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La politique est-elle une science ou un art ?

Publié le 04/02/2004

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La politique serait-elle donc une science ? De celle-ci, on constate pourtant une pluralité d'applications, alors que la politique peut être de ce point de vue impuissante. Faut-il alors admettre que la politique n'est qu'un vague savoir-faire empirique, une sorte de technique ou d«< art « approximatif dont la réussite est soumise à des conditions sur lesquelles elle n'a pas de maîtrise ? [I. Du côté de la science] Lorsque Platon élabore ce que devrait être une cité juste, il prévoit que le pouvoir y appartiendra aux «philosophes dirigeants «. C'est que ces derniers sont en effet parvenus, au terme d'un long parcours, à la connaissance du Bien, et seront capables d'en tenir compte pour diriger les affaires publiques. L'appropriation d'une « science « - évidemment différente de ce que nous nommons ainsi - les rend aptes à la direction des hommes. On doit toutefois noter que la mise en application du savoir ne va pas sans perte : le passage de l'Idée dans la cité soumise au temps implique une dégradation. Bien que de tels dirigeants prennent soin d'assurer l'étanchéité des différentes catégories sociales, et s'autorisent, pour le bien de tous, à truquer notamment les unions, la cité est condamnée à ne pas demeurer parfaite : l'alliance du savoir et d'un certain « art « nécessaire à l'appliquer semble impuissante pour lutter contre la corruption inhérente à tout le monde sensible.Bien que plus personne n'adhère au modèle platonicien de la justice, et que l'on reproche volontiers à la cité juste de ressembler à un camp de concentration, on peut sans doute retenir de Platon la différence qui existe entre la connaissance pure de ce qui doit être fait, et les aléas de sa mise en application : la science politique (au sens strict, il ne s'agit encore que d'organiser une polis) est obligée de mettre en pratique quelques rusespour atteindre les buts qu'elle se donne.

  • La politique relève-t-elle d'un savoir théorique, d'une connaissance universelle du bien et du mal ou bien au contraire d'un savoir-faire ? L'homme politique est-il plus proche du technicien, du scientifique... ou... de l'artiste ?
  • La politique est-elle un art ou une science ? Est-ce qu'elle applique des principes généraux et abstraits au réel ? Ou bien est-ce qu'elle part au contraire de ce réel pour en retenir des "leçons", des principes d'action ? Quel est ce réel dont s'occupe la politique ? Pourquoi ici serait-on plutôt du côté de l'art que de la science ?

Introduction

  • La politique est un «art« au sens large, une technique

A - La politique consiste à mettre des moyens au service d'une fin donnée B - Lorsqu'elle prétend relever de la science, la politique conduit au totalitarisme C - La politique est un art qui exige un sens historique, et une aptitude à l'action

  • La politique est une science

A - La politique ne requiert pas de compétence particulière, de savoir-faire technique B - La politique est la science suprême

  • La politique n'est ni une science ni un art au sens large

A - La politique n'est pas une science B - Quoique la politique ne soit pas un art au sens strict, le jugement politique suppose le jugement esthétique C - La politique ne saurait se réduire à un savoir-faire technique Conclusion

« [III.

Nécessité de l'art] Il est possible que la complexité de la réalité contemporaine tende à rapprocher la démocratie de la technocratie.C'est que les décisions qui doivent être prises nécessitent en effet des connaissances dans de nombreux domaines –économiques, démographiques, écologiques, etc.

Il est donc nécessaire que le dirigeant politique, un ministre parexemple, soit entouré d'un nombre non négligeable de conseillers, choisis en fonction de leurs connaissancesspécialisées.

Il apparaît alors que la politique, si elle fait appel à différents savoirs éventuellement scientifiques,n'est pas en elle-même une science.

Elle est bien plutôt l'art de prendre la décision convenable en fonction desinformations rassemblées et délivrées par les « experts ».Comment caractériser un tel « art » ? En amont, il lui faut emprunter du savoir ; en aval, il lui faut être efficace,c'est-à-dire être d'abord capable de présenter la décision prise comme nécessaire, ou la seule capable de garantirque l'on s'approche du but fixé.

Qu'un tel art ait à voir avec la maîtrise du langage, c'est l'évidence, mais on nesaurait l'y réduire, à moins de confondre politique et simple démagogie.

En d'autres termes, la politique doit assumerune décision qui peut « déplaire » à certaines parties de la population, pourvu qu'elle soit au service du biencommun.

Il s'agit alors d'admettre qu'à moyen terme la décision aura prouvé sa validité et persuadé les « opposants» qu'elle devait être prise.

Sans doute une telle opération est-elle facilitée si le personnel politique est lui-mêmedoté de « charisme », mais encore faut-il que ce dernier ne se confonde pas avec un simple pouvoir de séduction,qui irait à nouveau du côté de la démagogie.Si l'on considère la politique comme un aspect essentiel de la vie sociale, on peut alors la concevoir comme l'art leplus grave ou le plus sérieux, qui suppose une pratique de la décision rationnellement fondée, mais aussi une aisanceà la justifier et, s'il le faut, à l'imposer. [Conclusion] La politique, comme action publique, n'est pas une science en elle-même, bien qu'elle fasse de plus en plus appelaux connaissances de sciences annexes, qui lui sont nécessaires pour éclairer ses décisions.

Son savoir-faire propreréside précisément dans la capacité de synthèse efficace qu'implique la prise de décision, autant que dans l'« art »– qui ne signifie pas hypocrisie – avec lequel elle présentera cette dernière comme nécessaire à la situation.. »

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