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LA LINGUISTIQUE, LE LANGAGE, LA LANGUE

Publié le 22/10/2011

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langage

Depuis Saussure (Cours, pp. 114-140), on distingue donc, et l'on sépare, deux types de description linguistique. La description synchronique qui vise à saisir un « état de langue «, sur une période aussi courte que possible, afin justement d'être raisonnablement sûr que la langue n'a pas sensiblement bougé durant l'étude. La description diachronique, elle, cherche à comparer des états de langue successifs, afin d'y relever les différences, et de trouver les causes et les processus de l'évolution qui a fait passer tel fait de langue de tel à tel autre.

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« textes vieillis, et c'est la philologie; souci de comprendre les rapports entre langage et pen­ sée, souci d'étudier scientifiquement la langue comme on étudie les autres phénomènes au temps de l'essor des sciences, - et de l'étudier historiquement comme les autres phénomènes, au temps de l'essor de l'histoire; souci de la description des langues, etc.

Seule une étude détaillée de chacun de ces courants, et de leurs interactions, pourrait montrer comment la linguistique est née d'eux, ou· sans eux, où contre eux.

Rien de plus intéressant, de ce point de vue, que l'histoire de quelques questions cen­ trales.

L'histoire des « parties du discours », par exemple, se prêtera sans doute à de belles constructions de filiations continues, à partir d'Aristote, leur créateur (en Occident, car au IV0 siècle av.

J.-C., l'Hindou Panini fait un travail analogue en sanscrit), en passant par les Stoïques, qui fondent la notion de cas (déclinaisons), puis les Scolastiques, les Hu­ manistes, et Port-Royal.

Mais rien de plus hasardeux, au contraire, que ce qu'on ne peut pas appeler le développement de la phoné­ tique : Panini et les Hindous mettent au point une bonne description des sons du sanscrit, fondée sur d'excellentes observations de phonétique articulatoire (mais on ne la connaîtra pas en Europe avant la fin du xvni• siècle).

Les Grecs, eux, s'intéressent à la phonétique auditive.

Mais ces modestes dé­ buts se perdent, et les Scolastiques confon­ dent les lettres et les sons.

La phonétique articulatoire resurgit, au xvi• siècle, de façon tout empirique, dans les manuels qui se pro­ posent d'enseigner à parler une langue étran­ gère, - puis sur un point tout différent : l'enseignement des sourds-muets; tandis que Ramus, assez isolé comme descripteur des sons linguistiques chez les Humanistes, abou­ tit aux « lettres ramistes :..

Mais la phoné­ tique moderne ne procède pas d'eux : la ty­ rannie des formes écrites sur l'analyse des formes parlées mène encore Ja:kob Grimm (1785-1863) à compter le nombre de lettres d'un mot écrit pour en déterminer le nom­ bre de « sons ».

C'est la conjonction d'une physiologie scientifique et d'une linguistique adulte, entre 1850 et 1870, qui suscite la phonétique que nous connaissons.

L'histoire d'une notion capitale comme l'ar­ bitraire du signe n'est pas moins zigzagante.

Elle était en germe dans le problème central que Platon posait dans le Cratule : le lan­ gage est-il un fait de nature, ou de conven­ tion; la forme du mot est-elle liée à son sens par analogie, ou par anomalie ? Le problème est repris par Aristote et les Stoïques; puis par les Scolastiques : les modes de significa­ tion reflètent-ils les propriétés des choses (Réalisme), ou non (Nominalisme) ? En dépit, ou à cause de ces débats, la thèse · de l'arbi­ traire du signe ne réapparaît que de temps à autre, chez les logiciens : Descartes (~ Les voix qu'on jette, criant et riant, sont sem­ blables en toutes langues [ ...

].

Mais lorsque je vois le ciel et la terre, cela ne m'oblige point à les nommer d'une façon plutôt que d'une autre »); Locke (Le mot n'est qu'un signe dont le sens est « parfaitement arbi­ traire »); Leibniz (qui oppose « les figures signifiantes par elles-mêmes » à « nos lettres et aux caractères chinois, qui ne sont significatifs que par la volonté des hommes»); Condillac, etc.

La chose curieuse, c'est que ces indications n'ont pas eu d'effet sur la lin­ guistique pendant deux mille ans.

Ce qu'on veut illustrer par là, c'est l'impossibilité d'écrire une histoire de la linguistique comme une généalogie : Plato genuit Aristotelem, qui genuit Scotum, qui venuit Ramum ...

Sur­ tout que, dans cet arbre généalogique des pro­ blèmes linguistiques, à côté des rameaux qui verdoient jusqu'à nos jours, il faudrait aussi tenir compte des branches mortes : les ques­ tions définitivement répudiées, bien qu'elles aient nourri des siècles de discussions théo­ riques, - la théorie chère à Schleicher (1821- 1868) et longtemps célèbre, de l'inévitable dégradation de toutes les · langues au cours de leur histoire; ou celle de l'origine des langues fondée sur une symbolique phoné­ tique.

Si l'on accepte de ranger sans injustice dans la préhistoire de la linguistique les grandes constructions stimulantes mais prématurées des Allemands du XIx" siècle (parmi lesquels Humboldt, qui reste très grand par ses in­ tuitions, Schleicher, Max Müller bien qu'an­ glicisé, Hermann Paul), l'histoire de la lin­ guistique peut être résumée (plutôt que par une poussière de noms) par les quelques grands courants à qui elle doit véritablement quelque chose d'essentiel.

Pendant longtemps, le moins connu ou le moins influent de ces courants a été en Eu­ rope un courant américain, représenté par les noms de Whitney (1827-1894), de Franz Boas (1858-1942), Sapir (1884-1939) et Bloomfield (1887-1949), auxquels il faudrait ajouter celui du logicien C.S.

Peirce (1839-1914).

Les carac­ téristiques originales de ce courant ont été une attention systématique, dès Whitney, portée au langage considéré sous son aspect de moyen de communication sociale, comme un code de signes; une interpénétration profonde entre ethnographie et linguistique, liée à l'étude d'un domaine linguistique de structures tota­ lement différentes de l'indo-européen, les lan­ gues amérindiennes (Boas, Sapir); enfin, l'essai d'une linguistique générale fondée sur la psychologie behavioriste (Bloomfield).

Un courant français peut être défini par les noms de Bréal, titulaire de la première chaire de Grammaire comparée au Collège de France (de 1864 à 1905), et surtout de Meillet qui. »

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