LA CULTURE : textes et problématiques
Publié le 21/02/2012
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L'étymologie du mot culture renvoie aux choses de la terre : les Romains employaient le même mot (cultura ou cultus) pour désigner la culture des champs et la culture de l'esprit. Le sens restreint et analogique de « culture « intéresse l'homme seulement : on parle alors, par exemple, de culture physique qui fortifie l'organisme, ou bien surtout de culture intellectuelle ou de culture générale. « Culture ou culture générale ajoute à l'instruction, à savoir, l'idée qu'on a su utiliser des connaissances en des matières assez nombreuses et variée pour développer son goût, son jugement et acquérir un enrichissement intellectuel et moral qui demeure même si le savoir est oublié ... « (BENAC, Dictionnaire des synonymes.) Ainsi la « culture « garde un sens normatif et demeure très proche de « l'humanisme«; elle implique des moeurs policées et s'oppose à la barbarie qui porte atteinte aux droits de l'homme...

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Nature et culture
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de celle d'education : c'est le contenu de reducation, entendue au sens
large, et non uniquement scolaire; on fait entrer dans cette culture prepa-
ratoire non seulement ce qu'enseigne recole, mais encore les lectures,
les meditations, les experiences de tout ordre que renfant et surtout l'ado-
lescent, le jeune homme, ajoute aux lecons de ses maltres.
Mais ce sens n'est pas le seul.
Il y a aussi ce que j'ai voulu appeler,
faute d'un meilleur terme, la culture au sens generalise.
Par un passage de la cause a l'effet, culture en vient a designer, non plus l'effort par lequel
on cherche a developper l'esprit, mais le resultat de cet effort, de ce develop-
pement.
Deja sous la plume de Vauvenargues « ce mot de culture designe
retat d'un esprit cultive par l'instruction ».
On observe dans ce nouveau sens le meme passage de ridee generale
aux formes concretes que j'ai signals plus haute : la culture designe souvent
non pas retat, la qualite d'homme cuhive, mais le contenu de l'intelligence
d'un homme cultive, ses connaissances, ses capacites et aussi, car on ne le
considere pas seulement au repos mais encore en action, ses diverses formes
d'activite.
Quand nous disons de tel de nos contemporains qu'il possede une culture
artistique, esthetique, nous ne voulons pas seulement dire que son enfance
et sa jeunesse se sont appliquees a retude des beaux-arts, qu'il leur doit sa
formation premiere; nous supposons aussi qu'il continue a s'interesser a la
musique ou a la peinture et que la pratique des arts reste pour lui la forme
normale et principale de ractivite de son esprit.
Henri -Irene MARROU, Culture, civilisation, decadence,
Revue de Synthese, XV, Editions Albin Michel, Paris, 1938.
a.
Cette ambivalence du mot culture, qui &gigue tour a tour un etat de l'esprit (ou un effort
exerce sur lui) et le contenu de cet esprit, est caracteristique; elle remonte a l'origine meme :
déjà en latin on disait aussi colere dicendi artem, cultiver la rhetorique, et colere ingenium,
cultiver son esprit.
(Note de l'Auteur.)
SUJETS DE REFLEXION 1 / Quelle est la caracteristique essentielle de l'homme cultive?
2/ Montrer la complexite de la notion de culture.
En quoi la metaphore agricole est-elle eclairante?
3 / Qu'est-ce que MARROU entend par « culture preparatoire» et par « culture
au sens generalise D?
Mais la notion de culture est ambigue; elle ne renvoie pas seulement a
l'idee de culture normative qui defmit l'elite.
En un autre sens plus moderne,
Nature et culture 15
de celle d'éducation : c'est le contenu de l'éducation, entendue au sens
large, et non uniquement scolaire; on fait entrer dans cette culture prépa
ratoire non seulement ce qu'enseigne l'école, mais encore les lectures,
les méditations, les expériences de tout ordre que l'enfant et surtout l'ado
lescent, le jeune homme, ajoute aux leçons de ses maîtres.
( ............................................................
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Mais ce sens n'est pas le seul.
Il y a aussi ce que j'ai voulu appeler,
faute d'un meilleur terme, la culture au sens généralisé.
Par un passage
de la cause à l'effet, culture en vient à désigner, non plus l'effort par lequel
on cherche à développer l'esprit, mais le résultat de cet effort, de ce dévelop
pement.
Déjà sous la plume de Vauvenargues« ce mot de culture désigne
l'état d'un esprit cultivé par l'instruction ».
On observe dans ce nouveau· sens le même passage de l'idée généraie
aux formes concrètes que j'ai signalé plus hauta : la culture désigne souvent
non pas l'état, la qualité d'homme cultivé, mais le contenu de l'intelligence
d'un homme cultivé, ses connaissances, ses capacités et aussi, car on ne le
considère pas seulement au repos mais encore en action, ses diverses formes
d'activité.
Quand nous disons de tel de nos contemporains qu'il possède une culture
artistique, esthétique, nous ne voulons pas seulement dire que son enfance
et sa jeunesse se sont appliquées à l'étude des beaux-arts, qu'il leur doit sa
formation première; nous supposons aussi qu'il continue à s'intéresser à la
musique ou à la peinture et que la pratique des arts reste pour lui la forme
normale et principale de l'activité de son esprit.
Henri-Irénée MARROU, Culture, civilisation, décadence, Revue de Synthèse, XV, Éditions Albin Michel, Paris, 1938.
a.
Cette ambivalence du mot culture, qui désigne tour à tour un état de l'esprit (ou un effort exercé sur lui) et le contenu de cet esprit, est caractéristique; elle remonte à l'origine même : déjà en latin on disait aussi colere dicendi artem, cultiver la rhétorique, et colere ingenium, cultiver son esprit.
(Note de l'Auteur.} '
SUJETS DE RÉFLEXION
1 1 Quelle est la caractéristique essentielle de l'homme cultivé?
21 Montrer la complexité de la notion de culture.
En quoi la métaphore agricole
est-elle éclairante?
3 1 Qu'est-ce que MARROU entend par « culture préparatoire» et par« culture
au sens généralisé »?
Mais la notion de culture est ambiguë; elle ne renvoie pas seulement à l'idée de culture normative qui définit l'élite.
En un autre sens plus moderne,.
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