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Explication du texte de PASCAL

Publié le 08/01/2016

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pascal
1 Explication du texte de PASCAL, Pensées, fragments 347-348 Pascal peut être considéré comme un penseur tragique. Il est celui qui pense que la marque de la vérité est dans la répugnance et la contradiction et donc, que dans la quête de la vérité, il faudra non seulement accueillir des affirmations opposées et les maintenir ensemble, mais les tenir pour vraies, ce qui nous oblige à exiger un ordre plus haut qui les fonde, à savoir l’ordre divin. La raison a donc son commencement non pas dans une lumière d’évidence où elle se saisirait –contre Descartes- mais dans une obscurité qui n’est pas elle-même manifeste. Voilà bien les contradictions où nous sommes, le malheur de notre pensée. De cette dimension tragique de l’existence, de la contradiction et du malheur humain, il est question dans les pensées qui nous occupent. Tout le texte est bien construit sur cette dimension de la contradiction mettant clairement en évidence la duplicité, la dualité de l’existence humaine. Cherchant à établir ce qui fait la spécificité humaine, Pascal en vient à considérer l’homme comme un être intermédiaire compris entre la misère et la grandeur ; il est sous le signe de la faiblesse mais il peut, du moins doit-il s’y efforcer, échapper à celle-ci, tenter de la dépasser. Comment ? Ne serait-ce pas en faisant usage de ce qui lui est propre, à savoir la pensée ? Pris entre le sensible et l’intelligible, ne doit-il pas, moralement, rejoindre son origine divine ? C’est bien cette thématique que Pascal étire, déploie au long de ces pensées, proposant des énoncés fondés sur une structure d’opposition et de retournement, opposition de l’humain et naturel d’abord avec la distinction établie entre l’homme et l’arbre, distinction entre le corporel et le spirituel ensuite, opposition, enfin, entre l’humain en ce qu’il relève de la nature et de l’humain en ce qu’il dépasse cet ordre. Ce dépassement doit nous conduire à une exigence proprement morale. Le texte débute donc par l’opposition entre un étant naturel, l’homme et un autre étant, l’arbre. L’un et l’autre, en tant que naturels, en temps qu’ils font partie de la nature ne sont que deux points ridiculement petits eu égard à l’immensité de l’univers. Mais, et là surgit le proprement humain, l’un a une conscience, est un être susceptible de connaître, l’autre n’en a point les capacités. Par-là même, par sa capacité de penser, l’homme dépasse sa condition naturelle. Pascal va plus loin. L’homme est un être de conscience, il peut se représenter ce qui l’entoure et lui-même. Mais ce qui paraissait être un avantage, une supériorité, peut se révéler redoutable. Au même titre que les autres étants, nous sommes misérables mais en prenant conscience nous sombrons dans une espèce de désespoir : nous éprouvons notre misère en étant conscients. La misère est en quelque sorte redoublée : il y a la situation même, commune à tous les étants, voués à disparaître, matière corruptible, vulnérable face aux déferlements des forces naturelles ou face aux prédateurs, devant lutter pour la survie, la misère 2 de l’homme social, plein de vices, de passions, cherchant à se dissimuler ses faiblesses, sa petitesse, s’oubliant dans le divertissement1 et la duplication de cette misère par la conscience qu’on en a. La conscience est une conscience malheureuse, tragique: « C’est donc être misérable que de se connaître misérable. » Mais, par un sursaut, cette conscience malheureuse peut être dépassée : du misérable de la misère, par la pensée, nous pouvons accéder à la grandeur de la misère, la reprendre et la transformer en son autre : « c’est être grand que de se connaître misérable » Nous pourrions rendre compte de ce mouvement de la pensée, mouvement proprement dialectique, en nous référant à Hegel. En effet, celui-ci, traitant de l’histoire de la conscience, part de la situation première de l’homme : il est, comme tout étant, celui qui vit à la manière des choses, des animaux, etc., dans l’immédiateté, il a une existence en-soi. De cette situation, il doit s ‘extirper. La pensée doit sortir le soi de soi, elle doit l’arracher à son simple être-en-soi : elle est elle-même un tel arrachement, elle est la parole dans laquelle le penser se sort de lui-même et s’expose. Il faut briser l’épaisseur compacte de la simple subsistance, que ce soit celle de la pierre, de l’arbre, celle du moi, celle du tout. La subsistance qui se présente comme un premier principe, ou comme un point de départ, n’est en fait qu’un dépôt de la manifestation en son mouvement : un dépôt dans l’être, et un repos dans la pensée. Dissoudre ce dépôt et réveill...

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