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LA CONNAISSANCE DE L'HOMME ET LES SCIENCES HUMAINES ?

Publié le 12/06/2009

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a) L'homme, cet inconnu. Quand on pense à la science, on pense généralement aux sciences de la nature, physique, chimie, biologie, astronomie, à toutes les disciplines qui ont pour objet le monde extérieur. Or il existe d'autres sciences au moins aussi intéressantes puisqu'elles ont pour objet l'homme lui-même, ce sont les sciences humaines dont les principales sont : l'histoire, la sociologie, la psychologie. Leur avènement aura été relativement tardif pour deux raisons : d'un côté parce que la connaissance de la nature humaine a toujours relevé de la réflexion philosophique, de l'autre parce que l'attention scientifique se portait plus volontiers dans la direction des sciences de la nature extérieure. Ce n'est pas que la connaissance de l'homme ait été jamais négligée depuis les penseurs grecs mais elle a été portée, à partir du me siècle sur le plan scientifique, ce qui constitue une nouveauté sans diminuer en rien l'intérêt de la méditation philosophique sur la destinée humaine. C'est pourquoi BERGSON et A. CARREL ont appelé l'homme un être inconnu comme si l'esprit, se négligeant lui-même, avait consacré tous ses efforts à l'étude de la matière en donnant le plus grand essor aux sciences positives au détriment des autres. Mais encore faut-il préciser en quel sens l'homme peut devenir objet de science.

« Légitimité des sciences humaines. Pour savoir si les sciences humaines méritent vraiment le nom de sciences, il suffit de s'assurer qu'elles sontcapables de satisfaire aux conditions de la connaissance scientifique. L'objectivité .

Le terme peut être pris en trois sens. Une science doit avoir un objet.

Or les sciences humaines remplissent cette condition; trois sortes d'objets sontretenues par elles : les faits historiques, les faits sociaux, les faits psychologiques.• Une science doit faire abstraction des façons de voir personnelles et des préférences d'ordre idéologiquesusceptibles de fausser le travail de la raison.

Ici reconnaissons la difficulté : il est impossible en psychologie ou enhistoire de faire abstraction de toute philosophie, de toute prise de position sur la nature profonde de l'homme.Toutefois il faut distinguer la recherche proprement dite et l'interprétation philosophique.• Une science doit proposer des connaissances universelles et nécessaires susceptibles de produire la convergencedes esprits dans la reconnaissance de la vérité objective.

Or cela est également possible aux sciences humainesencore qu'elles y atteignent plus difficilement que les autres sciences.

Le désaccord quant à l'importance ou auxcauses profondes d'un événement historique ne saurait empêcher les historiens de reconnaître son authenticité.

Ilen va de même en psychologie ou en sociologie. La généralité.

La question est de savoir si l'on peut parler de lois d'ordre psychologique, historique et sociologique. Nous avons vu que la science tendait à faire abstraction de ce qu'il y a d'individuel, de particulier dans les choses etles êtres, plus encore de ce qui est contingent, fortuit ou accidentel, de ce qui paraît unique.

II est certain que lessciences humaines ne peuvent se désintéresser de cet aspect du réel, bien au contraire.

L'événement historique quine se répétera jamais identique à lui-même, le moi singulier dont il faut respecter l'originalité incomparable, voilà quiintéresse au premier chef l'historien ou le psychologue.

Mais tout n'est pas de cet ordre dans leur science, tant s'enfaut.

On peut parfaitement dégager les lois de la vie mentale communes à toutes les consciences individuelles sansexception, au niveau des grandes fonctions mentales : perception, mémoire, intelligence, etc.,.

En sociologie il estencore plus facile de découvrir des relations constantes et générales.

En histoire la question est plus délicate étantdonné le devenir irréversible des événements et leur imprévisibilité : nous aurons à voir comment le problème sepose. La méthode. Si l'on reconnaît une science à ce signe qu'elle dispose de procédés et de méthodes spécifiques, les sciences humaines n'ont aucune peine à y satisfaire et n'ont rien à envier aux autres sciences à cet égard.ARISTOTE demandait que les prémisses d'une science lui fussent particulières et ne fussent pas empruntées àd'autres disciplines hétérègones.

Il est clair que l'histoire et la psychologie, notamment, ont leur méthode propre qui,pour être étrangère aux mathématiques, n'en est pas moins scientifiquement valable et susceptible d'être employéeconformément aux normes de l'esprit scientifique. La certitude. La certitude dans les sciences est fonction de la nécessité mathématique ou du principe du déterminisme.

C'est ici que les sciences humaines rencontrent leurs principales difficultés. • Dans l'ordre des réalités humaines le déterminisme ne saurait être aussi rigoureux que dans l'ordre des phénomènesnaturels.

C'est l'évidence même.

Mais cela ne doit pas diminuer les sciences humaines.

D'abord parce que lessciences de la nature elles-mêmes sont obligées de faire leur part à la probabilité et aux considérations statistiques.Ensuite parce que les faits humains dépendent d'un facteur qu'ignore la nature : la liberté dont l'interventiondécisive et créatrice est essentielle à la physionomie des faits historiques, sociaux, psychologiques.

L'homme est unêtre doué de conscience, de liberté, de mémoire, de puissance créatrice, on ne saurait le soumettre au régime desphénomènes naturels.

Ce qui ne veut pas dire que rien dans ses actes n'obéisse au déterminisme, que tout soit livréà la contingence et à l'imprévisibilité dans les faits qui manifestent sa présence au monde.• Le principe du déterminisme ou de légalité n'est pas le seul principe d'explication dont puisse disposer l'esprithumain.

Nous l'avons vu en étudiant l'ensemble des principes rationnels.

Le principe de causalité est non moinsimportant, le principe de finalité également : ils pourront jouer davantage dans les sciences humaines. e) L'explication dans les sciences humaines : interprétation et compréhension. Certains philosophes, comme DILTHEY, distinguent deux types d'explication : l'interprétation et la compréhension.L'appellation n'est peut-être pas heureuse mais l'idée est intéressante.

L'interprétation est le mode d'explicationconvenant aux phénomènes naturels : on interprète les phénomènes physiques par exemple, c'est-à-dire qu'on encherche du dehors l'explication rationnelle par la cause ou la loi mais au fond on ne les comprend pas, pour cettesimple raison qu'ils n'ont rien d'humain et sont étrangers à notre nature.

L'interprétation est du domaine dessciences positives.Au contraire on comprend directement tout ce qui est humain, tout ce en quoi se manifeste la conscience oul'esprit, précisément parce qu'on est à l'intérieur de la conscience ou de l'esprit.

Ainsi les faits historiques, sociaux,psychologiques surtout, relèvent de la compréhension qui est le mode d'explication spécifique des sciences.Comprendre ce n'est pas ajouter du dehors une signification à un donné quelconque comme on le fait dans lessciences de la nature, c'est retrouver la signification que porte en lui-même le donné.

On comprend de la sorte unsentiment, la décision d'un homme politique, la raison d'être d'une institution mais non pas un phénomène électriqueou chimique par exemple.Étant donné que les faits humains ont un double aspect subjectif ou objectif, les sciences humaines pourront fairejouer les deux modes d'explication : l'interprétation pour expliquer les conditions extérieures (physiques,. »

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