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La Métaphysique est-elle inutile ?

Publié le 02/10/2005

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 B.     Et en effet, la question de la métaphysique n'est pas « comment » telle chose est devenue ce qu'elle est mais « pourquoi ». Le comment implique d'emblée une réflexion portée sur le mode de fabrication ou de formation de la chose en question, qui suppose que l'on soit intéressé par sa production. Ainsi Platon dans le Phédon explique comment Socrate est passé de la physique à la métaphysique : la physique ne lui fournissait pas d'explication satisfaisante. Par exemple, si l'on veut savoir pour ces bâtons que l'on a sous les yeux sont deux et non pas un, il existe deux explication physiques possibles : soit on les a rapprochés, et ils sont devenus deux à cause de ce rapprochement, soit on a rompu un bâton en deux et d'un qu'il était, il est devenu deux. L'explication fournie par la physique est donc utile, puisqu'elle donne deux moyens distincts d'avoir deux choses, mais elle est insatisfaisante du point de vue de la raison, puisqu'elle donne deux explications contradictoires (rapprochement et séparation) pour une même chose. C'est bien pour cela que Socrate se tourne vers la métaphysique, qui lui donne beaucoup plus de satisfaction : les bâtons sont deux parce qu'ils participent à l'Idée de deux, tout comme une chose est belle parce qu'elle participe à l'Idée de beauté. La métaphysique permet donc de trouver une explication convenable au pourquoi de toute chose, mais uniquement en faisant découler l'existence de cette chose de l'Idée et du monde des Idées qui devient un monde stable et fixe à partir duquel l'existence contingente, singulière et imparfaite du monde sensible peut être comprise. C.     On constate donc qu'il y a une véritable dévaluation de l'utilité : seul ce qui est inutile est noble.
On peut définir la métaphysique par son étymologie : est métaphysique ce qui est situé au-delà de la physique. C'est donc une discipline qui s’occupe de ce qui n'est pas réductible à la matière : Dieu, l’âme, la liberté, l’être sont donc des objets propres à la métaphysique. On pourrait donc comprendre par là que la métaphysique est inutile, puisque ne peut être utile que ce qui est utilisé comme moyen vers une fin plus importante que lui, et ce qui par là même satisfait un besoin. Il semble au contraire que la physique ou du moins les disciplines qui ont pour objet ce qui est physique (c'est-à-dire la matière, le tangible) soient utiles. Pourtant, n’existe-t-il pas une autre forme d’utilité, différente de celle qui nous encourage à améliorer nos moyens de transport ou de communication qui serait une utilité spirituelle ou sociale : s’interroger sur Dieu ou se demander ce qu’est un sujet n'est-il pas tout aussi utile au bien-vivre que les progrès de la technique ? La métaphysique perd-elle sa noblesse en se révélant utile, ou faut-il admettre une autre sorte d’utilité aux cotés de l’utilité habituelle, qui pourrait expliquer la pérennité des considérations métaphysiques ?

« conditions premières de vie, les consolider et les maintenir.

A cet égard, la métaphysique est pour le moinsutile, puisqu'elle fait partie de l'ensemble des éléments qui permettent à une organisation sociale de durer.

Lamétaphysique ne serait donc qu'une illusion, puisque non seulement elle est pétrie d'utilité, mais qu'en pluselle s'aveugle elle-même sur son utilité. Transition : le paradoxe auquel on aboutit, c'est que si la métaphysique est utile, suivant la définition la plus simple qui existe de l'utilité (ce qui ce vaut pas en soi, mais par rapport à autre chose, ce qui répond à un besoin) alors elledevient inutile, puisqu'une fois cette illusion mise à jour, on n'y trouve plus aucun sens. III. L'utilité de la métaphysique est une utilité à part A.

Pourtant, ce que l'analyse de Marx semble oublier, c'est que pour jouer ce rôle d'autojustification, encore faudrait-il que la métaphysique soit une discipline dogmatique, qui nous enseigne comment les choses sont etcomment elles devraient être, alors que la métaphysique est avant tout une interrogation perpétuelle, et quele consensus n'y règne pas, loin de là.

Kant la caractérise même par ce caractère qui lui est propre : le faitd'être un champ de bataille.

Dans la préface de la Critique de la raison pure , il montre que, contrairement aux sciences qui font continuellement des progrès et dont ces progrès remportent l'adhésion des savants(une découverte, une fois mise en théorie, n'est que rarement remise en cause, ou alors cette remise encause elle-même fait l'objet d'un consensus), la métaphysique est une discipline errante, où l'on a peud'acquis, et où les questions demeurent indécises.

B.

Par exemple, dans les antinomies, il montre que la question de savoir si Dieu existe ne fait toujours pas l'unanimité, et que l'on peut défendre une position autant que l'autre.

Pourquoi ? parce que la métaphysiquene porte que sur ce sur quoi on ne peut faire d'expérience, sur des choses qui ne sont pas sensibles (c'estmême là sa définition).

On ne peut expérimenter l'existence de Dieu, puisqu'il est par nature au-delà de touteperception, et il en va de même avec l'idée de l'âme.

C.

La réponse de Kant à ce problème (savoir pourquoi la métaphysique ne suit pas le même progrès linéaire et continu que les sciences) est donc que la métaphysique ne saurait être une science, puisqu'on ne peutfaire d'expériences sensibles sur ses objets.

Dans ce cas, faut-il en déduire que la métaphysique est inutile –au sens péjoratif cette fois où elle serait dénuée de tout intérêt ? non, car d'une part, cette recherche del'inconditionné et cette tendance à réfléchir sur ce qui ne fait pas l'objet d'expérience est une tendancenaturelle de l'esprit humain, qui ne pourra donc jamais s'arrêter au monde sensible (la métaphysique est doncutile en ce qu'elle répond à un besoin spirituel essentiel du sujet humain) et d'autre part parce que certainesquestions essentielles ne peuvent se passer de métaphysique : la recherche du bonheur, savoir ce qui estbien et ce qui est mal, ce que l'on peut espérer à condition d'avoir agit comme il faut, sont autant dequestion dont l'homme ne peut faire abstraction.

La métaphysique lui est donc tout à fait utile pour vivre,mais elle ne peut faire l'objet d'une science : « j'ai du supprimer le savoir pour lui substituer la croyance »écrit Kant. Conclusion On ne peut donc prétendre que la métaphysique est inutile dans la mesure où les questions qu'ellesoulève concernent notre vie dans ce qu'elle a de plus essentiel.

Beaucoup de question d'éthique peuventégalement être assimilées à des questions de métaphysique : à partir de quand un embryon peut-il être considérécomme une personne à qui on attribue des droits (ce qui suppose que l'on ne peut par exemple pas faired'expériences sur lui) ? Avons-nous des devoirs envers la nature ? Dieu peu-il faire l'objet d'une science, ou relève-t-il seulement de la croyance ? Autant de question qui supposent que l'on dépasse le monde sensible et que l'ons'interroge sur l'être même des choses, sur leur essence.

Pour autant, cette utilité là n'est pas nécessairementinféodée à une fin qui lui serait supérieure.

C'est une utilité qui vaut en soi, bien qu'elle puisse avoir des applicationspratiques.. »

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