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La mort est-elle une fin ?

Publié le 04/01/2010

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Il suffit d'ouvrir un journal pour être en contact avec la mort. Ici, un meurtrier a fait disparaître une jeune femme, là un cyclone a balayé plusieurs milliers d'individus, de partout les gens pleurent la disparition de leurs proches qu'ils ne verront plus. Pourtant, à ceux qui pleurent cette disparition certains répondront que leur peine pourrait être apaisée parce qu'ils les rejoindront un jour dans l'au-delà. Deux conceptions contradictoires de la mort comme fin absolue et comme fin relative de la vie s'affrontent donc et appellent une question qui permettra de les départager : la mort est-elle une fin ?

Le sujet semble appeler une réponse positive évidente. Pourtant Il s'agirait alors de préciser ce dont la mort est une fin. De plus, cette réponse ne prend en compte qu'une acception du nom « fin «, celui d'arrêt alors que la « fin « peut-être un but. Le sujet nous incite donc à nous interroger sur la définition ou l'essence de la mort et à voir si elle est une limite, ou un but. Nous soutiendrons pour notre part que si la mort vient limiter la vie elle peut aussi être un but puisqu'il s'agit peut-être de « bien « mourir. 

« préparer, en vivant, à passer dans l'au-delà.

Ainsi, dans l' Apologie , Socrate montre-t-il que le philosophe n'a pas peur de la mort parce qu'il sait qu'il trouvera dans l'Hadès la sagesse qu'il a cherché sur terre.

Il doit même au coursde sa vie se préparer à mourir en faisant de la recherche de la sagesse son oeuvre principale. Si l'on en croit ainsi les différentes eschatologies religieuses de la mort (c'est à dire les différentes réflexionsreligieuses sur le but de la mort) la mort est la « fin » de la vie, c'est à dire sa finalité ou son but parce que notrevie n'est qu'éphémère puisque nous sommes destinés à passer vers un autre état d'existence.

Pourtant, sanssouscrire à une croyance religieuse on pourrait peut-être soutenir que le vivant est fait pour mourir puisque tous lesêtres vivants meurent.

Si, comme l'affirme Xavier Bichat « la vie est l'ensemble des fonctions qui résistent à lamort », montrant l'antagonisme entre la vie et la mort, cette résistance cesse inexorablement à un moment ou à unautre. Bichat, « La vie, c'est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort.

» Chirurgien militaire, puis professeur, Bichat fait partie d'un courant de pensée appelé "vitalisme".

Pour aller àl'essentiel, on peut dire que le vitalisme considère que le vivant possède des caractéristiques spécifiques etirréductibles à une approche simplement mécanique ou physico-chimique.

Par ailleurs, il postule que la vie s'inscritdans une lutte permanente contre les lois physiques qui ne tendent naturellement ni à l'équilibrer, ni à la préservermais à la détruire.

C'est précisément cette dimension qui est évoquée dans la citation puisque la vie y est définiedans son opposition avec son contraire : la mort.

Derrière une définition apparemment simpliste (la vie c'est tout cequi résiste à la mort), Bichat nous permet de comprendre que la vie est "un ensemble de fonctions" qui s'opposent àl'inertie du monde de la matière.

La nutrition, la reproduction, la respiration, les échanges entre organes, lesdéfenses immunitaires etc.

constituent autant de "phénomènes de vie", si l'on peut dire, et grâce à eux, la vieperdure dans un environnement matériel hostile et foncièrement étranger.

Bichat distingue deux sources d'agression,renvoyant à des conditions externes et internes au vivant.

Les premières sont liées aux stimuli de tous ordres quicontraignent l'organisme à s'adapter à son milieu, lequel tend à le faire mourir sans cette adaptation (Bichat parle de"principe de réaction").

Les secondes résultent des forces physiques internes à la matière organique et quiconvergent vers sa décomposition.

Dans ces conditions, la mort apparaît bien sûr comme l'autre du vivant, maisaussi comme ce contre quoi le vivant se détermine : vie et mort sont deux forces contradictoires, continuellementen tension.

Mais qu'est-ce qui fait la spécificité de la vie à l'égard de la matière inanimée ? La finalité du vivant pourrait ainsi de mourir en cédant la place aux êtres qui sont créés par la reproduction parexemple.

En suivant Hegel et sa Phénoménologie de l'esprit , la naissance des enfants est ainsi la « mort » des parents. Pourtant, lorsque nous mourrons nous ne cédons pas la place qu'à nos enfants mais nous laissons aussi derrièrenous des souvenirs.

Par conséquent, « bien mourir » serait, sans connotation religieuse, la recherche d'une mortglorieuse ou la préparation d'une telle mort par une vie glorieuse.

Il s'agirait ainsi d'accepter sa mortalité en faisantde la mort glorieuse un but (en laissant par exemple des traces comme l'art), mais aussi de déjouer la mort puisque,à la mort physique, survit une trace de notre passage sur terre. Conclusion Par conséquent, ce n'est qu'en ayant conscience de notre mortalité que nous pouvons paradoxalement dépasser lamort en faisant en sorte de laisser une trace de notre vie.

Sans évoquer les diverses interprétations religieuses de lamort qui peuvent en effet en faire un passage d'une existence physique à un autre type d'existence, la mort estindubitablement la fin de la vie puisqu'elle signifie la fin de l'activité du vivant. Pour autant, la mort est la fin de la vie (et de quoi d'autre pourrait-elle être la fin puisqu'elle se définit paropposition avec la vie ?) tant comme limite que comme finalité.

En effet le vivant semble destiné à mourir et surtoutil est possible de prendre la mort comme but, c'est à dire de se préparer à mourir en recherchant à accomplir desoeuvres glorieuses ou par la production artistique par exemple. Ainsi la mort est une « fin » aux deux sens du terme, c'est à dire une limite, un arrêt mais aussi un but, une finalité.. »

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