nous pouvons fonder sur luiune théologie éthique. b) Or le beau chez Kant , dans la Critique de la faculté de juger se définit par une construction progressive : « Est beau ce qui est reconnu sans concept comme objet d'une satisfaction nécessaire.

» Par cette définition que Kant aproduit il faut voir alors que le beau est l'objet d'une satisfaction désintéressée et jugée comme universelle.

Le beaun'est donc pas l'utile, le bon, l'agréable, ni même nécessairement le parfait.

Or seul ce sentiment dedésintéressement permet de comprendre cette exigence d'universalité.

Le beau proprement dit nous éloigne de nosdésirs.

Il est lié à une satisfaction désintéressée : « le goût est la faculté de juger un objet ou un mode dereprésentation par la satisfaction ou le déplaisir d'une façon toute désintéressée.

On appelle beau l'objet de cettesatisfaction.

» En ce sens alors l'universalité esthétique est universalité sans concept.

Quand je juge un objet beau,j'attribue à chacun le sentiment que j'éprouve devant l'objet.

Cette universalité est de droit et non de fait.

Cetteuniversalité n'est pas logique : « Est beau ce qui plaît universellement et sans concept ».

Est beau donc ce qui estl'expression d'une harmonie entre l'entendement et l'imagination : il s'agit d'une finalité sans fin, car le beau est àlui-même sa fin : « La beauté est la forme de la finalité d'un objet en tant qu'elle y est perçue sans lareprésentation d'une fin.

» c) Mais ce beau existe-t-il ? C'est-à-dire est-il applicable ? En effet, Kant dans la Critique de la faculté de juger au paragraphe 16 nous dit bien que le jugement de goût qui déclare un objet beau sous la condition d'un conceptdéterminé n'est pas pur.

Le meilleur exemple est celui de la beauté d'une femme, qui suppose un concept de laperfection de l'objet et mêle de ce fait beauté et perfection : il s'agit alors d'un jugement de goût appliqué.

C'estdire alors que ce beau existe donc son privilège aussi.

Néanmoins, il est vrai que l'idéal de beauté est une idée de laraison, l'idéal est la représentation qui convient à cette idée (comme concept ne pouvant pas déterminer unjugement esthétique).

L'esprit dégage de la diversité une idée-normale (comme règle) dont la représentation estsimplement correcte ; puis de là un idéal de beauté (qui consiste en une expression de l'éthique dans l'image, ce quisuppose une grande force de l'imagination, et ne peut déterminer le jugement de goût).

Mais bien plus, si nouspouvons parler d'un privilège de la beauté c'est bien dans son mode de donation.

En effet, le beau est l'expressionde liberté de l'homme, de l'artiste, et c'est en ce sens que l'imagination est réellement créatrice.

Et il revient bien augénie artistique comme le dira Kant dans le paragraphe 48 de la Critique de la faculté de juger de manifester le beau : le génie est celui qui a la capacité de produire des œuvres d'arts qui plairont universellement.

Ainsi, comme ille dit au §43 : l'art est la production par liberté, c'est-à-dire par un libre arbitre qui met la raison au fondement. »

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