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Kant, Critique de la raison pure: Le schème

Publié le 22/03/2015

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« Le schème(a) n'est toujours par lui-même qu'un produit de l'imagination, mais comme la synthèse de l'imagination(b) n'a pour but aucune intuition particulière, mais seulement l'unité dans la détermination de la sensibilité, il faut bien distinguer le schème de l'image. Ainsi, quand je dispose cinq points les uns à la suite des

autres • c'est là une image du nombre cinq. Au contraire, quand je ne fais que penser un nombre en général, qui peut être cinq ou cent, cette pensée est la représentation d'une méthode pour représenter une multitude (par exemple mille) dans une image, conformément à un certain concept, plutôt que cette image même, qu'il me serait difficile, dans le dernier cas, de comparer au concept. Or, c'est cette représentation d'un procédé général de l'imagination pour procurer à un concept son image que j'appelle le schème de ce concept...

Dans le fait nos concepts sensibles purs n'ont pas pour fondement des images des objets, mais des schèmes. Il n'y a pas d'image d'un triangle qui puisse être jamais adéquate au concept d'un triangle en général. En effet aucune image n'atteindrait la généralité du concept(c) en vertu de laquelle celle-ci s'applique à tous les triangles, rectangles ou non, mais elle serait toujours restreinte à une seule partie de cette sphère. Le schème du triangle ne peut jamais exister ailleurs que dans la pensée et il signifie une règle de la synthèse de l'imagination, relativement à des figures pures dans l'espace ; un objet de l'expérience ou une image de cet objet atteint encore bien moins le concept empirique, mais celui-ci se rapporte toujours immédiatement au schème de l'imagination comme à une règle qui sert à déterminer notre intuition conformément à un certain concept en général. «

Kant, Critique de la raison pure,

Trad. Tremesaygues et Pacaud PUF, p. 152.

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« Textes commentés 47 a) Le terme de « schème » vient du grec schéma (qui désigne la figure géométrique).

Son emploi par Kant se comprend assez bien par l'emploi familier de celui de « schéma» : une représentation simplifiée qui est à mi-chemin entre l'image détaillée d'une chose et son idée.

Un schéma a pour fonction de faciliter l'imagination de son objet.

La distinction proposée par Kant entre le schème (une méthode ou un procédé de figuration) et l'image (le résultat de la mise en œuvre de ce procédé) permet de résoudre le problème posé par la discontinuité établie par Descartes entre image et concept.

Il n'est pas nécessaire en effet de former l'image d'un chiliogone pour nous assurer que l'idée que nous en avons correspond bien à quelque objet réel : il suffit de disposer d'un schème.

b) Cette synthèse accomplie par l'imagination est indispensable pour faire apparaître un objet de perception -lequel, en tant qu'il apparaît, est appelé par Kant «phénomène» (du verbe grec phainestai : appa­ raître).

En effet la sensibilité ne fournit que des impressions « disséminées et isolées » qui constituent ce que Kant appelle « intuition» (saisie directe et immédiate du sensible).

Comme cette intuition ne fournit à la connaissance qu'une nébuleuse d'impressions multiples, il faut l'unifier : « l'imagination doit former le tableau du divers fourni par l'intuition» (Critique de la raison pure, p.

134).

Pour illustrer cette opération, on peut songer à ces jeux où il s'agit de relier un nuage de points (numérotés) par des traits : on voit se former une figure identifiable.

c) L'opposition entre la généralité du concept et la particularité des images constitue depuis longtemps un problème.

Il est impossible de réduire un concept à une image.

Berkeley écrit : « après des tentatives réitérées pour appréhender l'idée générale d'un triangle, j'ai constaté qu'elle était tout à fait incompréhensible » (Nouvelle Théorie de la vision, § 125).

Et en effet, si l'on essaie de se donner l'image d'un triangle qui ne soit aucun triangle particulier on n'y parviendra pas.

Il ne s'ensuit pas que l'idée de triangle soit « incompréhensible ».

Sa compréhension ne dépend d'aucune image, mais de la définition du mot «triangle» (cf.

texte de Rousseau).

Seulement, si l'on veut que ce mot soit pourvu d'un sens, c'est-à-dire que le concept de triangle nous donne à penser quelque objet réel, il faudra que d'après ce concept nous puissions nous former l'image de n'importe quel triangle particulier qu'on voudra : c'est là précisément la fonction du schème.

1. »

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