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Faut-il supposer, au-delà du déterminisme des phénomènes, une liberté métaphysique ?

Publié le 14/04/2009

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En agissant, nous nous croyons libres; en pensant notre action, nous la tenons pour déterminée. De même tout acte humain nous paraît à la fois émaner d'une libre décision et résulter d'un caractère. Faut-il donc, dans le monde des phénomènes, faire une part au déterminisme, une autre à la liberté ? Faut-il supposer, au-delà du déterminisme des phénomènes, une liberté métaphysique? On peut en effet concevoir, au sein même de la nature, une liberté se confondant avec l'absence de déterminisme et, hors de la nature, une liberté posant le déterminisme, liberté qui serait le propre de l'esprit. User de la première, c'est, pour l'homme, abandonner ses jugements à l'indifférence, à la contingence, à l'erreur. Vouloir atteindre la seconde, c'est découvrir en soi l'esprit, et faire effort pour s'y soumettre tout entier.

  • A. - Liberté et nécessité

a) Comme le remarque Renouvier, «l'homme se croit libre: en d'autres termes, il s'emploie à diriger son activité comme si les mouvements de sa conscience et, par suite, les actes qui en dépendent... pouvaient varier par l'effet de quelque chose qui est en lui et que rien, non pas même ce que

lui-même est avant le dernier moment qui précède l'action, ne prédétermine «.

 

Notre

croyance en la liberté repose :

 

1.

Sur une sorte d'expérience intérieure que nous en avons (nos actes volontaires nous apparaissent en effet comme libres). Certains philosophes, tel Descartes, ont considéré cette expérience intérieure comme suffisant à établir notre liberté.

 

2. Sur les nécessités de l'action (nous ne pouvons agir qu'en nous croyant libres).

3. Sur les exigences de la morale. Si l'homme n'est pas libre en effet, comment parler de devoir, de responsabilité?

« déterminisme psychologique n'est-il pas un déroulement aveugle de causes et d'effets.

La prise de conscience destendances, des motifs et des mobiles, l'effort de réflexion fait pour concilier les forces contradictoires qui setrouvent en nous, pour découvrir l'acte qui satisfera le plus grand nombre de nos tendances, ou les plus profondesd'entre elles, tout cela joue, dans le processus volontaire, un rôle déterminant.

Mais l'acte volontaire est bien«causé» par ces facteurs et, en dernière analyse, par nos tendances. La psychologie ne peut sortir de ce point de vue.

Elle est science, et ne s'exerce qu'en découvrant des lois, qu'enappliquant le déterminisme.

Invoquer un pouvoir lui-même non déterminé, c'est renoncer à l'explication, et doncabandonner le point de vue de la science.

Si donc, pour la psychologie, nous pouvons résister à nos impulsions, ànos penchants, à nos tendances, ce n'est pas en leur opposant un pouvoir absolu, mais d'autres forces psychiques.C'est parce que nos tendances sont multiples et contradictoires, c'est parce qu'elles nous portent vers des butsdifférents qu'elles font naître la réflexion sur les actes, la délibération volontaire.

En cette délibération peuventl'emporter des tendances altruistes, sociales, impersonnelles ; en cette délibération joue notre raison qui estexigence d'impartialité, d'objectivité.

Mais on ne peut voir en tout cela que des forces psychiques, et l'acte résultebien des forces en présence.

Tout ce que l'on peut dire, par conséquent, c'est que la prise de conscience destendances a un pouvoir déterminant sur nos actions.

Sans cette prise de conscience, en effet, nos actes seraientdifférents de ce qu'ils sont, une tendance secondaire pouvant, à la faveur des circonstances, triompher aux dépensde tendances plus profondes, mais moins actuelles. Mais la conscience tend à dépasser le point de vue de la science.

Elle pense les limites de la science, et aperçoit ledéterminisme comme une des exigences constitutives de l'esprit connaissant.

Elle trouve en elle d'autres exigences,et celle d'une liberté qui ne se réduirait pas au déterminisme.

