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HEGEL: L'art comme imitation de la nature.

Publié le 23/04/2005

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hegel
Quel but l'homme poursuit-il en imitant la nature ? Celui de s'éprouver lui-même, de montrer son habileté et de se réjouir d'avoir fabriqué quelque chose ayant une apparence naturelle. Mais cette joie et cette admiration de soi-même ne tardent pas à tourner en ennui et mécontentement, et cela d'autant plus vite et plus facilement que l'imitation reproduit plus fidèlement le modèle naturel. Il y a des portraits dont on a dit assez spirituellement qu'ils sont ressemblants jusqu'à la nausée. D'une façon générale, la joie que procure une imitation réussie ne peut être qu'une joie très relative, car dans l'imitation de la nature le contenu, la matière sont des données qu'on n'a que la peine d'utiliser. L'homme devrait éprouver une joie plus grande en produisant quelque chose qui soit bien de lui, quelque chose qui lui soit particulier et dont il puisse dire qu'il est sien. Tout outil technique, un navire par exemple ou, plus particulièrement, un instrument scientifique doit lui procurer plus de joie, parce que c'est sa propre oeuvre, et non une imitation. Le plus mauvais outil technique a plus de valeur à ses yeux ; il peut être fier d'avoir inventé le marteau, le clou, parce que ce sont des inventions originales, et non imitées. L'homme montre mieux son habileté dans des productions surgissant de l'esprit qu'en imitant la nature. HEGEL

Partant d'exemples tirés de l'art (le portrait) et terminant en se référant aux « outils techniques «, Hegel propose une réflexion sur l'activité technique au sens le plus large, en se demandant quel aspect de cette activité procure à l'artiste ou à l'artisan la joie la plus profonde. Son but est de démontrer que ce n'est pas l'imitation de la nature qui apporte une telle joie mais plutôt la création originale.  Il procède a contrario, en commençant par étudier ce qu'apporte l'imitation de la nature. Il évoque très brièvement la joie que l'imitateur tire de son habileté, pour souligner puis expliquer l'aspect fugitif et décevant de cette joie : finalement, l'imitateur a produit, mais n'a pas créé. Hegel peut alors par contraste montrer en quoi réside la fonction la plus haute de l'art et de la technique aboutir à des créations portant la marque de la liberté et de l'esprit humains.

hegel

« l'invention et de la réalisation.

C'est la joie de l'ouvrier et celle du concepteur.

C'est en ce sens que l'on peutparler d'une fécondité du créateur, père de son oeuvre qui est « bien de lui » comme peut l'être un enfantqui, appelé à une vie autonome, porte néanmoins la marque de ses parents.Prenons l'exemple de l'instrument de mesure scientifique : il témoigne du génie de l'homme de science qui, àpartir d'une théorie, a su concevoir le dispositif à la fois adapté à la réalité du phénomène à mesurer et àl'abstraction de la théorie qui prédit ce que l'on doit trouver comme mesure.

Le contempler ne revient pas àcontempler une deuxième fois la nature mais simultanément à apprendre des choses sur la nature et àadmirer l'esprit humain et le talent du créateur. Imiter, n'est-ce pas pourtant créer ? Mais l'imitation de la nature ne demeure-t-elle pas d'une certaine façon une création ? Comme l'artiste quiveut peindre une nature morte ne peut pas utiliser les mêmes moyens que la nature elle-même, il devratrouver des procédés permettant de saisir le grain de telle écorce, le luisant de telle plume, etc.

Il pourraégalement choisir la disposition, la lumière.

On trouve dans les musées des natures mortes qui nereprésentent rien d'autre que des réalités naturelles mais qui sont d'authentiques oeuvres d'art. Imitation et évocation C'est qu'il y a une grande différence entre peindre une nature morte et réaliser une fausse tarte au citronpour une devanture de pâtissier ! C'est dans le second cas seulement que l'on peut véritablement parlerd'imitation.

On ne peut alors que remarquer que « l'on s'y tromperait », que le « trompe-l'oeil » estparfaitement réussi.

Mais au-delà de cette fonction de ressemblance, il n'y a plus rien à remarquer.

