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La conscience est-elle une connaissance de soi ?

Publié le 09/04/2005

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conscience
. ·                    Mais alors le sujet se redouble : si le soi est "ma" conscience, et si "moi", c'est la conscience que j'ai de moi, alors le soi est la conscience de ma consicence, laquelle, en tant que mienne, est encore conscience d'une conscience et ceci à l'infini. Ce qu'on doit retenir ici, c'est que le soi paraît être une conscience infinie qui se redouble, à la différence d'autres objets (chap. sur la conscience). ·                    Mais on peut aussi le déterminer comme étant par exemple mon corps (cf. le chap. la matière et l'esprit) : la question devient alors : "la conscience de mon corps est-elle une connaissance de mon corps ?" (et là, on voit que la réponse peut paraître négative ici : je peux avoir conscience que mon corps est malade lorsque je souffre mais je ne connais pas pour autant par exemple l'état de mes cellules). Problématisation : Il s'agit de partir de la question (qui suppose une réponse en oui ou non) et de montrer pourquoi on ne peut pas répondre simplement à la question. Si je réponds "oui", alors comment se fait-il que je ne connaisse pas mon corps ?
Analyse du sujet :
·                     Le sujet met en oeuvre trois notions : conscience / connaissance / soi. Il faut traiter ces trois termes en même temps pendant la dissertation en ce posant la question de leurs rapports.
·                     La question est tout d'abord celle de l'identité ou de la différence entre deux relations (la conscience et la connaissance) à un (supposé) même objet (le soi).
·                     Il y a donc déjà deux questions : s'agit-il du même "soi" selon qu'on en a conscience ou connaissance (ce qui conduit à s'interroger sur la nature de la conscience et de la connaissance tout autant que sur la nature du "soi") ? Si oui, alors quelle différence reste-t-il entre la conscience et la connaissance de cet objet ? Si non, qu'est-ce qui est respectivement l'objet de la conscience et de la connaissance : il s'agira alors d'interroger les différents sens du "soi" (le Moi, le sentiment du moi, mon corps...) ?
·                     Si l'on s'interroge sur la notion de conscience on remarque qu'on peut également la déterminer comme une chose / objet et pas comme un rapport : on peut dire "je suis une conscience", mais pour la connaissance seulement "j'ai une connaissance" : dans ce dernier cas, la connaissance désigne un rapport entre "moi" et une "chose" (cf. le chap. sur la vérité). Mais le moi, ce peut être alors le "soi" ou encore la "conscience".
·                     On remarque également dans la formulation du sujet la différence entre "la" conscience et "une" connaissance. Cela suppose qu'il n'y aurait qu'une conscience de soi, alors qu'il serait possible d'avoir plusieurs connaissances de soi : il faudra donc s'interroger sur la possibilité ou non d'avoir plusieurs consciences de soi et ce que cela peut vouloir dire d'avoir plusieurs connaissances de soi.
·                     Si l'on s'interroge sur la notion de "soi" on remarque : que le soi est bien souvent déterminé comme "ma" conscience ce qui revient à la formulation suivante du sujet : "la conscience de ma conscience est-elle une connaissance de ma conscience ?".
·                     Mais alors le sujet se redouble : si le soi est "ma" conscience, et si "moi", c'est la conscience que j'ai de moi, alors le soi est la conscience de ma conscience, laquelle, en tant que mienne, est encore conscience d'une conscience et ceci à l'infini. Ce qu'on doit retenir ici, c'est que le soi paraît être une conscience infinie qui se redouble, à la différence d'autres objets (chap. sur la conscience).
·                     Mais on peut aussi le déterminer comme étant par exemple mon corps (cf. le chap. la matière et l'esprit) : la question devient alors : "la conscience de mon corps est-elle une connaissance de mon corps ?" (et là, on voit que la réponse peut paraître négative ici : je peux avoir conscience que mon corps est malade lorsque je souffre mais je ne connais pas pour autant par exemple l'état de mes cellules).
 
Problématisation :
 
Il s'agit de partir de la question (qui suppose une réponse en oui ou non) et de montrer pourquoi on ne peut pas répondre simplement à la question. Si je réponds "oui", alors comment se fait-il que je ne connaisse pas mon corps ? Est-ce parce que ce n'est pas "soi" ? Si je réponds "non" : on voit bien que la conscience de soi permet de savoir que le "soi" est une conscience. Or, le fait de savoir que je suis une conscience, pourquoi cela serait-il différente de connaître que je suis une conscience ?
Le problème est donc le suivant : il faut admettre une grande affinité entre la conscience de soi et la connaissance de soi dans la mesure où il n'y a pas de connaissance sans conscience et que la conscience de soi étant certaine, est ainsi rapprochée de la connaissance. Mais le soi n'est pas un objet comme un autre, et dès lors vient troubler la conception traditionnelle que l'on a de la connaissance (la connaissance doit porter une un objet nécessaire et général, pour être elle-même certaine et universelle). Se pose donc alors la question de savoir si la conscience de soi est identique à la connaissance de soi.

conscience

« 2.

