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KANT: Faute, morale et punition

Publié le 04/05/2005

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kant
On croit généralement que toute faute, de sa nature, entraîne dès ici-bas sa propre punition. Mais cette croyance contient une méprise manifeste. L'homme vertueux prête ici au méchant son propre caractère; il lui suppose cette extrême délicatesse de conscience qui châtie la moindre étourderie, la moindre contravention aux lois morales avec d'autant plus de sévérité que l'on est plus vertueux. Seulement, si cette supposition est fausse, si la conscience manque, les crimes commis n'ont plus ni juge, ni bourreau; et pourvu qu'il échappe aux répressions extérieures de ses méfaits, le coupable se rit de la crainte des reproches intérieurs qui font le tourment des honnêtes gens. Si pourtant il arrive parfois au méchant de s'adresser quelques légères remontrances, la conscience n'y a aucune part, ou c'est qu'il lui reste encore un peu de conscience. Mais, dans ce dernier cas, les remords sont largement compensés par le plaisir que lui procurent les sens et qui est le seul à avoir pour lui quelque saveur. KANT
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« que la conscience manque, c'est dire que l'homme ne cherche pas à juger de ses actes, à se demander sanscesse si telle ou telle action est bien conforme à la loi morale.

Ainsi l'homme se laisse entraîner par tous sesdésirs subjectifs, ne cherche pas, par la raison, à dominer toutes ses pulsions et ne peut pas comprendre,par conséquent, « les reproches intérieurs qui font le tourment des honnêtes gens ».Pour Kant, le principe essentiel de l'action morale est l'autonomie de la raison pratique.

C'est-à-dire qu'estlibre celui qui obéit aux lois morales qu'il a acceptées.

Kant disait : « Je suis obligé, donc je suis libre ».

C'estpourquoi les « honnêtes gens » essayent de garder leur liberté en ne se laissant pas aller à une vie soumiseaux sentiments et c'est pourquoi, pour eux, les reproches intérieurs sont des tourments.Kant, cependant, en partant de l'expérience comme il le fait toujours pour bâtir ses raisonnements, pourmieux comprendre, a remarqué que même les méchants parfois s'adressent « quelques légères remontrances».

Alors, comment interpréter cette réaction? Est-elle pure mauvaise foi ou le « méchant » a-t-il encoresuffisamment de conscience, d'esprit critique sur lui-même, de lucidité, pour apprécier, juger, dans unecertaine mesure, de ses actes? Pour Kant, cette attitude paraît plutôt être considérée dans une attitudegénérale de l'homme qui faute.

En effet, comment pourrait-il être à la fois « honnête » et « méchant »? oumême « méchant » puis « honnête »? Ces remontrances paraissent être plutôt l'alibi d'un homme demauvaise foi.En effet, dans les dernières lignes du texte, Kant cherche à nous faire sentir que les remords d'un « méchant» ne suffisent pas à le rendre « honnête » car l'action morale est un tout, c'est-à-dire qu'elle doit êtremorale au départ et jusqu'à la fin.

Or la moralité d'une action ne se lit pas dans le résultat, mais dans lemotif de cette action.Pour Kant, ce motif n'est pas d'ordre affectif.

Ce motif, il l'appelle le « respect de la loi ».

C'est un sentimentmoral, un sentiment de la raison.

Il n'est donc pas d'ordre affectif, pathologique.

Agir moralement, c'est aussiagir par pur respect de la loi morale, et non pour tout autre désir subjectif.

C'est pourquoi les « remords » nepeuvent pas rendre le méchant honnête, car le « méchant » aura profité du résultat de son action immorale,car elle n'était guidée que par les principes subjectifs de son vouloir, que par la maxime : « ses remords sontlargement compensés par le plaisir que lui procurent les sens et qui est le seul à avoir pour lui quelquesaveur ».

Donc « toute faute, de sa nature », n'entraîne pas, ici-bas, sa propre punition.En effet, enfreindre les lois morales n'est pas, pour ceux qui ne savent pas juger de leurs actions, qui« n'ont pas la délicatesse de conscience » des honnêtes gens, considéré comme une faute, n'est pas – plusexactement – reconnu comme telle, et donc ils profitent de plaisirs qui sont subjectifs sans être tourmentésde remords intérieurs ».

La faute n'a pas, dans sa nature, inhérente à elle, la punition.

Les « méchants »peuvent être heureux.

Mais pour Kant, ce n'est pas le vrai bonheur car le bonheur ne peut pas être ainsiposé comme fin, comme l'ont fait les hédonistes par exemple.

La morale de Kant est une morale du devoir.Kant disait même, dans les Fondements de la métaphysique des moeurs, que « chercher le bonheur est undevoir », c'est-à-dire qu'il faut avant tout agir moralement, et le bonheur viendra peut-être après.Ainsi, agir moralement est le seul acte raisonnable que l'on puisse et que l'on doive faire.

Toute faute estdéraisonnable. KANT (Emmanuel). Né et mort à Königsberg (1724-1804).

Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Université de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.

En 1755, ilest privat-dozent de l'Université de sa ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques etde philosophie.

En 1770, il devient titulaire de la chaire de logique et de métaphysique.

Il vécut dans une demi-retraite pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les trois Critiques.

La Révolutionfrançaise l'enthousiasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée, que pouren aller apprendre les nouvelles.

Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur lapolitique et la religion.

A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.

Kant mourut le 12 février 1804, aprèsune très longue agonie.

— A ses débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.

Il considère la science commeun fait, dont la possibilité, plus que l'existence, doit nous préoccuper.

La lecture de Rousseau lui fait aussiconsidérer la moralité comme un fait.

Nous retrouvons, en conclusion du système kantien, comme postulats, lescroyances dont Kant a ruiné la valeur dogmatique.

Lui-même a défini son entreprise ainsi : « J'ai remplacé le savoirpar la foi.

» — Le monde sensible est seul donné à notre expérience et à notre connaissance : ce sont les faits, lesdonnées de la sensation.

Le monde intelligible est une« illusion théorique».

Le pouvoir de la raison pure est illusoire.Les principes de l'entendement pur ne sont pas applicables aux noumènes, mais seulement aux phénomènes ; c'estla dialectique transcendante.

La raison doit reconnaître ses propres limites ; limiter la raison, c'est réaliser sonobjectivité.

— La connaissance se ramène à deux éléments : le monde sensible, ou phénomènes liés à l'espace et autemps et le monde intelligible, ou chose en soi, noumènes, pur objet de pensée.

L'intuition et le concept sont lessources de la connaissance.

— Mais, intellectuellement, il nous est impossible de parvenir à la connaissance dumonde intelligible.

— L'espace et le temps sont les conditions de toute connaissance ; pour qu'un objet possède une. »

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