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HISTOIRE ET PHILOSOPHIE

Publié le 18/01/2020

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histoire

L’histoire de la philosophie

Entre l’histoire et la philosophie, l’opposition a été fortement marquée en particulier par Schopenhauer : «L’histoire nous enseigne qu’à chaque moment il a existé autre chose ; la philosophie s’efforce au contraire de nous élever à cette idée que, de tout temps, la même chose a été, est et sera» (Le Monde comme volonté et représentation, 18191959). De son côté Hegel notait :

«Il semble qu’il y ait opposition entre philosophie et histoire : celle-ci se tient au fait et au donné et est d’autant plus vraie qu’elle s’y tient ; la philosophie au contraire n’a affaire qu’à sa propre pensée, elle produit d’elle-même la spéculation sans avoir égard à ce qui est. Qu’elle se tourne vers l’histoire, et elle la traitera comme une matière qu’elle reconstruira à son gré et a priori. » '

Hegel, Histoire de la philosophie, XV.

Il existe cependant une histoire de la philosophie ainsi qu’une philosophie de l’histoire : sont-elles antinomiques ou complémentaires ?

La conception, le statut, la possibilité même d’une histoire de la philosophie constituent un important problème philosophique. En effet, si (comme le prétend l’histori-cisme) la philosophie n’est qu’un phénomène culturel épisodique entièrement déterminé par des conditions historiques et sociales, alors l’universalité et la nécessité du vrai disparaissent quotidiennement à l’horizon. Si tout est historique, c’est-à-dire soumis au changement, à quoi bon la philosophie, certes, mais aussi à quoi bon l’histoire? Oublions les erreurs d’hier, si les vérités d’aujourd’hui ne sont que les erreurs de demain. Si tout est historique, la vérité ne peut plus être prise comme objet de recherche, pas même de recherche historique. Dès lors la philosophie se confond entièrement avec son histoire, mais celle-ci ne peut pas être pensée car

«Il est aussi fou de s’imaginer qu’une philosophie quelconque dépassera le monde contemporain que de croire qu’un individu sautera au-dessus de son temps, franchira le Rhodus. »

Hegel, Principes de la philosophie du droit, Gallimard, p. 31.

Et cependant je donnerais volontiers quelques années de ce Goethe “épuisé” en échange de charretées entières de vies alertes et hypermodemes rien que pour pouvoir encore bénéficier de conversations comme celles que Goethe avait avec Eckermann. »

Nietzsche, Considérations inactuelles, II, 1.

Ainsi le sens historique et sa négation sont également nécessaires à la santé d’un individu, d’une nation, d’une civilisation. Car l’histoire - qui fait mourir Raphaël à 36 ans - nous en conserve en revanche le souvenir, comme elle garde paradoxalement la mémoire de tous ceux qui ont été de grands lutteurs contre l’histoire, c’est-à-dire contre la puissance aveuglément destructrice du réel. C’est l’Histoire qui se nie elle-même en sortant du lot les personnalités vraiment historiques qui, au lieu de se laisser emporter par «la force des choses», en disant : «C’est ainsi», ont affirmé fièrement : « Voilà ce qui doit être », prenant ainsi la responsabilité de donner un sens à leur destin.

On a reproché à Hegel d’avoir été infidèle à son intuition de l’historicité. On ne saurait en tout cas lui reprocher, pas plus qu’à Auguste Comte, de réduire F histoire de la philosophie à l’exploration du milieu social, de l’environnement et de la situation historique qui ont présidé à l’éclosion des grandes œuvres, ce qui reviendrait à vouloir reconstituer l’arbre vivant à partir de la sciure de bois.

Si l’esprit historique paraît ainsi dissoudre la philosophie alors qu’il prétend la mieux connaître, l’esprit philosophique ne semble pas moins ruineux à l’égard des prétentions de l’historien, auquel il demande ce que peut signifier un «commencement» et surtout une «fin» de l’Histoire». En revanche, une histoire «des lenteurs de l’Histoire», l’histoire des mentalités, qui cherche à atteindre, comme l’ethnologie, le niveau le plus stable, le plus immobile des sociétés est déjà, en quelque sorte une activité philosophique visant à découvrir le substrat du changement. Car, « de ce qui est proprement humain, écrit Kierkegaard, il n’y a pas d’histoire».

Le grand aphorisme .

La philosophie positive de l’Histoire repose sur le «grand aphorisme» énoncé par Auguste Comte, à savoir : «la préexistence nécessaire, sous forme plus ou moins latente, de toute disposition vraiment fondamentale, en un état quelconque de l’Humanité».

. A. Comte, Cours de philosophie positive, V, 54.

Le commencement et la fin de l’Histoire

Les ouvrages historiques les plus ambitieux annoncent : « des origines à nos jours ». Mais ces « origines » se déplacent au fur et à mesure que l’histoire progresse - et « de nos

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