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Justice

Publié le 07/02/2018

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LA JUSTICE Introduction : On ne confondra pas les différents sens du terme de justice. Beaucoup de faux problèmes naissent de leur confusion. • La justice comme idée, ou idéal, désigne un principe d’action. • La justice comme vertu désigne une qualité ou une disposition de l’homme juste. • La justice désigne enfin une institution, elle renvoie alors à ensemble des tribunaux, des juridictions qui rendent des décisions dites « de justice ». La justice, c’est fondamentalement pour nous l’égalité. Mais cette idée n’a cependant pu se dégager que très progressivement et tardivement. Ainsi, si chez Aristote, la notion de justice renvoie déjà à celle d’égalité, de proportionnalité, c’est le christianisme qui a par la suite contribué à installer cette idée de la justice comme égalité en droit entre les hommes. Mais avant cela, chez Platon, la justice, vertu cardinale, est d’abord conçue comme un principe d’ordre : la justice (dikê) répond à la démesure (hubris) qui porte atteinte à l’harmonie du monde. La cité athénienne à laquelle Platon se réfère est celle où la justice ne représente qu’un effet de contrainte, et un pis-aller. Néanmoins, la justice pure et idéale garde toute sa pertinence et l’ordre parfait de la justice trouvera son expression achevée dans la Cité idéale dont rêve Platon dans la République. L’idée d’égalité des personnes est donc chrétienne. Chez Kant, la justice se fonde sur l’imminente dignité de la personne, et en cela, il contribue à faire progresser une notion de justice idéale que Proudhon développera dans son œuvre. Enfin, Marx verra dans la notion de justice une simple expression idéologique de la classe dominante. I- La justice, norme idéale du droit et principe du droit. La justice, du latin, justicia, de justus, juste, c’est la norme idéale qui définit le droit ( le substantif, droit correspond plutôt au latin jus). Mais qu’est- ce que la justice exprime plus exactement ? Elle renvoie essentiellement à une certaine égalité. C’est le cas chez Aristote ( 384 av JC-322 av JC) et ses successeurs, comme Thomas d’Aquin (1228-1274). Dans La Politique et le livre V de l’Ethique à Nicomaque d’Aristote, on trouve la distinction entre trois formes de justice : • La justice commutative ou « corrective », qui préside aux échanges et qui repose sur l’égalité arithmétique pour déterminer ce qui est dû à chacun (exemple, dans le commerce, échange juste entre particuliers eux-mêmes considérés comme égaux @ • a=a). • La justice distributive, qui est proportionnelle au mérite, à la capacité et au rang de chacun dans la cité (exemple, la répartition des honneurs dans la cité). Il y a bien encore égalité, mais égalité proportionnelle de type géométrique ( a/b=c/d et non a=b) • La justice répressive, qui envisage les sanctions (exemple, proportionnalité de la peine et du délit, par opp. à la vengeance). Dans tous les cas, c’est toujours une certaine forme d’égalité (simple ou proportionnelle) qui est à l’œuvre. « Le juste qui ne concerne que la distribution des ressources communes de la société doit toujours suivre la proportion que nous venons d’expliquer. Quand il s’agit de partager les !1 richesses sociales, cette répartition a lieu précisément dans le même rapport qu’ont entre elles les parts apportées par chacun. L’injuste, c’est-à-dire l’opposé du juste ainsi conçu, est ce qui serait contraire à cette proportion […] Le juge s’efforce de rétablir l’équité, car lorsque l’un a été frappé et l’autre a porté les coups, lorsque l’un tue et que l’autre meurt, le dommage éprouvé d’une part et l’action produite de l’autre n’ont entre eux aucun rapport d’égalité ; et le juge, par la peine qu’il impose, essaie d’égaliser les choses en en ôtant à l’une des parties le profit qu’elle a fait […] Le juge nous apparaît comme la justice vivante et personnifiée. On recherche un juge comme un intermédiaire et l’on donne même parfois aux juges le nom de médiateurs, en signifiant par là que, lorsqu’on parvient à l’intermédiaire, on parvient à obtenir la justice […] Le juge tient la balance entre ces deux parties. » Aristote, Ethique à Nicomaque, Livre V. C’est cette idée d’égalité, d’abord latente dans l’Antiquité chez quelques auteurs, qui devient plus explicite et claire avec le christianisme jusqu’à nos jours. « La justice, c’est l’égalité. Je n’entends point par là une chimère, qui sera peut-être quelque jour ; j’entends ce rapport que n’importe quel échange juste établit aussitôt entre le fort et le faible, entre le savant et l’ignorant, et qui consiste en ceci que, par un échange profond et entièrement généreux, le fort et savant veut supposer dans l’autre une force et une science égales à la sienne. Ce sentiment est l’âme des marchés […] Le gain égal dans les échanges est ici la règle suprême ». Alain, Eléments de philosophie. II- La justice comme principe d’ordre harmonieux. Les réflexions de Platon (428 av JC-348 av JC) montre bien comment cette idée d’égalité qui émerge pourtant chez son disciple Aristote, peine à s’imposer dans l’Antiquité. Pour parvenir à l’idée d’une égalité de personne, il faudra l’avènement du christianisme. Chez Platon, la justice, c’est en effet d’abord la vertu de l’ordre. La cité juste dont rêve Platon dans sa République est régie par le principe d’un ordre harmonieux : chaque classe sociale y exécute s...

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