Mais c'est confondre le fait et l'essence, et même supposer que le soi est une essence.

· Comme le remarque Malebranche : "le sentiment intérieur que j'ai de moi-même m'apprend que je suis, que je pense, que je veux, que je souffre (...) mais il ne me fait point connaître ce que je suis, lanature de ma pensée" Entretiens sur la métaphysique et la religion III.

Il faut donc distinguer la connaissance du "fait" de mon existence (la conscience) et la connaissance de mon "essence" (ce qui estproprement la connaissance).

De ce point de vue donc, même si c'est le même soi qui est considéré, celaserait par deux modalités différentes.

Dans un cas (le sentiment) connaissance confuse, dans l'autre,connaissance claire (c'est à dire par des idées) : exemple du musicien qui peut saisir les accords des sonspar sentiment, mais il ne les connaît pas par idée comme le physicien qui leur fait correspondre des rapportsmesurables. · De plus, si on s'intéresse à l'essence du soi, alors on le détermine comme conscience.

Or la conscience n'est pas un objet (donc pas objet possible de connaissance) : Sartre Situations I : la conscience "n'est rien que le dehors d'elle-même" : ce qui veut dire que quand on veut la saisir, on saisittoujours un objet qu'elle contient (ce qu'on appelle son "contenu intentionnel" : ce que la conscience vise,par exemple la fleur que je perçois) mais jamais elle-même.

Cet objet est "au dehors" au sens où laconscience porte toujours sur un monde qui est en face d'elle.

La conscience n'est donc pas une essencemais une existence (c'est à dire une liberté : voir la question du rapport essence / existence dansl'Existentialisme est-il un humanisme ? ). Husserl disait avant Sartre: Toute conscience est conscience de quelque chose.

Tout état de conscience en général est, en lui-même,conscience de quelque chose, quoi qu'il en soit de l'existence réelle decet objet et quelque abstention que je fasse, dans l'attitudetranscendantale qui est mienne, de la position de cette existence etde tous les actes de l'attitude naturelleC'est ce que Husserl appelle aussi l'intentionnalité, car au fond il n'y apas de «je pense» qui ne soit en même temps je pense un quelquechose, c'est-à-dire un objet pensé, un cogitatum.Le mot intentionnalité ne signifie rien d'autre que cette particularitéfoncière et générale qu'a la conscience d'être conscience de quelquechose, de porter, en sa qualité de cogito, son cogitatum en elle-même.Et s'il n'y a de conscience que de conscience de quelque chose, demême il n'y a d'objet que pour une conscience, non pas que maconscience crée l'objet en le visant (intentionnalité, conscience de),mais parce que cet objet n'a de sens que le sens que je lui donne enle pensant. · Si, par ailleurs, on supposait que le soi est un corps et qu'à ce titre il serait connaissable (par les lois de la physiologie) alors leproblème serait inversé : on a connaissance de soi (des lois de son corps) mais pas conscience de soi (àaucun moment on ne peut saisir immédiatement l'état de son corps). Transition : cela implique que le soi est quelque chose de problématique.

Il convient donc de reprendre l'analyse de ce "soi".

3.

La conscience de soi et la connaissance de soi ne peuvent donc signifier la même chose : - En réalité, ce que l'on nomme "soi" n'est pas l'objet possible de connaissance car comme la remarqué Kant(Critique de la Raison pure ), si le soi est est le moi comme "sujet transcendantal des représentations", il est condition d'apparition des phénomènes (= ce sans quoi rien ne m'apparaîtrait) et n'est donc pas lui-même unphénomène (phénomène = ce qui est donné à la conscience).

Autrement dit : le soi (appelé "sujet transcendantalpar Kant) rend possible la conscience (avoir conscience = unifier une diversité donnée pour les rapporter à un moi :c'est par le "moi" que la conscience a une certaine unité, sans quoi chaque nouvelle perception ne serait pas liée àla suivante ni aux précédentes).

Et dès lors, on ne peut en avoir une connaissance car cela supposerait qu'elle mesoit donnée comme un phénomène qu'en réalité elle rend possible mais qu'elle n'est pas (à aucun moment dans mavie intérieur je perçois ma conscience : ma conscience, je sais que j'en ai une en percevant d'autres choses.

Lecontenu de la conscience n'est jamais la conscience elle-même).. »

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