La conception pragmatiste de la vérité de W. JAMES
Publié le 08/01/2020
Extrait du document
«
lieu, tant s'en faut! d'être à elle-même sa propre fin, n'est qu'un
moyen préalable à employer pour obtenir d'autres satisfactions
vitales ( ...
).
Mais, maintenant, que faut-il entendre par« Faccord »que
la définition courante exige à l'égard de la réalité? C'est ici
que le pragmatisme et l'intellectualisme commencent à se faus
ser compagnie.
Le fait d'être« d'accord», au sens le plus large
du mot, avec une réalité, ne peut être que le fait, ou bien d'être
conduit tantôt tout droit à elle, tantôt dans son entourage, ou
bien d'être mis en contact effectif et agissant avec elle, de façon
à mieux opérer soit sur elle-même, soit sur un intermédiaire,
que s'il y avait désaccord( ...
).
J'en viens donc à dire, pour résu
mer tout cela : « le vrai » consiste tout simplement dans ce qui
est avantageux pour notre pensée, de même que « le juste » con
siste simplement dans ce qui est avantageux pour notre conduite.
William JAMES, Le Pragmatisme (1907), VI, trad.
É.
Lebrun, Flammarion, 1968, pp.
145-146.
POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE
La conception pragmatiste de la vérité vient de ce que Wil
liam James subordonne la pensée à l'action.
La réussite de
celle-ci devient dès lors le juge de la vérité ou de la fausseté
de nos « croyances » ou idées.
Ceci s'oppose absolument
à la conception spéculative de la vérité des philosophes
grecs, et d'une manière générale à ce que William James
appelle I' «intellectualisme», c'est-à-dire une définition de
la vérité comme simple contemplation du réel : la vérité ne
satisfait pas une exigence spéculative désintéressée (elle
n'est pas «à elle-même sa propre fin»).
elle répond à
«d'excellentes raisons pratiques».
Cela ne signifie pas que la vérité est arbitraire, et qu'il
n'existe pas de vérités objectives, comme le croyait Prota
goras.
La vérité est bien concordance avec le réel, mais pas .
en le copiant: en nous guidant à travers lui et en permettant
à nos actions d'avoir prise sur lui..
»
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