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La conception pragmatiste de la vérité de W. JAMES

Publié le 08/01/2020

Extrait du document

Au début du siècle, le philosophe américain William James formule une définition nouvelle de la vérité qui la fait consister dans la réussite de l'action : telle est la conception pragmatiste* de la vérité.
Je dois d’abord vous rappeler ce fait que posséder des pensées vraies, c’est, à proprement parler, posséder de précieux instruments pour l’action. Je dois aussi vous rappeler que l’obligation d’acquérir ces vérités, bien loin d’être une creuse formule impérative tombée du ciel, se justifie, au contraire, par d’excellentes raisons pratiques.
Il n’est que trop évident qu’il nous importe, dans la vie, d’avoir des croyances vraies en matière de faits. Nous vivons au milieu de réalités qui peuvent nous être infiniment utiles ou infiniment nuisibles. Doivent être tenues pour vraies, dans le premier domaine de la vérification, les idées nous disant quelle sorte de réalités, tantôt avantageuses pour nous, tantôt funestes, sont à prévoir. Et le premier devoir de l’homme est de chercher à les acquérir. Ici, la possession de la vérité, au lieu, tant s’en faut ! d’être à elle-même sa propre fin, n’est qu’un moyen préalable à employer pour obtenir d’autres satisfactions vitales (...).
Mais, maintenant, que faut-il entendre par « l’accord » que la définition courante exige à l’égard de la réalité ? C’est ici que le pragmatisme et l’intellectualisme commencent à se fausser compagnie. Le fait d’être « d’accord », au sens le plus large du mot, avec une réalité, ne peut être que le fait, ou bien d’être conduit tantôt tout droit à elle, tantôt dans son entourage, ou bien d’être mis en contact effectif et agissant avec elle, de façon à mieux opérer soit sur elle-même, soit sur un intermédiaire, que s’il y avait désaccord (...). J’en viens donc à dire, pour résumer tout cela : « le vrai » consiste tout simplement dans ce qui est avantageux pour notre pensée, de même que « le juste » consiste simplement dans ce qui est avantageux pour notre conduite.
William James, Le Pragmatisme (1907), VI, trad. É. Lebrun,
Flammarion, 1968, pp. 145-146.

« lieu, tant s'en faut! d'être à elle-même sa propre fin, n'est qu'un moyen préalable à employer pour obtenir d'autres satisfactions vitales ( ...

).

Mais, maintenant, que faut-il entendre par« Faccord »que la définition courante exige à l'égard de la réalité? C'est ici que le pragmatisme et l'intellectualisme commencent à se faus­ ser compagnie.

Le fait d'être« d'accord», au sens le plus large du mot, avec une réalité, ne peut être que le fait, ou bien d'être conduit tantôt tout droit à elle, tantôt dans son entourage, ou bien d'être mis en contact effectif et agissant avec elle, de façon à mieux opérer soit sur elle-même, soit sur un intermédiaire, que s'il y avait désaccord( ...

).

J'en viens donc à dire, pour résu­ mer tout cela : « le vrai » consiste tout simplement dans ce qui est avantageux pour notre pensée, de même que « le juste » con­ siste simplement dans ce qui est avantageux pour notre conduite.

William JAMES, Le Pragmatisme (1907), VI, trad.

É.

Lebrun, Flammarion, 1968, pp.

145-146.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE La conception pragmatiste de la vérité vient de ce que Wil­ liam James subordonne la pensée à l'action.

La réussite de celle-ci devient dès lors le juge de la vérité ou de la fausseté de nos « croyances » ou idées.

Ceci s'oppose absolument à la conception spéculative de la vérité des philosophes grecs, et d'une manière générale à ce que William James appelle I' «intellectualisme», c'est-à-dire une définition de la vérité comme simple contemplation du réel : la vérité ne satisfait pas une exigence spéculative désintéressée (elle n'est pas «à elle-même sa propre fin»).

elle répond à «d'excellentes raisons pratiques».

Cela ne signifie pas que la vérité est arbitraire, et qu'il n'existe pas de vérités objectives, comme le croyait Prota­ goras.

La vérité est bien concordance avec le réel, mais pas .

en le copiant: en nous guidant à travers lui et en permettant à nos actions d'avoir prise sur lui.. »

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