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Faut il dire que la société dénature l'homme ou qu'elle l'humanise ?

Publié le 11/09/2005

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Mais alors à quelles conditions les effets de la société  peuvent-ils être bénéfiques ? Le professeur propose un plan pour traiter ce sujet : thèse : l'homme s'éloigne de la nature par la société antithèse : l'homme s'humanise par la société synthèse : l'homme, par SA nature, se sépare de LA Nature par la  socialisation. C'est effectivement une bonne méthode pour traiter ce sujet qui pose le  problème du sens que l'on attribue au mot "nature" en ce qui concerne  l'homme. 1) la société fait de l'homme un être artificiel, de plus en plus détaché de  la nature. Rousseau: «...Je n'imagine pas comment [les hommes] auraient jamais renoncé  à leur liberté primitive et quitté la vie naturelle, pour s'imposer sans  nécessité l'esclavage, les travaux, les misères inséparables de l'état  social.« Il est manifeste que l'homme n'est pas un être naturel, au sens où il n'est  plus, comme les autres animaux, tributaire uniquement de ce que son corps biologique, son instinct et l'environnement lui imposent. L'humanité est au  contraire basée sur le langage, sur l'établissement de règles sociales, sur  la maîtrise de la nature par l'intelligence. Selon Rousseau, cet éloignement  de la nature est une aliénation : la dénaturation de l'homme, déduite à  partir d'une naturalité originelle supposée, entraîne avec elle guerre,  conflit permanent entre les aspirations de l'individu et les contraintes de  la vie sociale. Pour Rousseau, l'homme a perdu en sortant de la nature sa  liberté.

La société naît de l’interdépendance entre les hommes, de leur incapacité à satisfaire leurs besoins par eux-mêmes. La société ne naît donc pas ex nihilo, elle n’est pas une structure naturelle, puisque elle change et varie en fonction des individus qui en sont membres.  Pour certains  penseurs cet artifice peut d’ailleurs faire perdre à l’homme sa nature originelle. Le tout est de savoir si cette dénaturation doit être envisagée en termes de gain pour l’espèce humaine ou au contraire en termes de perte. La société n’est-elle pas fondée sur le besoin des hommes, et la nécessité de trouver chez un autre la possibilité de satisfaire ce besoin ? La société naîtrait alors du besoin de trafiquer et permettrait à l’individu de pourvoir à ce que la nature lui a empêché d’accomplir par lui-même. C’est donc, comme nous le verrons en deuxième lieu, que la nature de l’homme n’est pas sociable. Que la société doit être envisagée comme un artifice. Mais est-ce pour autant un artifice nécessaire ? La société n’est-elle pas le signe que l’homme ne saurait se satisfaire de lui-même ? Et ce sentiment n’est-il pas la source de davantage de désagrément que de progrès pour l’espèce humaine ?

« C'est au second chapitre du premier livre de la « Politique » que l'on retrouve en substance la formule d'Aristote.

On traduit souvent mal en disant : l'homme est un « animal social », se méprenant sur le sens du mot « politique », qui désigne l'appartenance de l'individu à la « polis », la cité, qui est une forme spécifique de la vie politique, particulière au monde grec. En disant de l'homme qu'il est l'animal politique au suprême degré, et en justifiant sa position,Aristote, à la fois se fait l'écho de la tradition grecque, reprend la conception classique de la« cité » et se démarque des thèses de son maître Platon . Aristote veut montrer que la cité, la « polis », est le lieu spécifiquement humain, celui où seul peut s'accomplir la véritable nature de l'homme : la « polis » permet non seulement de vivre mais de « bien vivre ».

Il affirme de même que la cité est une réalité naturelle antérieure à l'individu : thèse extrêmement surprenante pour un moderne, et que Hobbes & Rousseau voudront réfuter, puisqu'elle signifie que l'individu n'a pas d'existence autonome et indépendante, mais appartientnaturellement à une communauté politique qui lui est « supérieure ».

Enfin Aristote tente de différencier les rapports d'autorité qui se font jour dans la famille, le village, l'Etat, et enfin la citéproprement dite. La cité est la communauté politique au suprême degré et comme elle est spécifiquement humaine,« L'homme est animal politique au suprême degré ».

En effet la communauté originaire est la famille : c'est l'association minimale qui permet la simple survie, la reproduction « biologique » de l'individu et de l'espèce.

Composée du père, de la mère, des enfants et des esclaves, elle répond à des impératifs vitaux minimaux, à une sphère« économique » comme disent les Grecs.

