La passion est-elle un obstacle à ma volonté?

Nous avions vu dans les premières séances du cours que Sénèque conçoit la passion comme un abandon de soi-même auquel le sujet participe. Le sujet s’abandonne et le fait avec plus ou moins de complicité. Il n’est en tout les cas pas totalement passif sous l’emprise de la passion mais semble l’accompagner, lui ouvrir les portes de sa volonté. Contrairement à l’émotion à laquelle je suis tout à fait soumis, contraint, puisqu’elle trouve sa cause dans les seuls objets extérieurs, la passion grignote sur ma volonté. Quant à savoir si elle est un «obstacle«, il est moins aisé de l’affirmer. Nous pourrions penser en partant de ces affirmations qu’elle n’en est pas un : puisque je collabore à son développement, elle ne s’impose pas comme quelque chose de dérangeant contre le lequel je lutte à la façon d’un obstacle. Il convient néanmoins de se demander pourquoi je semble collaborer si facilement à son établissement dans ma volonté. Ricoeur va plus loin dans cette idée de complicité en évoquant le phénomène «nolontaire« qui désigne la faculté de ne pas vouloir. Selon lui, la passion paralyse la volonté en la privant de la possibilité du refus. Dans ces termes, on ne peut plus admettre l’accord tacite du sujet face à la passion : si celle-c...