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La démocratie permet-il à l'homme d'être libre ?

Publié le 27/02/2008

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La démocratie permet-il à l'homme d'être libre ?

« il n'est pas demandé d'exprimer sa volonté particulière et ses propres intérêts, mais la volonté générale, à savoir lebien de toute la communauté.

Quand un avis contraire au mien l'emporte, cela signifie que je m'étais trompé sur lecontenu de la volonté générale.

L'individu et sa volonté particulière doivent donc disparaître au profit de laconscience de la volonté générale.

II- La démocratie : une illusion de liberté Pour Tocqueville, cela ne sert à rien de gouverner à plusieurs car les intelligences ne s'additionnent pas.

Deplus, l'avis de la majorité n'est pas nécessairement le bon.

Pour lui, la démocratie revient à favoriser la quantitéplutôt que la qualité.

La création d'une nouvelle société en Amérique au milieu du siècle constitue un terrain d'observation privilégié desmutations politiques en Occident.

Les deux fondements idéologiques de la Révolution française, l'égalité et la liberté,y apparaissent dans un rapport qui semble conflictuel : une certaine forme d'égalité nuit à la liberté politique.

La tendance des démocraties au despotisme chez TOCQUEVILLELa « tyrannie de la majorité » (Tome I, 11, 7 et 8) : la majorité est censée incarner la volonté du peuple et peutdonc légitimement imposer ses décisions à la minorité.

Elle risque d'abuser de son pouvoir, en opprimant la minorité.Dans une société égalitaire, l'opinion publique toute-puissante exerce un « empire moral » sur les hommes : par peurde ne pas ressembler aux autres et convaincus que il y a beaucoup plus de sagesse dans beaucoup d'hommes quedans un seul », ils se rallient à la pensée dominante.Le despotisme tutélaire : l'égalisation des conditions engendre l'atomisation du corps social et l'individualisme*.

Lescitoyens désertent l'espace public et ne se soucient que de leur bien-être.

Ils abandonnent l'exercice de leur libre-arbitre, en confiant à un pouvoir unique et central le soin d'administrer leur vie, de réglementer leur pensée et leuraction pour garantir leur bonheur et leur sécurité.

Considérablement étendu et renforcé, l'État exerce une tutelleabsolue sur des citoyens complices. « Je pense que l'espèce d'oppression dont les peuples démocratiques sont menacés ne ressemblera à rien de ce quil'a précédée dans le monde ; nos contemporains ne sauraient en trouver l'image dans leurs souvenirs.

Je cherche envain en moi-même une expression qui reproduise exactement l'idée que je m'en forme et la renferme ; les anciensmots de despotisme et de tyrannie ne conviennent point.

La chose est nouvelle, il faut donc tâcher de la définir,puisque je ne peux la nommer.Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une fouleinnombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits etvulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme.

Chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée detous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce humaine ; quant au demeurantde ses concitoyens, il est à côté d'eux et ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n'existe qu'en lui-même et pour lui seul, et, s'il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu'il n'a plus de patrie.Au-dessus d'eux s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance et de veillersur leur sort.

Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux.

II ressemblerait à la puissance paternelle si, commeelle, il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril ; mais il ne cherche, au contraire qu'à les fixerirrévocablement dans l'enfance; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu'ils ne songent qu'à se réjouir.

Iltravaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l'unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité,prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règleleurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine devivre? » L'observation de tendances dominantes de la vie politique américaine naissante conduit à un paradoxe : ladémocratie n'est pas, par elle-même, l'opposé de l'oppression.

Il y aurait une certaine naïveté à accorder un créditabsolu à la société démocratique, croyant que, tant qu'elle existe, tout risque d'atteinte aux libertés est écarté.

Cetoptimisme repose sur l'illusion qui consiste à croire que l'oppression suppose nécessairement un oppresseur et quel'absence de rébellion est toujours un consentement lucide et responsable.La vigilance demande une analyse plus rigoureuse.

Les modèles classiques de la tyrannie et du despotisme nepermettent pas d'épuiser la compréhension de toutes les formes d'atteintes aux libertés.Ce n'est plus par un excès d'inégalité que sont menacés les hommes de la modernité, le règne du despote sur unpeuple d'esclaves est dépassé : l'heure est à l'égalité.

L'égalité de nature proclamée par le christianisme — tous leshommes sont créés à l'image de Dieu — a été relayée par l'égalité de droit du siècle des Lumières — tous lescitoyens ont les mêmes droits et les mêmes devoirs.

L'histoire semble s'orienter désormais vers une troisième figurede l'égalité : l'égalité de fait.

Les hommes « semblables et égaux » ne se distinguent plus par leurs aptitudes ou leursressources : ils n'ont donc plus rien à attendre les uns des autres.

L'égalité entraîne ainsi paradoxalement ladissolution du lien social parce qu'elle anéantit la complémentarité et renvoie chacun à lui-même.

Les individus n'ontplus le sentiment de participer à un dessein collectif.

Ils n'ont plus de « patrie » : ils ne se saisissent plus commecitoyens, ne sont pas liés par une histoire commune.

La consommation leur tient lieu d'idéal politique.

Leur seulepréoccupation est d'accroître leur bien-être sans conflit.

Pour cela, chacun a intérêt à ce que tous profitent desmêmes biens que lui-même, mais aucun n'est plus en mesure de se mettre au service d'un dessein commun.Ainsi, par un accord implicite, tous abandonnent leur liberté politique à un pouvoir organisateur, prestataire deservices à chacun.

Le pouvoir mis en place de la sorte a une capacité à modeler les actions collectives sans user de. »

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