la justice donne-t-elle à chacun ce qu'il veut ?
Publié le 27/02/2008
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La
justice selon Aristote dans le livre V de l?Ethique à Nicomaque, consiste
à donner à chacun son dû, peut être, dans la tradition platonicienne, définie
par référence à un ordre mathématique : ainsi la justice distributive (à chacun
selon son mérite) s?exprime-t-elle dans une proportion. Mais Aristote n?est pas
moins sensible à ce que la détermination mathématique et l?ordre juridique ont
d?abstrait et de rigide par rapport à la diversité des cas particuliers. La
faiblesse de la loi, si bien faite soit-elle, est qu?elle est générale et
qu?elle ne peut prévoir tous les cas. D?où la nécessité d?une justice qui ne se
laisse pas enfermer dans des formules, mais soit accueillante aux cas
particuliers, et qu?Aristote appelle l?équité. Ce qui fait la valeur de
l?équitable est précisément que sa règle n?est pas droite, car ce qui est droit
est rigide : « de ce qui est indéterminé [les situations particulières] la règle
aussi est indéterminée » Face à la rigidité de la loi, le travail même du juge
est d?adapter cette même loi aux cas particuliers, appliquer la loi d?une
manière aveugle serait de l?injustice. La justice distributive ne pourrait
exister, car on n?observerait pas le mérite de chacun, les qualités, les
antécédents des personnes. La justice qui préside à la distribution des honneurs
et des richesses se fonde sur une égalité proportionnelle entre les personnes et
les biens, non sur une égalité arithmétique, comme dans le cas de la justice
corrective. Elle ne peut être que controversée, car la discrimination entre les
personnes selon le mérite est une opération politique, l?importance accordée à
la naissance, à la vertu, à la richesse différant selon les régimes. La
réciprocité qui est au principe de la justice commutative intéresse
principalement les transactions économiques et les compensations justes,
c?est-à-dire l?échange qui ne requiert pas la présence d?un tiers, juge ou
responsable politique.
Aristote, après avoir établi dans le
même ouvrage que le juste est une proportion, un milieu entre les extrêmes,
examine-t-il les rapports de la justice avec l?équité, pour relever que leurs
caractères ne sont pas tout à fait identiques.
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