Devoir de Philosophie

La liberté et le devoir sont-ils compatibles ?

Publié le 30/09/2005

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Le devoir et le penchant Parmi les actions que nous pouvons accomplir, certaines nous sont prescrites par le devoir, d'autres nous sont interdites par celui-ci, d'autres enfin sont indifférentes au devoir. Les premières sont morales, les secondes immorales, les troisièmes amorales. Une action amorale ne s'oppose pas au devoir ; s'il y a conflit, c'est entre une action morale et une action immorale. L'action morale est motivée par le devoir ; par quoi l'action immorale est-elle motivée ? Si rien ne nous poussait à l'action immorale, nous ferions toujours notre devoir ; nous ne sommes pas immoraux gratuitement. Le seul principe qui puisse nous pousser à des actions contraires au devoir, c'est la recherche du bonheur personnel, qu'on doit supposer en tout être humain comme la loi la plus fondamentale qui dirige sa vie. Le plus souvent amoral, le bonheur s'oppose parfois au devoir ; à l'inverse, sitôt que quelque chose s'oppose à un devoir, le penchant en est l'origine. Le penchant est ce type de désir particulier qui prend sa source dans la recherche du plaisir, et du bien-être en général. Il peut s'emparer de la volonté comme le devoir. Le libre arbitre humain consiste ainsi en cette possibilité de choix entre deux contraires : le devoir et le bonheur, qui dans certaines situations tendent à motiver la volonté en sens inverse, impliquent ainsi un conflit.

« [Le devoir est la condition de possibilité de la liberté.

Respecter son devoir, c'est se respecter soi-même et respecter autrui.

Le devoir est nécessaire à la survie de l'humanité.] J'accomplis librement mon devoirC'est une tentative au plus haut point condamnable que de vouloir tirer de ce qui se fait les lois de ce que jedois faire ou de vouloir les y réduire», dit Kant dans Critique de la raison pure.

La pression sociale ne sauraiten aucun cas me dicter mon devoir.

Je trouve celui-ci plutôt à l'intérieur de moi-même, librement, commeimpératif catégorique, comme loi universelle de la raison.Kant a souligné l'importance de l'autonomie morale : je suis soumis à une loi dont je suis moi-même lelégislateur et tous les hommes, sujets raisonnables, se trouvent soumis à la même loi.

«Agis toujours de tellesorte que tu considères ta volonté raisonnable comme instituant une législation universelle.» La société idéaleapparaît alors comme une république d'hommes libres dont l'harmonie résulte de ce que chacun pose pour lui-même ainsi que pour les autres des règles universellement valables.

Dans cette société démocratique lesubordonné obéira au chef sans renier l'autonomie de la conscience parce que ce que son chef lui commandeest ce que sa propre raison (qui est la raison universelle) lui dicte.

Lui-même s'il était chef donnerait doncexactement les mêmes ordres.

Ceci éclaire l'idée chère à Rousseau de volonté générale.

La volonté généralen'est plus ici le caprice contingent d'une majorité électorale, mais l'expression pure et simple des exigences dela raison universelle.

Dès lors le chef n'est plus de droit divin et s'il est un tyran qui trahit les exigences de laraison, le peuple a le droit, mieux le devoir, de lui demander de renoncer à son poste. Le devoir n'émane que de moi"Il y a au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu", dit Rousseau.

Le devoir n'est donc pas uneobligation extérieure, mais émane de ma propre conscience qui me dicte ce qui est bien et ce qui est juste.

Sije décide moi-même ce que je dois faire, ce qui est le propre de tout individu autonome et responsable, alorsje suis libre.« L'impulsion du seul appétit, dit Rousseau, est esclavage, et l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite estliberté.

» Le même raisonnement qui fait qu'obéir à la loi morale n'est obéir qu'à soi-même fait qu'obéir à la loicivile est être libre.

La liberté politique, en effet, ne consiste pas à faire tout ce que l'on veut, selon quoi, àl'époque des Grecs, seul le roi des Perses était libre, mais à être citoyen d'une république, c'est-à-dire avoir ledroit de poser les lois, et le devoir d'y obéir. Le devoir garantit la libertéLe devoir est une obligation sociale réciproque qui garantit la liberté et le bien-être de chacun.

Le devoir neserait injuste et contraignant que si certains y étaient soumis et d'autres non.

Or, dans une sociétédémocratique, le devoir, c'est aussi celui que les autres ont de respecter ma liberté.

Loin de s'y opposer, ledevoir est ce qui conditionne ma liberté. On le forcera d'être libre (Rousseau). On trouve cette formule énigmatique au septième chapitre du premier livre du « Contrat social ».

Rousseau affirme que celui qui refuse d'obéir aux lois peut y être contraint par le corps social, mais ilajoute que cette contrainte sert en fait la liberté de celui qui y estsoumis.

Ce paradoxe met en évidence la tension qui existe entre notreexistence d'individu et notre existence de citoyen, et interroge sur laconciliation de l'obéissance civique avec la liberté. Rousseau partage avec les partisans du droit naturel l'idée que l'être humain est naturellement libre et autonome, chacun d'entre nous a naturellement le droit de décider deses propres actions, dans son propre intérêt.

Or, l'intégration à un Etat nécessite uneorganisation sociale, des lois, un pouvoir commun.

Le problème central qu'examine le« Contrat social » est de savoir ce qu'est une loi légitime, ou encore de déterminer à quoi chacun de nous s'engage en vivant sous un pouvoir commun.

Qu'est-ce que je donne demon pouvoir de me diriger moi-même ? à qui ? en l'échange de quoi ? Ou encore, dans quelbut véritable les hommes décident-ils de s'associer, de se donner des lois communes ? Alors que Hobbes pense que le souci d'être en sécurité est le principal moteur de la vie sociale, Rousseau affirme que « renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme ».

Non seulement la liberté est inaliénable, et nul ne peut vouloir être soumis à un autre, mais surtout les hommes s'associent pour conserver. »

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