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La crise de la civilisation occidentale. ?

Publié le 24/05/2009

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Au mois de mai 1968, on pouvait lire sur les murs de la Sorbonne une phrase devenue aussitôt fameuse : « Nous ne voulons pas d'un monde où la garantie de ne pas mourir de faim s'échange contre le risque de mourir d'ennui. « Ce résumé de la philosophie de la jeunesse contestataire était directement emprunté à un essai à bien des égards austère, qui offrait au même moment l'une des critiques les plus radicales de l'ordre établi, et présentait un vibrant plaidoyer pour la libération des instincts liés à la sexualité.

De tous les horizons géographiques surgissaient ou réapparaissaient des ouvrages qui étaient censés annoncer la révolution en cours en expliquant ses causes profondes. Au premier rang se situaient les travaux de Henri Lefebvre et Herbert Marcuse.

Tous ces livres semblent en effet avoir montré par avance le sens des révoltes étudiantes qui s'allument partout dans le monde : il s'agirait du premier coup porté aux sociétés matérialistes ivres de puissance et de vitesse.

Il convient donc désormais de parler de « crise de civilisation « avec André Malraux, et non pas de simple révolte. En fait, depuis longtemps le mot le plus universellement répandu dans la presse ou dans les livres est bien le mot « crise «.

« progressaient.

Plus ou moins vite, certes : des civilisations prenaient le pas sur d'autres, certains peuples restaientimmuables pendant des siècles.

Mais l'humanité n'avait jamais été coupée aussi dramatiquement entre opulents etmisérables toujours plus misérables.

EXPLOSION DE L'ESPRIT Le progrès des sciences et leurs applications techniques innombrables permettent brusquement à des masseshumaines de niveaux très différents d'être confrontées à des idées ou à des faits que la plupart sont incapablesd'assimiler autrement que sous forme de mots d'ordre ineptes à force d'être schématiques.

Ces mots d'ordre sont laseule réplique possible au bouleversement des traditionnelles visions du monde.

Cette réplique ajoutée à une rupturebrutale par rapport au passé et à la croissance démographique galopante, engendre une véritable explosion de lapersonne humaine.Toutes les valeurs d'hier sont remises en question, jugées et condamnées.

Le « progrès » emporte l'âme des vieillescivilisations d'Orient et d'Occident, et pendant que la Chine plongée dans le chaos voit les gardes rouges détruire lesoeuvres d'art, les étudiants du monde entier se révoltent contre toutes les formes d'ordre établi.Ce désarroi général, et souvent inconscient, se traduit par la soif de jouissances immédiates, par le dégoût de cequi est pensée ou action guidée par la pensée, et par la recherche frénétique de la satisfaction des pulsionsélémentaires.On s'abandonne aux rythmes comme on adhère aux affirmations sans preuve, on se drogue comme on se jette dansles systèmes politiques totalitaires.

L'homme ne choisit plus : il accepte passivement tout ce qui lui permet d'oublierqu'il est homme.Cette passivité est normale : personne ne paraît savoir quel est le but de ce tourbillon d'idées, d'objets, d'hommes.Mais tout le monde a bien peur qu'au bout de la course ne se présente que le cataclysme nucléaire.On nous pardonnera d'insister, au seuil de ce bref travail consacré aux idées du temps, sur des considérations peuagréables, mais il convient de citer un texte prophétique du secrétaire général des Nations Unies, U Thant, qui sepasse de commentaires :Lorsque l'emploi effréné de la force est accepté et que nul ne se dresse contre l'intimidation et les menaces, lesespoirs d'un ordre mondial tel que celui dont la Charte des Nations Unies trace les grandes lignes s'estompent etdeviennent vains.

Lorsque les préjugés et la haine dominent les relations entre nations et groupes de nations, lemonde entier recule vers les ténèbres.

Lorsque les moyens d'information des masses donnent la vedette à laviolence et vont jusqu'à lui conférer un certain prestige, inculquant, particulièrement aux jeunes, le goût de la force,les passions sont dangereusement attisées...

Lorsque la force et les rivalités militaires se substituent à lacoopération, à la négociation, au droit des gens et à la diplomatie, le cauchemar d'une troisième guerre mondiale serapproche (20 septembre 1967.

Rapport sur les activités de l'Organisation publié à une date où l'invasion de laTchécoslovaquie par les troupes soviétiques était encore lointaine).Les immenses progrès matériels, scientifiques et techniques accomplis depuis un seul siècle ne débouchent que surles trois périls du cancer démographique, de la folie des individus et des sociétés, ou sur la guerre à laquelle tous lespeuples de la terre consacrent 30 à 70 % de leurs budgets.Alors naît chez l'homme une invincible nostalgie de la sécurité des temps passés, au moment même où toutes sesforces sont requises pour la construction d'une cité future idéale, qu'elle soit capitaliste ou communiste.C'est dans cette double et impossible aspiration que se trouve notre drame à tous.

La notion est classique enpsychologie : le monde est en situation conflictuelle.

On sait que l'expérience est faite sur des animaux : le chien ou le singe est conditionné à un choix qui devient deplus en plus difficile.

A la limite, ce choix finit par être impossible.

Certaines bêtes réagissent par une criseconvulsive, d'autres tombent en catalepsie.Les hommes sont identiquement placés, et réagissent malheureusement pour la plupart identiquement : les uns serévoltent, d'autres tombent dans un désintéressement total.

Nous aurons l'occasion de voir à quelles philosophiescontemporaines se rattachent ces attitudes.Mais d'autres encore sont capables de prendre du recul : ils ont la force d'évoquer et d'assimiler ce qui a été, de sesituer eux-mêmes et de classer les idées et les évènements présents.

Ils se libèrent de l'emprise desconditionnements qui les harcèlent, mais aussi de leurs propres instincts, désirs ou pulsions élémentaires.Bref, ils parviennent à la culture, et assument leur destin.

Ils ne sont pas savants, mais ils ont l'inquiétude du vrai etdu juste.

Leur finesse même leur rend douloureuse la perception du monde et des hommes tels qu'ils sont.

Mais c'estprécisément cette finesse-là, dit Jean Guehenno, dont on ne voudrait pas ne pas souffrir.Ajoutons que la culture ainsi entendue élève l'homme et le pousse à agir efficacement.

Elle lui permet de contribuerà modeler le monde au lieu de le subir.

Parvenu à la culture, l'individu est responsable de sa propre histoire etparticipe même à l'Histoire.A ce point de l'exposé, le lecteur est en droit de se demander quel va pouvoir être le contenu d'un ouvrage intituléIntroduction aux idées contemporaines.

A vrai dire, nous chercherons à concilier deux ambitions, qu'il appartiendraau lecteur de juger.La première ambition se limite à la construction la plus simple possible du fichier des idées et des doctrines qui, dansles domaines philosophique, politique, économique, artistique, réagissent à la situation du monde telle que nousvenons de la schématiser.

Ce fichier pourra à ce titre rendre quelques services aux étudiants et à tous ceuxqu'intéressent les idées.

L'auteur a pu constater par lui-même que beaucoup d'étudiants d'aujourd'hui éprouvent desdifficultés à traduire un minimum de connaissances générales en quelques phrases claires, charpentées en unembryon de plan.

Le monde des idées est par nature immense, et il est difficile de « dominer le sujet ».

C'est danscette optique que nous avons voulu rester très près des auteurs étudiés ou utilisés, recourant souvent largementaux citations : c'est en somme une série de « fiches de lectures » que l'on trouvera ci-après.. »

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