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Hegel et la liberté

Publié le 11/01/2004

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hegel
On dit volontiers : mon vouloir a été déterminé par ces "mobiles", circonstances, excitations et impulsions. La formule implique d'emblée que je me sois ici comporté de façon passive. Mais, en vérité, mon comportement n'a pas été seulement passif ; il a été actif aussi, et de façon essentielle, car c'est mon vouloir qui a assumé telles circonstances à titre de mobiles, qui les fait valoir comme mobiles. Il n'est ici aucune place pour la relation de causalité. Les circonstances ne jouent point le rôle de causes et mon vouloir n'est pas l'effet de ces circonstances. La relation causale implique que ce qui est contenu dans la cause s'ensuive nécessairement. Mais, en tant que réflexion, je puis dépasser toute détermination posée par les circonstances. Dans la mesure où l'homme allègue (1) qu'il a été entraîné par des circonstances, des excitations, etc., il entend par là rejeter, pour ainsi dire, hors de lui-même sa propre conduite, mais ainsi il se réduit tout simplement à l'état d'essence non-libre ou naturelle, alors que sa conduite, en vérité, est toujours sienne, non celle d'un autre ni l'effet de quelque chose qui existe hors de lui. Les circonstances ou mobiles n'ont jamais sur les hommes que le pouvoir qu'il leur accorde lui-même.

QUESTIONS INDICATIVES • Pourquoi, selon Hegel, mon vouloir « a été aussi actif, et de façon essentielle « ? — Importance dans le raisonnement de la notation : « La relation causale implique que ce qui est contenu dans la cause s'ensuive nécessairement «? — Importance de la notation : « en tant que capable de réflexion « ? • Quelle est la fonction de l'avant-dernière phrase du texte ? Est-elle nécessaire à l'argumentation de Hegel ? • Hegel « multiplie-t-il « les arguments ? Si oui comment se fait-il (pour quelles raisons) les multiplie-t-il ? • Qu'est-ce qui doit être admis pour que la thèse de Hegel soit à l'abri de toute mise en cause ? • Qu'est-ce qui est en jeu dans ce texte ? • Que pensez-vous de la thèse et de l'argumentation de Hegel ?  

 DIRECTIONS DE RECHERCHE • En quoi peut-on soutenir que « la formule indique... que je me suis comporté de façon passive « ? • Est-ce que Hegel énonce que « mon comportement a été entièrement actif « ? • Pour quelles raisons, selon Hegel, peut-on dire que « mon comportement... a été actif... de façon essentielle « ? — Que pensez-vous de son argumentation ? — Quelles assertions implicites doivent être admises pour que l'argumentation soit convaincante ? • Comment comprenez-vous et que pensez-vous de l'assertion « en tant que réflexion, je puis dépasser toute détermination posée par les circonstances « ? • Quel est « l'enjeu « de ce texte ? En quoi est-il « philosophique « ? • Que pensez-vous de la thèse et de l'argumentation de Hegel ?  

 

Les notions de mobile, nécessité et vouloir jouent un rôle essentiel ici et doivent donc être expliquées avec beaucoup de soin. Elles sont fondamentales dans l'architecture assez simple de ce teste qui contient trois parties: la première insiste sur le caractère actif du vouloir, la deuxième veut montrer que la nécessité des choses ne joue pas un rôle déterminant, la troisième amène à conclure que la conduite de l'homme ne dépend que de lui.

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« L'enjeu apparaît aussitôt : c'est la liberté de l'homme, et l'indépendance de ce dernier devant ce monde. II - UNE DÉMARCHE POSSIBLE. A - LES MOMENTS DU TEXTE Dans un premier moment (jusqu'à "valoir comme mobiles"), Hegel oppose deux interprétations possibles de laconduite humaine. D'une part, l'interprétation spontanée, dans le langage courant, des mobiles comme "déterminant" ma volonté, qui,de ce fait, se croit volontiers passive, voire victime des circonstances. D'autre part, Hegel affirme au contraire la dimension irréductiblement active ("de façon essentielle") de la volontédans son rapport aux mobiles. Le deuxième moment donne les raisons qui rendent nécessaire cette seconde interprétation : La première est que la "relation de causalité" ne convient pas à la définition de ce rapport. La seconde est que la "réflexion", essentielle à l'homme, "dépasse" le plan des "déterminations" objectives issues dumonde. Le dernier moment (de "dans la mesure" à la fin du texte) tire les conséquences de l'autonomie essentielle de lavolonté face aux circonstances : Ma conduite est ma propriété exclusive ("toujours sienne"), non pas au sens où j'en suis le seul juge et où jepourrais être indifférent à son effet sur le monde, mais au contraire, au sens où je ne peux me soustraire à maresponsabilité, en invoquant pour justifier ma conduite la force supérieure des circonstances. B - TERMES ET ARGUMENTS A SOULIGNER Le terme "assumé" : Hegel ne dit pas, dans ce texte, qu'il existe un dualisme radical entre liberté et monde, commesi la liberté existait en dehors du monde, et pouvait être indifférente ou insensible à ce dernier. Ce terme indique au contraire que l'emprise ou la présence pesante des circonstances extérieures se fait sentir à lavolonté, mais que celle-ci est la source subjective devant laquelle et pour laquelle l'extériorité acquiert une force quiagit sur l'intériorité du sujet. Dans le deuxième moment, "nécessairement" est un adverbe qui s'applique à la "relation de causalité". Appliqué à la conduite, il signifierait que le "contenu" de celle-ci est dérivé des circonstances, comme le contenu de"l'effet" est dérivé du contenu de la "cause". "Essence non-libre ou naturelle" : l'homme se comprend ainsi lui-même quand il cherche à se "déresponsabiliser"("rejeter hors de lui-même sa propre conduite"). III - LES RÉFÉRENCES UTILES. On pouvait comparer, sans les identifier, ce texte de Hegel avec la conception kantienne de la liberté ( Fondementsde la Métaphysique des Moeurs, deuxième section). Kant comme Hegel conçoivent la liberté comme une source originaire d'action, indérivable de l'expérience. Mais tandis que Kant rattache l'autonomie de la volonté à sa capacité de se mettre en forme et en action selon lesnormes de la raison, Hegel ne donne pas à la liberté de limite interne. En ce sens, la liberté selon Hegel est une instance plus radicale que chez Kant. Mais il en résulte une difficulté qu'il ne fallait pas manquer de soulever : à trop rendre l'homme libre de donner auxcirconstances le sens qu'il veut (cf.

la dernière phrase du texte), Hegel ne sombre-t-il pas dans une conceptionindividualiste de la liberté ? IV - LES FAUSSES PISTES. Souligner exclusivement le risque, présent dans ce texte, d'une réduction subjectiviste et individualiste de la liberté,. »

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