Aucontraire, la nature morte n'est pas imitation mais évocation, c'est-à-dire qu'elle a déjà une valeurmétaphorique, elle est une poétisation de la nature.

C'est dans cette mesure qu'elle apporte plus de joie àl'artiste. HEGEL (Friedrich-Georg-Wilhelm).

Né à Stuttgart en 1770, mort à Berlin en 1831. Il fit des études de théologie et de philosophie à Tübingen, où il eut pour condisciples Hölderlin et Schelling.

Il futprécepteur à Berne de 1793 à 1796, puis à Francfort de 1797 à 1800.

En 1801, il devient privat-dozent à l'Universitéd'Iéna puis, les événements militaires interrompirent son enseigne- ment, et il rédigea une gazette de province.

En1808, il fut nommé proviseur et professeur de philosophie au lycée classique de Nuremberg.

De 1816 à 1818, ilenseigna la philosophie à l'Université de Heidelberg ; enfin.

à Berlin, de 1818 à sa mort.

due à une épidémie decholéra.

Peu de philosophes ont eu une influence aussi considérable que celle qu'exerça Hegel.

Peu aussi furent plussystématiques dans l'expression de leur pensée.

L'idéalisme hégélien part d'une conception de la totalité.

Le Toutest l'unité des opposés, la non-contradiction.

Mais la réalité est contradictoire, parce qu'elle est vivante, et viceversa.

L'étude du développement des notions universelles qui déterminent la pensée, constitue la logique.

Réel etrationnel (la réalité est raisonnable et le raisonnable est réel), être et pensée, se concilient dans l'idée, principeunique et universel.

L'idée, c'est l'unité de l'existence et du concept.

« Nous réserverons l'expression Idée auconcept objectif ou réel, et nous la distinguerons du concept lui-même, et plus encore de la simple représentation.» Le développement de l'Idée détermine l'être.

La science étudie ce développement la logique en précise les lois, quisont la contradiction et la conciliation des contraires.

Le mouvement de l'idée, qui se traduit par la marche de lapensée, procède par trois étapes successives : la thèse, l'antithèse qui est sa proposition con- traire, et lasynthèse, qui concilie les deux, les dépasse.« La synthèse, qui concilie les opposés, ne les nie pas.» Ce mouvementde la pensée est la dialectique.

Le développement dialectique de l'idée engendre la Nature (qui est le développe-ment du monde réel extérieur à l'idée) et l'Esprit ; il explique l'ordre et la suite nécessaire des choses.

La philosophiede l'Esprit, selon Hegel, se divise en trois parties : l'esprit subjectif (anthropologie, phénoménologie, psychologie),l'esprit objectif (droit, moralité, moeurs) et l'esprit absolu (art, religion, philosophie).

L'Esprit est l'intériorisation de laNature.

On retrouve dans les trois notions d'Idée, de Nature et d'Esprit, le schéma parfait de la dialectique.

L'Idéeest la pensée absolue, pure et immatérielle.

La Nature est sa dissolution, dans l'es- pace et dans le temps.

L'Espritest le retour de l'absolu sur lui-même ; il devient la pensée existant pour elle-même.

Hegel définit l'histoire « ledéveloppement de l'esprit universel dans le temps ».

L'État représente alors l'idée ; les individus ne sont que lesaccidents de sa substance.

Les guerres conduisent à la synthèse, qui est la réalisation de l'idée.

L'histoire a un sensdernier, auquel contribuent le passé et le présent.

Ce qui réussit est bien.

La force est le symbole du droit.

C'estcertainement par sa philosophie de l'histoire —« la philosophie est compréhension du devenir » — que Hegel a laissélibre cours aux plus diverses interprétations.

L'hégélianisme de droite (représenté de nos jours par M.

H.

Niel)effectue un retour vers un théisme chrétien traditionnel ; c'est le courant qui se développa surtout en Angleterre,avec Bradley et Boyce.

L'hégélianisme de gauche (que M.

A.

Kojève représente actuellement) s'est orienté versl'athéisme.

Il connut une grande faveur en Allemagne et en Russie, avec Feuerbach, Karl Marx et A.

Herzen.

On peut. »

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