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Fiche de cours en philo : LA FORMATION DES CONCEPTS SCIENTIFIQUES .

Publié le 02/08/2009

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SUJETS DE BACCALAURÉAT    — En quoi consiste l'objectivité scientifique?  — L'objectivité est-elle le privilège du discours scientifique?  — L'idée de nature est-elle un concept scientifique?  — Avoir une idée et construire un concept, est-ce la même chose?        

• Un concept scientifique est un véritable instrument ayant un rôle opératoire dans les sciences. Ne le confondez pas avec l'idée abstraite. Ce qui entrave la formation des concepts scientifiques, ce sont des obstacles (§ 2 à 7), des résistances quasi inconscientes inhérentes à la connaissance elle-même qui peine à s'affranchir de son expérience spontanée. • Le concept, cet instrument phénoménal, se distingue de l'idée abstraite et générale (1). • Il faut penser la connaissance scientifique en termes d'obstacles épistémologiques (§ 2) comme l'a fait Bachelard, qui a mis en évidence les obstacles constitués par l'expérience première (§ 3), la substance (§ 4), le principe vital (§ 5), la libido (§ 6) et l'habitude verbale (§ 7). • La formation du concept scientifique d'électricité est retracée dans le paragraphe 8. • Un concept scientifique est donc une conquête (conclusion) et non une donnée.

« Le complexe qu'il faudrait dissoudre est le complexe du petit profit qu'on pourrait appeler, pour être bref le complexed'Harpagon.

C'est le complexe du petit profit qui attire l'attention sur les petites choses qui ne doivent pas seperdre.

Car on ne les retrouve pas si on les perd.» (Bachelard, op.

cit.) V — Quelques obstacles c - L'obstacle animisteL'obstacle animiste n'est pas moins important.

Le chercheur pré-scientifique aperçoit, en effet, la vie dans tous lesphénomènes.

C'est le «principe vital» qu'il invoque.

Ainsi, à l'époque préscientifique, le fluide électrique apparaît-ilcomme une matière vive mouvant tout l'univers, les astres comme les plantes, source de tout essor et de toutecroissance.

Quand une substance cesse d'être animée, elle perd alors quelque chose de fondamental et d'essentiel.On voit que les différents obstacles épistémologiques se rejoignent et se retrouvent l'un dans l'autre.«Le mot vie est un mot magique.

C'est un mot valorisé.

Tout autre principe pâlit quand on peut invoquer un principevital.» (Bachelard, op.

cit.) VI — Quelques obstacles d - La libidoLa libido, elle aussi, et les sentiments qu'elle inspire constituent, montre Bachelard, une entrave pour l'espritscientifique et la formation de concepts rigoureux.

En effet, les pensées sexuelles ne sont pas absentes de larecherche et du rapport à l'expérience.

Une réaction chimique où entrent en jeu des corps différents est d'embléesexualisée.

La sympathie toute sexuelle pour les phénomènes chimiques constituent un obstacle à l'espritd'objectivité véritable.

Penser scientifiquement, c'est en quelque sorte désexualiser la recherche.« En enseignant la chimie, j'ai pu constater que, dans la réaction de l'acide et de la base, la presque totalité desélèves attribuaient le rôle actif à l'acide et le rôle passif à la base.

En creusant un peu dans l'inconscient, on netarde pas à percevoir que la base est féminine et l'acide masculin.» (Bachelard, op.

cit.) VII — Quelques obstacles e - L'habitude verbaleEnfin, Bachelard caractérise l'habitude verbale comme un obstacle majeur à la pensée scientifique.

Ici, c'est le motqui entrave la science : ainsi celui d'éponge, qui fascina le xviiie siècle parce qu'il semblait promettre l'expression etla compréhension de phénomènes variés.

Le physicien et naturaliste Réaumur, inventeur du thermomètre qui porteson nom, comparait l'air à de l'éponge, expliquant sans fin le réel par le «caractère spongieux », comme si la«spongiosité» donnait la clef des choses.« On trouverait facilement des exemples où l'on rejoindrait...

insensiblement les intuitions substantialistes.

L'épongea alors une puissance secrète, une puissance primordiale...

«La Terre est une éponge et le réceptacle des autresÉléments ».

Un accoucheur du nom de David juge utile cette image : le sang est une espèce d'éponge imprégnée defeu.» (Bachelard, op.

cit.) VIII — Évolution d'un concept : la capacité électrique Ainsi, les concepts scientifiques se forgent progressivement contre l'expérience première, contre les obstaclessubstantialistes, animistes, verbaux, sexuels, etc.

On pourrait suivre pas à pas la production des concepts dans letemps et les voir se former contre les préjugés de la raison naïve.

Ainsi, jusqu'au xviiie siècle, l'électricité est d'abordliée à des objets empiriques déterminés (verre, résine...

; le terme d'électricité vient d'ailleurs du mot latin electrum: ambre).

Elle est, à cette époque, fortement tributaire d'une sorte de sensualisme (une jeune fille, sur un tabouretisolant, distribue des baisers...

électriques).

L'électricité, en tant que phénomène indépendant et en tant queconcept, va se détacher peu à peu de ces connotations sensibles.

D'abord reconnue comme un fluide (d'où lesnotions de capacité électrique, puis de courant), elle va, progressivement, accéder au xixe siècle, au concept dechamp attaché à une charge, porteur de force et d'énergie.

Simultanément, ces abstractions successives setraduiront par des formules de calcul qui commanderont toute recherche et toute technique.ConclusionAinsi le concept scientifique s'engendre progressivement en surmontant les différents obstacles épistémologiquesénumérés et en rompant avec les théories régnantes.

Un concept est une longue conquête. SUJETS DE BACCALAURÉAT — En quoi consiste l'objectivité scientifique?— L'objectivité est-elle le privilège du discours scientifique?— L'idée de nature est-elle un concept scientifique?— Avoir une idée et construire un concept, est-ce la même chose?. »

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