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La fin de l'art est-elle la vérité ?

Publié le 01/08/2005

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*          Pour Hegel, en revanche, il ne revient pas à l'artiste, mais au seul philosophe, de se tourner vers l'idée, c'est-à-dire le concept. L'artiste doit observer et reproduire la nature concrète en tant précisément qu'elle est une manifestation de l'idée dans et par les formes sensibles. Ainsi « l'art a pour destination de saisir et de représenter le réel comme vrai, c'est-à-dire dans sa conformité avec l'idée, conforme elle-même à sa véritable nature ou parvenue à l'existence réfléchie ». Dans ce texte de l'Introduction à I' « Esthétique », Hegel répond à la question : Qu'est-ce qu'une oeuvre d'art, une oeuvre d'art digne de ce nom, une oeuvre d'art conforme à son concept ou essence ? Réponse: une oeuvre d'art est une création. Même lorsqu'elle reproduit des objets, des situations, même lorsqu'elle est figurative, elle ne porte bien son nom que s'il s'y ajoute quelque chose. Quoi ? L'Esprit. Par exemple, un lever de soleil est essentiellement différent de la reproduction de ce lever, car, dans le premier cas, nous avons affaire à un phénomène naturel, à un mécanisme dépourvu d'intention, et dans l'autre à une production humaine, consciente, intentionnelle, « jaillie de l'esprit » ; dans le premier cas à une « manifestation », dans le second à une 'création'. La nature de la nature est sans esprit, la nature de l'oeuvre d'art est « spirituelle ».

 Au premier abord, l’art a pour but la vérité. En effet, dès des débuts, son but était de représenter la réalité le plus fidèlement possible. Boileau n’a-t-il d’ailleurs pas dit « Rien n’est beau que le vrai « ?. Ainsi, les artistes les plus reconnus ont pendant longtemps été ceux possédant la meilleure aptitude à rendre le réel. Cependant, la représentation du réel signifie-t-elle pour autant l’accès à la réalité, la vérité ? Comment penser le rapport art / vérité sachant que le concept de vérité est universel alors que l’art à une grande part de subjectivité ? L’art favorisant les sens, est-il vraiment possible de le relier à la vérité, relevant du domaine de la raison ? Enfin, l’artiste n’est-il pas celui qui innove et de ce fait ébranle les vérités admises jusqu’alors ? En bref, le but de l’art est-il la vérité ?

« naturel) de l'Idée qui seule est vraie.

L'art ne saurait être vrai que dans la mesure où l'artiste se détourne desformes naturelles pour se tourner vers les réalités idéales, tout comme l'Artisan du monde, le Démiurge, s'est tournévers ces Idées pour créer l'Univers (cf.

le Timée).

C'est pourquoi Platon attache une grande importance à la musiquequi n'imite pas le sensible, mais révèle des idéalités, des rapports mathématiques. La conception platonicienne de l'art et du Beau. Thèse - Dévalorisation de l'art au nom de la vérité.

Cette dévalorisation a pour fondement la dévalorisation dumonde sensible an nom de cette même vérité.

Et valorisation ontologique du Beau, Idée ou Essence. La critique platonicienne vise surtout les arts suivants : la poésie, la sculpture, la peinture. Dans la « République » (II), Platon n'est pas loin d'exiler de la Cité idéale les poètes s'ils ne se soumettent pas à la vérité.

Il conteste donc l'autonomie de l'art et la liberté de l'artiste.

Dans le « Phèdre » (248 d-c) Platon établit une hiérarchie des existences humaines en fonction de leur degré de perfection c'est à dire de connaissance.

Ildistingue neuf degrés qui vont de la vie philosophique (premier degré) à la vie tyrannique (dernier degré).

L'artisteimitateur occupe la 6e place, l'artisan et le laboureur la 7c, le sophiste la 8e. Pourquoi ? Pourquoi un tel voisinage du sophiste et de l'artiste ? Une telle condamnation de l'art ? 1) Parce que l'artiste comme le sophiste possède un savoir-faire qui est un savoir-tromper. a) Poètes et peintres n'enfantent que des fictions.

Les poètes, Homère , Hésiode , ne sont que « faiseurs de contes », en outre contes dangereux car ils véhiculent une fausse image des Dieux et des Héros.

Par exemple, les Dieux sont jaloux, se font la guerre et les pires vilenies.

Or, « la bonté n'appartient-elle pas à ce qui est divinité? » (Rep.379).

D'autre part, représenter les Dieux à l'image de l'homme, ne pas en faire des modèles de vertu, n'est-cepas encourager le mal? Les peintres et sculpteurs, quant à eux, illustrent les fictions inventées par les premier.

etcréditent le mensonge. b) Pour plaire ces fictions doivent avoir l'apparence du vrai.

Le savoir-faire de l'artiste est donc bien semblable àcelui du sophiste puisqu'il permet de produire l'illusion du vrai, de présenter comme vrai ce qui ne l'est pas et n'en aque l'apparence en utilisant les séductions du sensible (flatterie, plaisirs des sens ...

).

Par exemple le bon peintreest celui qui est capable de représenter dans un espace à deux dimensions un objet qui, lui, occupe un espace àtrois dimensions.

Plus l'image produite par le peintre semble vraie, plus elle est en fait infidèle à son modèle tel qu'ilest.

L'exactitude de l'art repose sur la déformation du réel sensible (cf.

les règles de 1a perspective). 2) Parce que l'art n'est qu'imitation . L'imitation de quoi ? Des apparences sensibles, de la réalité telle qu'elle se manifeste à nous par l'intermédiaire denos sens.

C'est dans la juste mesure où le poète ne s'élève pas au dessus des apparences sensibles qu'il représenteles Dieux à l'image des hommes.

L'art conforte les hommes dans leur erreur première : ce qui est, est ce quiapparaît.

L'art n'est qu'illustration de l'opinion, représentation de la représentation subjective. 3) Parce que l'art n'est qu'imitation d'une imitation, un simulacre .

Dans La « République » (X 597b-598c - cf.

texte), Platon montre que le peintre est « l'auteur d'une production éloignée de la nature de trois degrés ».

En effet, il y a trois degrés de réalité. · La première, celle qui est vraiment et pleinement, est la réalité intelligible ou Idée.

Pour Platon les Idées ne sont pas des produits de notre intelligence, constitutives de cette dernière (rationalisme) ou formées aucontact de l'expérience (empirisme).

Elles existent indépendamment de notre pensée.

L'Etre est l'intelligible oumonde des Idées.

Cette thèse rend compte et de la connaissance, la réalité est intelligible, objet d'uneconnaissance, et de l'ordre du monde.

C'est parce que le monde est en lui-même intelligible que nous pouvons leconnaître. · La seconde, ensemble des êtres naturels ou artificiels, est seconde, sa réalité est moindre, dans la mesure où elle est imitation de la première.

Les êtres naturels doivent leur existence à un Démiurge qui a façonnéla matière en contemplant le monde des Idées (« Timée » ).

De même le bon artisan fabrique son objet en se réglant sur son Idée.

Ces êtres ont moins de réalité que les Idées puisqu'ils se contentent de les imiter. · La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celle produite par le peintre puisqu'ilimite ce qui est déjà une imitation.

Elle est donc un presque rien, n'a pas plus de réalité que notre reflet dans lemiroir.

Elle est le reflet d'une apparence.

En fait, il n'y a rien à voir. Au nom de la vérité Platon critique l'art.

Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art comme imitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence, apparencetrompeuse, apparence du vrai.

Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et en accentue la puissance. »

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