La liberté et le bonheur sont-ils toujours compatibles?
Publié le 24/03/2005
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- Toutefois, cette interprétation apparaît un peu légère, car peut-on vraiment considérer qu'il y a bonheur et liberté si cet homme est plus proche de la bête que de l'animal rationnel ? - Si l'on considère que non, l'on est contraint de chercher quelles seraient alors les conditions d'un bonheur et d'une liberté véritables. 2.
Le bonheur et la liberté véritable reposent dans l'exercice de la vertu : - D'après Aristote, la recherche du bonheur passe par l'exercice de la vertu. - Cette vertu consiste à se conduire selon la raison. - Dans le domaine moral, cette vertu est la prudence ( phronèsis en grec). Aristote, Ethique à Nicomaque (livre VI, chapitre 5, 1143b 3-4,). La prudence est « une disposition accompagnée de règle vraie, capable d'agir dans la sphère de ce qui est bien ou mal pour les êtres humains.
» - Aristote distingue entre désir rationnel (la boulèsis ) et désir animal ( epithumia ). - Il faut noter que l'origine étymologique de boulèsis est boulé , qui désignait chez les Grecs l'assemblée délibérante dont la fonction était de discuter des projets de loi. - Pour parvenir à la perfection de sa nature, l'homme doit faire prévaloir en lui la boulèsis ¸ il doit donc être capable de délibérer, c'est-à-dire de faire des choix rationnels et ainsid'exercer sa liberté. - Parvenu à la perfection de sa nature, cette vertu est couronnée par le plaisir qui récompense l'action bonne. - Le bonheur véritable passe donc par l'exercice de la liberté véritable manifestée dans la phronèsis . - La référence à la boulé, qui est une assemblée, nous indique que les choix de la boulèsis sont à considérer sur un modèle politique, et qu'en dehors de la cité, il n'y a pasd'exercice de la liberté, et donc pas de bonheur véritable. 3.
La cité comme fondement de la vertu : Aristote, Les politiques. « Il est manifeste (...) que l'homme est par nature un animal politique, et que celui qui est hors cité, naturellementbien sûr et non par le hasard des circonstances, est soit un être dégradé soit un être surhumain ». - Nous voyons ici que pour Aristote, l'homme vit par nature en société, et on ne peut considérer pour lui une autre forme de vie. - La cité n'a pas uniquement pour but de subvenir aux besoins matériels et de garantir la sécurité des citoyens, elle est le lieu où il leur est permis d'exercer leur liberté, et donc de réaliser leurnature. - C'est par ailleurs seulement dans la cité que le bonheur et la liberté peuvent voir le jour, car c'est en elle seule que s'incarnent des institutions et des modes d'organisation qui sont desoeuvres de liberté et de raison. - De la sorte, il nous faut en déduire que pour l'être humain, c'est justement la vie en société qui rend possible la liberté et le bonheur.
L'homme seul ne pourrait délibérer sur le juste etl'injuste, il ne serait soumis qu'à la loi de la nature. - Pour autant, toute société n'est pas nécessairement apte à permettre la liberté et le bonheur véritable. - Les sociétés le permettant sont d'ailleurs assez rare, c'est pourquoi Aristote lui-même essaye d'en tracer les contours dans le début de ses Politiques . - Aristote souligne à cet égard la difficulté de réaliser une société qui permette la vertu générale : si le meilleur gouvernement en droit est celui de la politeia , c'est-à-dire celui dans lequel c'est tout le peuple qui gouverne, il ne l'est pas en fait, car il impossible que tout le peuple soitvertueux. - S'il n'y a donc pas incompatibilité, nous restons cependant loin d'une parfaite adhérence. Conclusion : En passant par le mythe du bon sauvage tel qu'on le rencontre chez Rousseau, nous avons d'abord interrogés.
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