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La liberté n'est elle qu'un idéal ?

Publié le 21/03/2005

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La liberté n'est-elle qu'un idéal ?     Introduction   -La liberté, c'est le fait de ne pas être déterminé par quelque chose d'extérieur. -Or, tout peut s'expliquer de manière causale, même nos comportements dont nous sentons pourtant leur origine inconditionnée. -D'où la possibilité de se demander si la liberté est quelque chose de réel, puisqu'elle ne peut jamais se vérifier comme telle. -L'aspect invérifiable de la liberté implique-t-elle sa relégation au rang de chimère ? Ou bien constitue-t-elle une forme de réalité chez l'homme, qui excède la notion commune de réalité entendue comme champ de l'expérience possible ?     I. La liberté, c'est notre condition naturelle, elle constitue la réalité de l'état de nature chez l'homme (Rousseau)   -L'homme est naturellement libre, au sens où dans l'état de nature l'individu n'est subordonné à personne, et où il accès à tout : l'absence de hiérarchie sociale et de propriété garantissent la liberté de l'homme naturel -Néanmoins, cet état originaire constitue une fiction, comme le dit Rousseau au début de son Discours sur l'origine des inégalités parmi les hommes. Il s'agit de reporter cet état de liberté fictif dans l'état social, afin de réaliser la liberté comme modalité saine du vivre-ensemble. La liberté peut donc être considérée comme un idéal.

-La liberté, c'est le fait de ne pas être déterminé par quelque chose d'extérieur. -Or, tout peut s'expliquer de manière causale, même nos comportements dont nous sentons pourtant leur origine inconditionnée. -D'où la possibilité de se demander si la liberté est quelque chose de réel, puisqu'elle ne peut jamais se vérifier comme telle. -L'aspect invérifiable de la liberté implique-t-elle sa relégation au rang de chimère ? Ou bien constitue-t-elle une forme de réalité chez l'homme, qui excède la notion commune de réalité entendue comme champ de l'expérience possible ?

« Autrement dit, ici, l'essence précède l'existence.

Chaque coupe-papier existant n'est qu'un exemplaire du conceptou de l'essence de coupe-papier.Dans la conception traditionnelle, l'homme est créé par Dieu, il est produit selon une définition de la naturehumaine.

Ainsi chaque homme existant n'est qu'une réplique ou une version d'une nature humaine, d'une essenceunique, présente dans l'esprit divin.

Sartre conclut que dans cette vision traditionnelle, à laquelle il s'oppose avec vigueur, puisque l'essence précède l'existence : « L'homme des bois, l'homme de la nature, comme le bourgeois sont astreints à la même définition et possèdent les mêmes qualités de base.

» Or, poursuit Sartre , si l'on est athée, et athée de façon cohérente, il faut poser qu'il y a « au mois un être chez qui l'existence précède l'essence, un être qui existe avant d'être défini par aucun concept, et cet être c'est l'homme. » L'homme existe d'abord et se définit ensuite.

Il n'est pas un exemplaire d'une norme ou d'une nature préexistante, ilse fabrique lui-même au cours de l'histoire.

La première signification de la liberté est cette capacité humaine à sedéfinir par soi-même.

Un objet technique, voire un objet naturel, une pierre, ne sont rien d'autre que ce que leurdéfinition préalable nous dit qu'ils sont.

L'homme, à l'inverse, parce qu'en lui « l'existence précède l'essence » a reçu cet étrange privilège de se fabriquer lui-même.Mais « si vraiment l'existence précède l'essence, l'homme est responsable de ce qu'il est ».

Sur chacun de nous pèse la responsabilité pleine et entière de nos actes et choix.

Nous ne pouvons nous retrancher derrière aucune« nature » qui nous définirait et limiterait notre possibilité d'agir et de nous faire.

Pire : « Nous ne voulons pas dire que l'homme est responsable de tous les hommes ».

En effet, en posant tel ou tel choix politique, affectif, etc.

j'en affirme la valeur, et la valeur pour la totalité de l'humanité.Cette liberté, nous nous la masquons la plupart du temps, car elle est terriblement difficile à assumer.

Il vaut lapeine de citer le passage où Sartre résume et sa position philosophique et son athéisme, et décrit l'angoisse qui peut nous atteindre quand nous comprenons notre liberté.

« Dostoïevsky avait écrit : « Si Dieu n'existait pas, tout serait permis ».

C'est là le point de départ de l'existentialisme […].

Autrement dit, il n'y a pas de déterminisme, l'homme est libre, l'homme est libéré.

