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Expliquer le texte suivant :Malebranche, De la recherche de la vérité. LA LIBERTE

Publié le 11/02/2019

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malebranche

Quand je dis que nous avons le sentiment intérieur de notre liberté, je ne prétends pas soutenir que nous ayons le sentiment intérieur d’un pouvoir de nous déterminer à vouloir quelque chose sans aucun motif physique 1 ; pouvoir que quelques gens appellent indifférence pure. Un tel 5 pouvoir me paraît renfermer une contradiction manifeste [...] : car il est clair qu’il faut un motif, qu’il faut pour ainsi dire sentir, avant de consentir. Il est vrai que souvent nous ne pensons pas au motif qui nous a fait agir ; mais c’est que nous n'y faisons pas réflexion, surtout dans les choses qui ne sont pas de conséquence. Certainement il se trouve toujours quelque îo motif secret et confus dans nos moindres actions ; et c’est même ce qui porte quelques personnes à soupçonner et quelquefois à soutenir qu’ils2 ne sont pas libres ; parce qu’en s’examinant avec soin, ils découvrent les motifs cachés et confus qui les font vouloir. Il est vrai qu’ils ont été agis pour ainsi dire, qu’ils ont été mus ; mais ils ont aussi agi par l’acte de leur 15 consentement, acte qu’ils avaient le pouvoir de ne pas donner dans le moment qu’ils l’ont donné ; pouvoir, dis-je, dont ils avaient le sentiment intérieur dans le moment qu’ils en ont usé, et qu’ils n’auraient osé nier si dans ce moment on les eût interrogés.

 

Malebranche, De la recherche de la vérité.

 

1. motif physique : motif qui agit sur la volonté.

 

2. ils, c’est-à-dire : ces personnes.

La présence permanente d’un tel motif ne risque-t-elle pas de faire considérer que, dans de telles conditions, la liberté n’est qu’une illusion ? Si, en effet, notre action est systématiquement déterminée par quelque motif « secret et confus », si, de plus, en examinant « avec soin » notre comportement, nous sommes amenés à découvrir l’existence incontestable d'un motif à la source de tous nos actes, ne sommes-nous pas contraints d’affirmer que l’homme, en réalité, n’est pas libre ? Telle est bien la position de Spinoza, pour qui notre sentiment de liberté ne résulte que de l’ignorance des déterminations qui nous font agir.

 

Insistant sur l'existence des motifs pour contester la possibilité de l’indifférence pure, Malebranche ne risque-t-il pas de faire la part trop belle aux philosophes qui nient la liberté ? Il ne ferait alors que dénoncer une contradiction pour s’installer dans une autre.

malebranche

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• Analyse du sujet - Malebranche montre ici que la liberté est compatible avec la pré­ sence d'un motif pour l'action.

- ll prend ainsi ses distances, aussi bien avec les partisans de la liberté d'indifférence qu'avec les philosophes qui trouvent dans la présence du motif ôn prétexte pour nier la possibilité d'être vraiment libre.

- À ces derniers, il objecte plus particulièrement que le motif ne déter­ mine l'action que dans la mesure où, radicalement, on choisit de consentir à ce qu'il propose.

• Pièges à éviter - Ne pas se lancer inutilement dans le survol de toutes les théories concernant la liberté : comme toujours pour une explication de texte, il s'agit en priorité d'expliciter le problème traité et la position de l'auteur.

- Ne pas négliger l'aJiusion à la liberté d'« indifférence pure».

- Ne pas dériver vers des données empruntées à la psychanalyse, sous prétexte que Je texte mentionne que « souvent nous ne pensons pas au motif qui nous a fait agir» ...

CORRIGÉ [Introduction] Les débats sur la nature de la liberté sont pennanents dans l'histoire de la philosophie, et il semble bien qu'à tout argument en faveur de la liberté, on puisse en opposer un contraire qui conteste son existence.

Male­ branche s'attache ici à montrer, à partir du caractère contradictoire de l'in­ différence, que, pour agir, il faut en réalité un motif.

La présence de ce dernier n'introduit-il pas alors un déterminisme supprimant la liberté? Il n'en est rien, d'après Malebranche, si nous analysons avec soin ce qu'il nomme le« sentiment intérieur» de la liberté : le motif, en effet, ne s'im­ pose pas de lui-même pour nous faire agir; il faut d'abord que nous lui ayons donné notre «consentement », et c'est dans la possibilité d'accor­ der ou de refuser ce dernier que loge finalement la liberté.

[1.

Contradiction de l'indifférence] Descartes considère que la Liberté dite d'indifférence est « le plus bas degré de la liberté»; pour Malebranche, il semble même difficile de la. »

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