« D'autre part, la première communauté formée en vue de la satisfaction de besoins qui ne sont pas purement quotidiens est le village. » Il faut comprendre que famille et village sont régis par le besoin, par la nécessité naturelle de la vie, et ne sont pas propres à l'humanité. Le cas de la « polis » est différent.

« Ainsi, formée au début pour satisfaire les besoins vitaux, elle existe pour permettre de bien vivre.

» Dans la « polis » se réalise tout autre chose que la simple satisfaction des besoins : sa fonction initiale (satisfaire les besoins vitaux) découvre autre chose de beaucoup plus important : non plus le vivre mais le bien vivre.

Non plus la simple vie biologique mais l'accès à la vie proprement humaine, quidépasse la sphère économique pour atteindre la sphère morale. « Car c'est le caractère propre de l'homme par rapport aux autres animaux d'être le seul à avoir le sentiment du bien et du mal, du juste et del'injuste, et des autres notions morales, et c'est la communauté de ces sentiments qui engendre famille et cité. » Seule la cité, la « polis », transcende les simples nécessités vitales et animales et permet à l'homme d'accéder à sa pleine humanité.

Elle naît de la mise en commun de ce qui est spécifiquement humain : la raison et les sentiments moraux.

Ainsi les modernes ont-ils tort de parler « d'animal social » : ce qu'Aristote désigne est moins l'appartenance à une communauté quelconque, ou encore régie par des intérêts « économiques », que l'accès à une sphère autre, seulement politique, et qui permet à l'homme de s'épanouir en tant qu'homme, de viser le bonheur, d'entretenir avec lesautres hommes des liens libres, libérés de tout enjeu vital. Plus étranges peuvent paraître les deux autres thèses, liées, d'Aristote, affirmant que la cité est une réalité naturelle, et surtout, qu'elle estantérieure par nature à l'individu.

Cela signifie que l'homme n'est pas autosuffisant : il n'est qu'une partie d'un tout : la cité, comme la mai est partiedu corps.

Pas plus que la main n'existe réellement sans le corps, l'individu humain n'existe sans la cité.

C'est d'elle qu'il reçoit son humanité, sondéveloppement, son statut moral. « Mais l'homme qui est dans l'incapacité d'être membre d'une communauté, ou qui n'en éprouve nullement le besoin, parce qu'il se suffit à lui-même, ne fait en rien partie de la cité et par conséquent est ou une brute, ou un dieu » Ne pas appartenir à la « polis », lei d'humanité, c'est être soit infra-humain, soit supra-humain. L'exposé d'Aristote reprend la conception classique de la cité au sens grec.

La cité n'est pas un Etat (forme barbare pour les Grecs), elle n'est pasliée à un territoire (comme aujourd'hui où la citoyenneté se définit d'abord par référence au sol, à la « patrie »).

La cité est une communauté d'hommes, vivant sous les mêmes mois et adorant les mêmes dieux.

L'idéal grec est celui d'un groupe d'hommes pouvant tous se connaîtrepersonnellement.

L'idéal politique est donc celui d'une communauté d'hommes libres (non asservis par le travail et les nécessités vitales, disposantde loisirs) et unis par la « philia ». Quand les contemporains parlent « d'animal social », ou quand Marx déclare que l'homme est « animal politique », ce ‘est pas au même sens que les Grecs.

La polis n'est pas une communauté économique, au contraire : elle naît quand on peut s'affranchir de la contrainte économique etdisposer de loisirs.

Ainsi les esclaves ne sont-ils pas citoyens, ainsi le statut des artisans est-il difficile (Aristote dit qu'ils sont en « esclavage limité »).

Le travail est ressenti comme une nécessité (vitale, économique) et la « polis » est un lieu de liberté. Enfin Aristote polémique avec Platon. Pour ce dernier, les liens d'autorité sont les mêmes pour le chef de famille, le chef politique, le maître d'esclaves.

Ces types de gouvernement ne différent que par le nombre d'individus sur lesquels ils s'exercent.

Or, Aristote restitue des différences,selon que l'autorité s'exerce sur un être déficient, comme est censé l'être l'esclave, des êtres libres mais inférieurs comme le seraient la femme etl'enfant, ou encore entre égaux, ce qui est le cas proprement politique. Le pouvoir politique s'exerce donc au sein d'hommes libres et égaux.

Par suite, il n'a aucune mesure avec le pouvoir paternel.

Dans unecommunauté politique, nul ne peut se prévaloir d'une supériorité de nature pour gouverner : ainsi chaque individu sera-t-il alternativementgouvernant et gouverné.

L'idéal de la « polis » exige que chacun puisse, en tant qu'homme libre, égal aux autres, prétendre au pouvoir pour un. »

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