Si, d'autrepart, Dieu n'existe pas, nous ne trouvons pas en face de nous des valeurs ou des ordres qui légitimeront notreconduite.

Ainsi, nous n'avons ni devant nous, ni derrière nous, dans le domaine lumineux des valeurs, desjustifications ou des excuses.

Nous sommes seuls, sans excuse.

C'est ce que j'exprimerai en disant que l'homme estcondamné à être libre. » Etre condamné à la liberté signifie être totalement libre et par suite responsable, devant les autres et devant soi-même, d'une conduite qui n'est guidée par aucune valeur prédonnée.

Nul Dieu, nulle Eglise, nul credo ne peuventdéfinir à l'avance notre conduite ni la justifier.

A chaque fois, dans chaque situation concrète, nous avons à nousengager, à choisir, à agir, sans qu'aucune ligne de conduite ne soit fixée à l'avance. C'est pourquoi, aussi exaltante que soit notre liberté, elle sonne comme une condamnation, et produit de l'angoisse,cette angoisse que Sartre décrira dans « La Nausée ».

Ainsi nous tentons de nous défaire de cette responsabilité. C'est alors une conduite que Sartre qualifie de « mauvaise foi ». « L'Etre & le Néant » en donne un exemple cocasse.

Soit une jeune femme qui se rend à un rendez-vous galant. Elle sait pertinemment à quoi elle s'attend, mais elle refuse de céder ou de rompre immédiatement.

Elle refuse en unsens de faire usage de sa liberté.

Par suite, dit Sartre dans une description qui est un morceau d'anthologie, elle abandonnera sa main, mais « comme si » elle ne s'en apercevait pas, ce qui est à la fois une façon d'accepter l'invitation et de la dénier : une façon de se démettre de sa capacité de choix.

Cet exemple d'ordre intime peut seredoubler de l'exemple politique de Garcin dans « Huis-clos » : celui-ci refuse de reconnaître qu'il a agi de la dernière des façons possibles dans l'ordre politique en cédant à la lâcheté.Sartre ne nie pas le conditionnement social ou historique.

A l'inverse celui-ci forme des « situations ».

Mais s'il est donné à tout homme d'agir en situation, dans des conditions données, sociales, historiques, familiales, celles-ci nedéfinissent en rien un déterminisme qui aliénerait notre liberté.

En déclarant « nous n'avons jamais été aussi libres que sous l'occupation allemande », Sartre n'est pas seulement provocant.

Il entend aussi signifier que la liberté d'action et de choix, aussi douloureuse et difficile soit-elle, est toujours entière.La « condamnation » à la liberté signifie que nous sommes responsables d'une conduite qui n'est guidée et justifiée par aucune valeur préétablie, aucune norme, aucun destin.

L'homme est essentiellement un projet, il se définit parses actes, sans qu'aucune excuse ne vaille.

Nous avons à assumer l'angoisse d'une telle liberté, au lieu de sombrerdans la mauvaise foi. Si l'homme est celui qui se fait, ce projet réalise pas dans l'intimité douillette d'un ego refermé sur lui-même, mais nepeut se réaliser que dans son rapport au monde et à autrui.

L'homme est « en situation ».

C'est-à-dire qu'il est «conditionné par sa classe », « son salaire », « la nature de son travail », conditionné jusqu'à ses sentiments et sespensées.

Mais si l'homme ne peut pas choisir sa classe sociale, il peut se choisir lui-même dans sa « manière d'être».

Sartre lui-même reconnaît en 1940 qu'il est « le produit monstrueux du capitalisme, du parlementarisme, de lacentralisation et du fonctionnalisme », mais c'est à partir de cette situation familiale qui l'a constitué qu'il entreprendde se « personnaliser ».

D'où la formule : « L'important n'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisonsnous-mêmes de ce qu'on a fait de nous.

» La situation n'est pas quelque chose qui limite la liberté elle est ce à partir d'où commence la liberté.

C'est la raisonpour laquelle Sartre a pu écrire en 1944 dans « Les Lettres française » (fondé par Aragon et Paulhan): « Jamaisnous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande.

» Qu'est-ce à dire, sinon qu'à ce moment-là, puisquenous étions traqués, «chacun de nos gestes avait le poids de l'engagement » ? La liberté est donc le choixpermanent qui oblige chacun, à chaque instant, quel que soit l'obstacle ou la situation, à se faire être.Ainsi, pour Sartre, si l'existence précède l'essence et si Dieu n'existe pas, l'homme est alors responsable de ce qu'il. »

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