La Métaphysique est-elle inutile ?
Publié le 02/10/2005
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conditions premières de vie, les consolider et les maintenir.
A cet égard, la métaphysique est pour le moinsutile, puisqu'elle fait partie de l'ensemble des éléments qui permettent à une organisation sociale de durer.
Lamétaphysique ne serait donc qu'une illusion, puisque non seulement elle est pétrie d'utilité, mais qu'en pluselle s'aveugle elle-même sur son utilité.
Transition : le paradoxe auquel on aboutit, c'est que si la métaphysique est utile, suivant la définition la plus simple qui existe de l'utilité (ce qui ce vaut pas en soi, mais par rapport à autre chose, ce qui répond à un besoin) alors elledevient inutile, puisqu'une fois cette illusion mise à jour, on n'y trouve plus aucun sens.
III. L'utilité de la métaphysique est une utilité à part
A.
Pourtant, ce que l'analyse de Marx semble oublier, c'est que pour jouer ce rôle d'autojustification, encore faudrait-il que la métaphysique soit une discipline dogmatique, qui nous enseigne comment les choses sont etcomment elles devraient être, alors que la métaphysique est avant tout une interrogation perpétuelle, et quele consensus n'y règne pas, loin de là.
Kant la caractérise même par ce caractère qui lui est propre : le faitd'être un champ de bataille.
Dans la préface de la Critique de la raison pure , il montre que, contrairement aux sciences qui font continuellement des progrès et dont ces progrès remportent l'adhésion des savants(une découverte, une fois mise en théorie, n'est que rarement remise en cause, ou alors cette remise encause elle-même fait l'objet d'un consensus), la métaphysique est une discipline errante, où l'on a peud'acquis, et où les questions demeurent indécises.
B.
Par exemple, dans les antinomies, il montre que la question de savoir si Dieu existe ne fait toujours pas l'unanimité, et que l'on peut défendre une position autant que l'autre.
Pourquoi ? parce que la métaphysiquene porte que sur ce sur quoi on ne peut faire d'expérience, sur des choses qui ne sont pas sensibles (c'estmême là sa définition).
On ne peut expérimenter l'existence de Dieu, puisqu'il est par nature au-delà de touteperception, et il en va de même avec l'idée de l'âme.
C.
La réponse de Kant à ce problème (savoir pourquoi la métaphysique ne suit pas le même progrès linéaire et continu que les sciences) est donc que la métaphysique ne saurait être une science, puisqu'on ne peutfaire d'expériences sensibles sur ses objets.
Dans ce cas, faut-il en déduire que la métaphysique est inutile –au sens péjoratif cette fois où elle serait dénuée de tout intérêt ? non, car d'une part, cette recherche del'inconditionné et cette tendance à réfléchir sur ce qui ne fait pas l'objet d'expérience est une tendancenaturelle de l'esprit humain, qui ne pourra donc jamais s'arrêter au monde sensible (la métaphysique est doncutile en ce qu'elle répond à un besoin spirituel essentiel du sujet humain) et d'autre part parce que certainesquestions essentielles ne peuvent se passer de métaphysique : la recherche du bonheur, savoir ce qui estbien et ce qui est mal, ce que l'on peut espérer à condition d'avoir agit comme il faut, sont autant dequestion dont l'homme ne peut faire abstraction.
La métaphysique lui est donc tout à fait utile pour vivre,mais elle ne peut faire l'objet d'une science : « j'ai du supprimer le savoir pour lui substituer la croyance »écrit Kant.
Conclusion On ne peut donc prétendre que la métaphysique est inutile dans la mesure où les questions qu'ellesoulève concernent notre vie dans ce qu'elle a de plus essentiel.
Beaucoup de question d'éthique peuventégalement être assimilées à des questions de métaphysique : à partir de quand un embryon peut-il être considérécomme une personne à qui on attribue des droits (ce qui suppose que l'on ne peut par exemple pas faired'expériences sur lui) ? Avons-nous des devoirs envers la nature ? Dieu peu-il faire l'objet d'une science, ou relève-t-il seulement de la croyance ? Autant de question qui supposent que l'on dépasse le monde sensible et que l'ons'interroge sur l'être même des choses, sur leur essence.
Pour autant, cette utilité là n'est pas nécessairementinféodée à une fin qui lui serait supérieure.
C'est une utilité qui vaut en soi, bien qu'elle puisse avoir des applicationspratiques..
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