La synthèse volontaire résulte-t-elle vraiment desforces en présence? Ne dépend-elle pas d'un moi plus profond? Pourquoi est-elle différente chez tel ou tel hommeet, en moi-même, selon les instants? N'y a-t-il pas là la marque de quelque choix, supérieur aux forces données? Etsi un tel choix n'a pas lieu, la personne humaine peut-elle être tenue pour responsable de ses actions ? c) Ainsi, la conscience s'oriente vers l'affirmation d'une liberté supérieure aux données empiriques qui constituent lemoi.

Chez Bergson, par exemple, la liberté ne consiste point en une création pure.

Elle est « le rapport du moiconcret à l'acte qu'il accomplit».

L'acte libre est celui qui émane du moi et reflète sa totalité.

Mais ce que Bergsonentend par le moi, c'est la durée elle-même, le progrès dynamique de la conscience, où il voit avant tout un élan,une production imprévisible, une spontanéité.

La liberté, dit Bergson, « ne consiste pas à dépendre de soi comme uneffet dépend de la cause qui le détermine nécessairement».

La conception bergsonienne de la liberté est donc touteproche de celle du libre arbitre. d) On peut en effet se représenter l'action comme affranchie de toutes les contraintes, de tous les ordres decausalité, quels qu'ils soient.

On parvient ainsi à l'idée du libre arbitre, qui serait la «puissance d'agir sans autrecause que l'existence même de cette puissance, c'est-à-dire sans aucune raison relative au contenu de l'acteaccompli» (Lalande).

L'acte libre constitue ici un commencement absolu.

Mais il faut remarquer qu'une telle libertén'est pensable que négativement (c'est-à-dire comme étant indépendante de tout déterminisme).

Nous ne saurionsnous faire une idée quelconque du pouvoir positif dont elle émane.

De l'aveu même de Bossuet, nous croyons à laliberté d'indifférence parce qu'il y a des actions auxquelles nous ne pouvons trouver de raison.

Non seulement doncla liberté ainsi conçue suppose la contingence, mais, pour notre connaissance, elle se confond avec elle. On voit ainsi que la véritable liberté est impensable, et ne peut être affirmée que dans un ordre métaphysique.

Etpourtant notre conscience exige cette liberté, qu'elle ne peut penser.

Si, par exemple, nous considérons le problèmede la responsabilité morale, il est clair qu'elle suppose, dans l'homme, un pouvoir de choix absolu, extérieur aucaractère donné, et même déterminant ce caractère.

(Dans un plan purement scientifique, l'acte d'un méchantrésulte de la méchanceté de son auteur, et celle-ci est donnée, à titre de caractère : comment, dès lors, pourrait-on blâmer le méchant?) Et supposer, avecPlaton, que l'âme a choisi, avant la vie, son caractère même, ne fait que reculer le problème.

Comment concevoir eneffet le choix de l'âme ? Ou l'âme qui a choisi avait une nature selon laquelle elle a choisi (et, dans ce cas, elle n'estpas responsable, et l'on rencontre la même difficulté qu'auparavant), ou elle n'avait point de nature, et, dans cecas, il semble qu'elle ne fût rien : elle est inconcevable, et son choix demeure incompréhensible.

Il faut doncreconnaître à la fois que la conscience exige la liberté, et qu'elle ne peut la concevoir.

Pour notre connaissance,l'idée de liberté se réduit à l'idée de contingence, idée purement négative. Néanmoins, nous comprenons que, pour qu'il puisse y avoir liberté, il faut qu'il y ait, dans la Nature, quelquecontingence.

Il faut donc considérer à présent le domaine de la connaissance, et examiner si l'on peut y admettrede la contingence, et en quel plan. C.

- Nécessité et déterminisme Beaucoup de doctrines nient toute contingence, et donc toute liberté. a) Nous n'insisterons pas ici sur les doctrines fatalistes, du reste plus religieuses que philosophiques, selon lesquelles« tout est fixé l'avance ».

Elles sont hypothétiques, et ne nient la liberté humaine qu'au nom d'une volontéarbitraire, plus puissante que celle des hommes.

Il en est de même des thèses qui rejettent la liberté comme étantincompatible avec la préscience de Dieu.

Rien ne peut établir philosophiquement que le cours du monde soitd'avance connu et fixé.. »

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