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Faut il croire que l'histoire ait un sens ?

Publié le 11/09/2005

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histoire
Dire de l'histoire qu'elle a un sens, c'est affirmer avant tout qu'elle est orientée, dirigée. Cette orientation semble tout d'abord liée à la transitivité du temps, au fait que le temps s'écoule dans une direction unique. L'histoire, dans son acception la plus générale, est la succession des événements s'écoulant du passé vers le présent, et la désignation des grandes périodes historiques sous les appellations d'Antiquité, de Moyen Âge, de Temps modernes et d'Époque contemporaine révèle une conception où l'histoire prend le sens d'un progrès temporel irréversible. Plus précisément, le sens de l'histoire est la direction dans laquelle s'orientent les événements, qu'il s'agisse d'un progrès historique, voire moral, comme le pensent la plupart des philosophes des Lumières, ou au contraire d'une régression, d'une décadence, comme celle qui caractérise le passage de l'état de nature à l'état civil dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes de Rousseau (qui s'accorde sur ce point avec certaines thèses stoïciennes), ou même d'un retour cyclique des événements, comme en témoigne la théorie platonicienne des changements de constitution, au livre VIII de La République. Le sens de l'histoire est ainsi l'orientation générale qui émerge des événements qui se produisent dans le cours de l'histoire.B. Le sens comme signification.Il ne faut cependant pas limiter le sens de l'histoire à une simple orientation prise par le flux des événements historiques. Car on ne parle pas du sens de l'histoire de la même façon que du sens du courant d'un fleuve ou de celui de la rotation des aiguilles d'une montre. Le sens de l'histoire n'est pas une direction physique ou géométrique : l'orientation que prennent des faits et des événements humains confère une raison, une valeur, une signification à ces derniers.
histoire

« A.

Le travail de l'historien. Le sens de l'histoire n'est pas univoque, c'est à l'historien de le dégager après avoir fourni une explication des faitshistoriques.

L'historien doit en effet, après avoir procédé à l'examen et au tri des sources et documents dont ildispose, chercher autant que possible à expliquer les faits qui lui sont soumis, autrement dit procéder à une analysecausale de ces faits.

La recherche des causes, ou des influences, des corrélations, des coïncidences, constitue ence sens le travail proprement scientifique de l'historien.

À cette tâche s'ajoute celle de l'interprétation de faitspréalablement expliqués.

L'interprétation devrait certes toujours suivre l'explication, mais souvent l'une et l'autresont inextricablement mêlées, au détriment de l'objectivité du travail historique.

Car l'interprétation de phénomèneshistoriques, qui couronne d'une certaine façon le travail de l'historien, laisse nécessairement une place à lasubjectivité.

On ne demande plus en effet seulement à l'historien d'expliquer, de rendre compte, mais de s'engager,de juger.

L'interprétation n'est pas condamnable pour autant, ou alors toute subjectivité, tout jugement, toute prisede position le seraient.

L'interprétation est en effet réflexion sur l'histoire, et non pas détermination de causesparticulières, ou, pour reprendre les termes de Kant dans la Critique de la faculté de juger, jugement réfléchissant(jugement de finalité) et non pas jugement déterminant (jugement de connaissance). B.

Un sens qui échappe aux acteurs de l'histoire. C'est pour cette raison que le sens de l'histoire n'apparaît qu'exceptionnellement à ceux qui en sont les acteurs.

Ilfaut en effet un sens historique rare pour se rendre compte à l'instant même de la portée d'actes que l'on est entrain d'accomplir.

Le sens de l'histoire n'apparaît que rétrospectivement.

Les acteurs sont privés pour ainsi dire deleurs actes.

Les hommes ne sont à ce titre que les dupes, les instruments de l'histoire.

Qui oserait par exempleproclamer aujourd'hui que le sens de toute l'histoire des sociétés industrielles est celui d'un progrès techniqueprofitant à tous, d'un plus grand bien-être social? Ce qui semblait vrai il y a vingt ou trente ans semble être devenufaux.

