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Faut-il reconnaître quelqu'un comme son maître?

Publié le 29/01/2005

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Parties du programme abordées :  - Le pouvoir.  - Le désir (chez Hegel).  - Autrui.  - La violence.    Analyse du sujet : L'obéissance acceptée peut-elle être une école d'autonomie et nous faire accéder à notre essence spirituelle authentique ? Faut-il être passé par la servitude pour atteindre véritablement son autonomie ?    Conseils pratiques : Commencez par cerner le sens des concepts avec suffisamment de précision. En particulier, le sens donné à l'expression quelqu'un peut orienter la problématique. Un plan dialectique est souhaitable : A) Il faut reconnaître un maître pour parvenir à la conscience de soi ; B) Mais cette reconnaissance n'est-elle pas soumission et servitude ? C) Les idées de loi universelle et de volonté générale apportent la synthèse dans la reconnaissance mutuelle.

[Introduction] [I. Le maître n'est maître que par une reconnaissance libre.] [1. La contrainte ne rend pas maître.] [2. La reconnaissance fait le maître.] [3. La liberté ne se reconnaît pas de maître.] [II. La pensée se reconnaît-elle des maîtres ?] [1. La pensée ne se reconnaît pas de maître.] [2. Le maître nous guide.] [3. Le maître nous libère.]

[III. Nous ne devenons libres que par le maître.] [1. La relation du maître au disciple précède la reconnaissance.] [2. Le maître fait accéder chaque individu à son individualité.] [3. Le maître est-il un «sauveur«?] [Conclusion]  

 

« un discours par lequel elle entreprend de persuader l'esclave qu'il est juste qu'il en soit ainsi.

C'est ainsi que Rousseau, dans le Contrat social, montre la naissance du prétendu « droit duplus fort».

Tout esclavage se double d'un asservissement des espritsinfiniment plus perfide.

Car alors l'esclave acquiesce à sa propre condition.

Ilreconnaît le maître, parce qu'il est esclave de sa propre ignorance.Inversement, le maître devient esclave de l'esclave : il ne le persuade qu'ens'assujettissant aux préjugés de l'esclave.

Il ne soumet qu'en se soumettant.Cette reconnaissance n'est pas encore suffisante : le maître qui ne possèdeque par la manipulation des esprits, par là même ne possède pas.

S'il se croitmaître, c'est qu'il s'est fait lui-même esclave de l'idéologie par laquelle ilsoumet l'esclave.

Le maître ne se libère alors lui-même qu'en libérantl'esclave.

Il ne devient maître véritable que là où, par une décision libre etéclairée, l'esclave se soumet.

Mais du coup, l'esclave cesse d'être esclave.

Lareconnaissance, de nécessité pour le maître, devient question pour l'esclave.Le maître n'est plus maître que par la volonté de l'esclave, mais par là il estvraiment maître. [3.

La liberté ne se reconnaît pas de maître.] S'il n'y a de maître que par une reconnaissance libre, comment à l'inverse laliberté peut-elle se reconnaître un maître? C'est absurde.

Ainsi Rousseaudémontre cette inanité, dans le domaine politique, en dénonçant lesprétendus contrats par lesquels le peuple abdiquerait tous ses droits à lafaveur d'un monarque qui aurait, du coup, tous les droits.

Un tel suicide de la liberté est-il possible, et quand bienmême il le serait, serait-il permis?Pourquoi n'est-il pas permis de renoncer à sa liberté? Ce n'est certainement pas par une obligation morale que jedois préserver ma liberté, car toute obligation suppose déjà la liberté de lui obéir ou pas.

La liberté n'est pas l'objetd'une obligation morale, mais elle est la condition de toute obligation.

C'est pourquoi l'homme qui renie sa libertérenie ce qui fait de lui un être moral.

II nie son humanité pour se rabaisser au rang des choses qu'on utilise.

On nepeut faire de la liberté un bien que je peux céder, car le «je» qui est ainsi propriétaire de la liberté n'est rien d'autreque la liberté elle-même.

La liberté n'est pas quelque chose de moi ; elle est moi-même.

Nul ne saurait doncreconnaître un maître à sa volonté. [II.

La pensée se reconnaît-elle des maîtres ?] Il découle de ce qui précède que tout homme doit penser par lui-même.

Sans cela, en effet, la liberté ne seraitqu'apparente car je resterais soumis à ceux qui pensent à ma place.

La liberté de la volonté appelle comme soncomplément indispensable la liberté de la pensée.

Être libre dans sa pensée n'est pas seulement pouvoir penser ceque l'on veut, mais penser ce qui est vrai.

Nous devons donc montrer à présent que dans le domaine de la pensée, ilne saurait non plus y avoir de maître.

Pourtant c'est là aussi que le maître va changer de visage : d'oppresseur, ildeviendra libérateur avec l'apparition du rapport maître-disciple. [1.

La pensée ne se reconnaît pas de maître.] Si penser n'est pas un pouvoir qui se délègue, c'est que tout le monde est capable de juger de la vérité et que lavérité n'existe que dans l'épreuve intérieure qu'on en fait.

Cela ne signifie pas que tout ce que je pense est vrai,mais que moi seul peut prendre conscience de mes erreurs.

Cela ne signifie pas non plus que je ne m'instruis pasauprès d'autrui — à l'école, dans les discussions, dans les livres...

— mais apprendre, selon l'image platonicienne,n'est pas remplir une bouteille au robinet d'un tonneau ! Quand, par exemple, j'écoute un maître de mathématiquesfaire une démonstration, le comprendre n'est pas recevoir passivement ses paroles, mais c'est opérer pour soi lecheminement qu'il fait, en ressaisir la nécessité intérieure, la vérité.On peut certes appeler « maître » celui qui instruit beaucoup.

Mais ce que j'apprends du maître, en vérité, je nel'apprends que de moi.

Le maître n'est ici que l'occasion qui provoque le savoir ; il n'en est pas la cause.

C'estpourquoi la fidélité à un maître spirituel ne saurait être l'asservissement à la doctrine de ce maître, mais seulement lafidélité à la fidélité qu'avait le maître à l'égard de la vérité.

Socrate apparaît donc comme la figure par excellence dumaître.

En effet, Socrate est un maître, précisément parce qu'il n'enseigne pas.

Platon nous le présente dans leMénon sous les traits d'une sage-femme qui accouche les esprits à eux-mêmes ! Socrate est maître car il se faitserviteur : il ne cherche qu'à rendre chacun à sa propre pensée. [2.

Le maître nous guide.]Nous débouchons là sur un des paradoxes les plus profonds de la philosophie : voilà que le disciple en sait autantque le maître, et même plus puisqu'il juge de ses paroles.

Platon exprime ce paradoxe dans le mythe de laréminiscence.

Tout homme, malgré son ignorance, est déjà, en un sens, dans la vérité, sans quoi il ne pourraitjamais l'atteindre ni même la chercher.

C'est qu'il l'a apprise dans une vie antérieure.

Tout savoir est donc unressouvenir.

Cela n'est qu'un mythe bien sûr, mais il exprime que le rapport maître-disciple existe d'abord à l'intérieurde moi.

Si je ne dois me soumettre à aucun maître extérieur, c'est parce que j'apprends en moi la vérité.

Nouspouvons dire alors, de manière imagée, qu'il y a en nous un « maître intérieur» qui nous enseigne.Le maître extérieur, Socrate, n'est-il cependant que l'occasion qui conduit à ce maître intérieur? La nature de lavérité tend à le faire croire.

Toute vérité, par son universalité, se pose dans son indépendance à l'égard des. »

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