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Faut-il croire que l'histoire a un sens ?

Publié le 09/02/2004

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histoire
Ce serait remplacer la croyance bénéfique (pour espérer et agir en ce sens) qui se sait comme telle par une croyance qui s'ignore, se prend pour un savoir véritable et dont les effets sont aussi nombreux que funestes. En premier lieu, cette idée d'une histoire nécessairement déterminée et animée par une finalité intrinsèque, dont la volonté humaine ne serait que le moyen, mène à une conception fataliste de l'histoire. La certitude d'un sens inéluctable abolit l'importance de la liberté dans l'histoire et déresponsabilise les hommes. Elle entretient en outre la possibilité d'une justification abusive des pires crimes au nom d'un retournement du négatif en positif. C'est comme si, par exemple, on disait que les crimes contre l'humanité sont une bonne chose (non pas moralement mais historiquement) puisqu'ils encouragent à l'édification d'une conscience humaine unifiée et à la mise en place d'institutions susceptibles de manifester celle-ci, comme les tribunaux internationaux dont les jugements prétendent à une validité universelle. À moins qu'il ne faille comprendre que l'humanité ne progresse, à l'échelle individuelle comme à l'échelle collective, qu'en faisant l'épreuve d'elle-même par le biais de conflits. Un « progrès ingrat » donc, pour reprendre l'expression de Raymond Aron, dans la mesure où il est toujours susceptible d'être remis en cause et d'être perfectionné, tel est ce que nous pouvons attendre en prenant conscience que le sens de l'histoire tient moins à la nécessité qu'à la volonté. CITATIONS: « On peut envisager l'histoire de l'espèce humaine en gros comme la réalisation d'un plan caché de la nature pour produire une constitution politique parfaite sur le plan intérieur, et, en fonction de ce but à atteindre, également parfaite sur le plan extérieur. » Kant, Idée d'une histoire universelle, 1784. « Une philosophie de l'histoire suppose (.

Y-a-t-il une nécessité logique ou vitale à postuler que l'histoire va quelque part, qu'elle n'est pas absurde ? Pourquoi a-t-on besoin d'y croire ? Qu'a-t-on à y gagner ? (si on pense au « Pari « de Pascal)

histoire

« essaie de racheter les péchés du monde.

Sa vraie vie est ailleurs : après la mort, au paradis. • L'idéalisme historique de HegelC'est la Raison qui gouverne le monde suivant un ordre logique, rationnel : « La seule idée qu'apporte la philosophiede l'histoire est cette simple idée que la Raison gouverne le monde et par suite l'histoire universelle est rationnelle.

»En apparence, règne le chaos, le désordre.

Mais sous cette apparence se dévoile et se révèle l'Esprit universel.

CetEsprit va utiliser les désirs humains pour se réaliser.

Les hommes servent donc sans le savoir le grand dessein del'Esprit.

C'est ce que Hegel appelle « la ruse de la raison ».

L'homme n'est alors qu'un instrument au service de laRaison.

On peut alors se demander ce que les hommes gagnent ici.

« Ils ont, dit Hegel, eu le bonheur d'être lesagents d'un but qui constitue une étape dans la marche progressive de l'Esprit universel.

» Et même s'ils n'ont pasété heureux, ils ont accompli ce qu'ils devaient accomplir.

Ils sont allés jusqu'au bout de leurs possibilités.

L'individus'accomplit et trouve sens dans l'histoire de l'humanité. • Le matérialisme historique de MarxMarx s'oppose farouchement à Hegel.

Ce ne sont pas les idées qui font l'histoire, qui mènent le monde, mais letravail humain aux prises avec la matière.

Ce sont les faits économiques et la lutte des classes qui conditionnent ledevenir historique.

Ce qui fait avancer l'histoire, c'est donc la lutte des classes qui a pour finalité la société sansclasse, dans laquelle l'homme, désaliéné, deviendra enfin libre. RésumonsDans ces trois conceptions, l'histoire a un sens qui englobe celle de l'individu : sa vie est inséparable de la destinéedu genre humain.

—> Si je crois que l'humanité a une signification, j'en ai une aussi. II.

Les dangers d'un fanatisme du sens de l'histoire • Les dangers du sens de l'histoireNous venons de le voir : parler du sens de l'histoire, c'est parler de la fin de l'histoire.

La marche inéluctable del'histoire obscurcit la liberté humaine.

Postuler que l'histoire a un sens conduit à l'exercice de la terreur. • La terreurLa philosophie de l'histoire hégélienne aboutit à justifier ce que l'on wui puisque tout est rationnel, tout est sens(quel était le sens des camps de concentration ! ?).- Camus parlait d'un principe de terreur qui évacue l'humanité et le sens.

« La fin de l'histoire n'est pas une valeurd'exemple et de perfectionnement.

Elle est un principe arbitraire et de terreur.

» (L'Homme révolte). • Pas un, mais plusieurs sensSi « l'histoire justifie ce que l'on veut» et «contient tout et donne des exemples de tout » selon la vision pessimistede Paul Valéry, il convient donc de rejeter la notion d'histoire une et universelle et de parler non pas d'histoire maisdes histoires.

L'histoire doit s'écrire au pluriel.

« Son unité n 'est qu 'un roman » disait Kant. III.

L'individu peut avoir un sens même si l'histoire n'en a pas • Le besoin de sensLe sens répond à quatre besoins :- Besoin d'intelligibilité : l'homme a besoin d'un principe d'explication.

Le sang qui coule ne coule pas pour rien.- Besoin d'espoir : l'homme n'est pas soumis au non-sens, à la gratuité.- Besoin de liberté : chez Marx, l'homme s'affranchit de la contingence grâce à l'histoire.- Besoin de puissance : l'homme voudrait pouvoir tirer des lois, des leçons pour mieux agir dans l'avenir. • L'homme est projetCes besoins montrent combien l'homme a peur de la mort et recherche la sécurité.

Pourtant, la vie de l'homme peutavoir un sens même si l'humanité n'en a pas.

C'est, dit Sartre, l'homme qui fait l'histoire.

C'est une philosophie del'engagement, de la responsabilité.

« Si l'histoire m'échappe, cela ne vient pas de ce que je ne la fais pas : celavient de ce que l'autre la fait aussi.

» (Critique de la raison dialectique.) Mon existence est à faire, chaque jour.L'homme est projet ouvert.

Ce qui est fait ne peut pas être défait mais rien, maintenant, ici, n'est encore joué.Peut-être alors cherchons-nous un sens à l'histoire pour échapper à notre propre histoire individuelle. • Le projet moralL'homme, malgré tout, qu'il croit ou non à un sens de l'histoire, a besoin d'intelligibilité.

Alors, si le sens de l'histoirene s'impose pas dogmatiquement en bouchant l'horizon du projet humain, il peut ouvrir cet horizon.

L'idée d'unehistoire rationnelle de l'humanité est régulatrice et permet alors à l'homme de trouver sens au sein d'un projet moralqui ordonne la réalité historique.

C'est sans doute le seul projet qu'il faille retenir. Conclusion L'histoire a un sens du point de vue de l'intelligibilité mais n'a pas de sens du point de vue du but : elle ne conduitpas, inéluctablement, l'humanité quelque part.« Vouloir que l'histoire ait un sens, c'est inviter l'homme à maîtriser sa nature et à rendre conforme à la raison l'ordrede la vie en commun.

Prétendre connaître à l'avance le sens ultime et les voies du salut, c'est substituer des. »

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