L'historien lui-même est pris dans le processus de l'histoire et le sens qu'il lui attribue dépend pour une largepart de l'histoire qui lui est contemporaine. C.

L'inachèvement de l'histoire. NOTE SUR HEGEL ET LA FIN DE L'HISTOIRE: De même que la mort de l'art n'interdit pas la création d'oeuvres ultérieures, la fin de l'Histoire ne signifie pas qu'il n'y aura plus aucun événement possibles (révolutions, guerres,etc.) Mais, cela veut dire qu'à partir du moment où le sens de l'Histoire a été découvert (l'universelle liberté etrationalité du monde), plus rien ne peut aller au-delà car aucun principe en effet ne saurait dépasser la Liberté et laRaison, qui ne sont autres que la vie et la vérité de l'Esprit. L'histoire du XXe siècle est pleine de ces péripéties.

La Première Guerre mondiale devait être la «der des ders» et nel'est restée que vingt ans; la Seconde Guerre mondiale, suivie de la guerre froide, en a laissé craindre une troisièmependant près de cinquante ans, alors que les conflits sont restés géographiquement localisés.

Cette successiond'attentes et de craintes contradictoires semble inévitable puisque, par essence, l'histoire est inachevée et par làtoujours ouverte.

Nul sens définitif ne peut être attribué s'il n'y a pas de fin de l'histoire entendue comme son terme.Quand bien même une paix durable s'installerait sur le monde, nous ne serions jamais en état d'affirmer que le sensde l'histoire consiste en cette pacification définitive, puisque nous ne pouvons jamais prévoir l'avenir de façoncertaine.

L'histoire est pleine de coups de théâtre, de rebondissements qui interdisent de lui assigner un sensabsolu.

Il n'y a ainsi de sens de l'histoire définitivement établi que des nations ou des empires disparus ou vaincustel celui des Mèdes et Perses.

La seule signification assurée serait négative et conclurait à la fugacité de toutechose.

Une telle conclusion négative rend par là indéterminable le sens général de l'histoire. 3.

L'obligation de croire en un sens de l'histoire A.

Le sens comme condition de l'histoire. L'affirmation de l'indéterminabilité du sens de l'histoire ne signifie pas pour autant que l'on puisse se dispenser de cedernier.

La nécessité d'attribuer un sens à l'histoire est en cela une nécessité de l'action.

Toute action dans lemonde témoigne d'une volonté de modifier ce dernier d'une certaine manière, et cette volonté de chacun d'agirtémoigne de la croyance en un sens de cette même histoire.

Ainsi Kant notait-il dans son opuscule Théorie etpratique que le simple fait de prétendre que l'histoire universelle n'est que celle d'une succession de progrès et deretours en arrière s'annulant mutuellement constituait en fait une affirmation positive : car une telle affirmation, dumoment qu'elle est proférée, témoigne de la volonté d'éclairer, de faire oeuvre utile et profitable à tous, et possèdepar là une signification qu'elle ignore.

De même, le travail de l'historien, s'il ne se limite pas à dresser une collectiond'anecdotes, présuppose la possibilité d'un sens de l'histoire, que celui-ci soit explicitement formulé ou non.

Un sens,si dérisoire semble-t-il, doit pouvoir être attribué à l'histoire sans quoi celle-ci perd toute consistance et s'évanouit. B.

Le sens posé comme extérieur à l'histoire. Ce sens qui doit être posé ne peut, comme nous l'avons vu, être déduit des événements de l'histoire.

Rien parmi lesfaits historiques ne peut, écrit encore Kant dans Théorie et pratique, établir une thèse plutôt qu'une autre.

Si aucunsens ne se dégage clairement de l'histoire universelle, c'est que le sens qui doit lui être assigné ne peut l'être qu'àcondition d'être posé comme quelque chose d'extérieur à cette histoire.

Le sens de l'histoire dépasse l'histoire. »

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