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La liberté est-elle un idéal ?

Publié le 14/05/2012

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La liberté n'est donc pas donnée au principe; c'est, ajoute l'auteur dont nous étudions la pensée, un idéal que nous devons atteindre. Que faut-il penser de cette seconde partie de son affirmation? La liberté, nous devons le reconnaitrc, est un idéal dans les deux sens les plus usuels du mot. D'abord, par elle, no.s facultés atteindraient leur parfait développement naturel et, une fois conquise la faculté d'agir librement, nous serions parvenus à la perfection naturelle la plus haute que nous puissions rêver. Mais cet état reste un idéal...

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Toutefois cette diversité d'acceptions ne nous empêche pas de retrou­ ver toujours sous le mot liberté une signification fondamentale identique : la liberté est autonomie, c'est-à-dire pouvoir d'agir suivant sa propre loi.

Etre libre, en effet, ce n'est pas avoir la faculté de se déterminer suivant une spontanéité capricieuse n'ayant d'autre raison qu'une décision arbi­ traire : un événement, quel qu'il soit, qui n'aurait pas son explication rationnelle dans ses antécédents, constituerait une absurdité contre laquelle le bon sens s'insurge.

La liberté n'est pas indépendance à l'égard de toute loi et de toute raison, mais pouvoir d'agir conformément à sa propre loi et à ses propres raisons au lieu d'avoir à subir la loi et les raisons des autres.

L'observation est évidente en ce qui concerne la liberté au sens analo­ gique attribuée par le langage scientifique à la pierre qui tombe.

Aucune faculté de choisir n'est laissée à cette pierre, qui ne peut dévier d'une ligne de la trajectoire commandée par les forces qui agissent sur elle.

Cependant sa chute est déclarée libre : c'est qu'el.le se dirige vers la terre, que le sens commun considère comme son « lieu naturel "• suivant la formule des scolastiques, et que l'attraction terrestre, considérée comme la loi naturelle des corps, n'est pas contrecarrée par l'intervention acci­ dentelle d'une force différente.

Une pierre tombe en chute libre lorsque son mouvement paraît commandé par sa propre loi, ~t non pas par un pouvoir étranger à elle.

De la liberté politique aussi, il est vrai de dire qu'elle consiste essen­ tiellement dans le pouvoir de suivre sa propre loi.

Le peuple qui a conquis son indépendance ne s'est soustrait à la loi que lui imposait son oppres­ seur que pour se conformer à celle que lui dicte la nature des choses.

Il n'a pas la faculté, sous peine ·de retomber sous le joug, de prendre les décisions que peut suggérer la fantaisie d'un jour : la législation et la politique d'un pays sont commandées par des conditions géographiques et historiques permanentes auxquelles les gouvernants éphémères ne peuvent se dérober; aussi voit-on souvent, après une crise ministérielle ou après une révolution, la nouvelle équipe continuer ou reprendre les errements qu'elle avait combattus sous le régime antérieur.

Uri peuple vraiment libre se détermine, non par coups de tête capricieux, mais par la seule considération de l'intérêt national, loi essentielle de l'activité politique.

De même, l'intérêt personne:! est la loi essentielle de l'activité indivi­ duelle, et c'est dans la mesure où un individu a la faculté de chercher son propre intérêt qu'il jouit de sa liberté civile.

L'ouvrie.r qui décide de se payer une journée de repos ou de faire des heures supplémentaires de travail, le jeune homme qui choisit la compagne de sa vie, sont amené~ à ces diverses déterminations par une suite de faits psychiques dont ii est souvent malaisé de reconstituer l'enchaînement, mais dont nous ne saurions mettre en doute l'existence : le « je veux parce qne je veux " n'est qu'une affirmation qui cache notre ignorance des ressorts de nos décisions ou notre désir de ne pas voir.

Souvent nons cédons à la force des mobiles, c'est-à-dire à l'action de puissances d'ordre affectif et plus ou moins inconscientes : inclinations naturelles ou désirs.

habitudes ou passions.

Dans d'autres cas, nous sommes dirigés par des motifs, c'est-à­ dire par la vue rationnelle de l'intérêt que présente :le choix auquel nous nous déterminons : dans ce dernier c~ts seulement, il y a liberté psychol{)gique.. »

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