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LA PROBLÉMATIQUE DU SENS: L’HISTOIRE

Publié le 18/01/2020

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histoire

Les mémoires, le conte et l'enquête

Si toute histoire a pour fonction première d’« empêcher que le temps n’efface les actions humaines», comme le souhaitait Hérodote, premier historien professionnel, le paradoxe est que l’histoire ne peut exister, à proprement parler, que lorsque tous les acteurs sont morts et que les témoins eux-mêmes ont disparu. Aussi longtemps en effet que les acteurs d’une époque sont en activité et qu’ils font l’histoire, ils peuvent bien écrire leurs «mémoires», mais ils ne font pas, pour autant, de l’histoire.

César (De bello gallico), de Gaulle (Mémoires de guerre), aussi bien que Thucydide et Hérodote lui-même, décrivent surtout des actions, des événements et des situations qu’ils ont vécus et qu’ils transforment en une œuvre de représentation sensible. Ce qu’élaborent ces «historiens originaux», comme les appelle Hegel, c’est leur propre expérience vécue, dans des limites nécessairement étroites. L’histoire «originale» n’est pas encore «l’histoire», mais l’un des matériaux de l’histoire «réfléchissante», «qui transcende l’actualité dans laquelle vit l’historien et qui traite le passé le plus reculé comme actuel en esprit ».

' Hegel, La Raison dans V Histoire, trad. K. Papaioannou, 10/18, p. 29.

L’histoire professionnelle n’est pas la «mémoire de l’humanité», puisqu’elle naît en rupture non seulement avec le temps de l’action présente, mais avec celui de la mémoire vivante : il y a ainsi, comme l’a bien montré Maurice Halbwachs, une opposition décisive entre la mémoire collective et l’histoire. L’histoire proprement dite commence avec le récit d’un événement passé à quelqu’un qui ne l’â pas vécu et qui en est réduit à l’imaginer. Ainsi, la naissance de l’histoire s’apparente, dans son principe, à celle du conte.

Le plus ancien des historiens connus - Hérodote d’Hali-camasse (Ve siècle avant J.-C.) que Cicéron appela «le père de l’histoire» - est d’abord, selon l’expression de H.-I. Marrou, «un délicieux conteur». D’ailleurs, Thucydide rangeait déjà Hérodote, son aîné d’environ vingt ans, parmi les conteurs de mythes, plus soucieux de plaire au public en lui racontant de belles « histoires » que de dire la vérité. Cette disqualification marquait le début de «l’histoire de l’histoire».

Mais le récit historique, à la différence du conte, est donné pour véridique : il prétend rapporter ce qui a réellement eu lieu, dans un espace et dans un temps déterminés. De plus, il ne se borne pas à exposer les événements d’une manière décousue ou fantastique, mais il en fournit une explication en les présentant de façon ordonnée, en les organisant dans un ensemble cohérent qui fait paraître les causes de ce qui est arrivé. Le récit historique se distingue ainsi du conte dans la mesure où il est le produit d’une investigation, d’une reconstitution exigeantes du passé, et qu’il se donne pour le résultat d’une enquête.

Histoire, du grec historia = recherche, information, enquête ; par suite : résultat d’une enquête, connaissance, puis : relation verbale ou écrite de ce qu’on a appris, récit, d’où : histoire.

Dès lors, de nombreuses questions surgissent touchant la nature d’une telle entreprise, sa légitimité, ses conditions de validité, son sens : qu’est-ce qu’une connaissance historique et à quoi peut-elle servir ? quelle est la mesure de la vérité en histoire ? comment juger de la vérité d’un discours dont l’objet n’est plus là ? de quel passé réputé mémorable l’historien a-t-il choisi de nous entretenir parmi tant de passés possibles dans l’espace et dans le temps ? de quelle intention, secrète ou avouée, procède son choix ? pourquoi

L’HISTOIRE, LES HISTOIRES ET LES HISTORIENS

«Papa, explique-moi donc à quoi sert l’histoire.» C’est ainsi que commence Apologie pour l’histoire, ouvrage posthume de l’historien Marc Bloch. Loin de trouver naïve la demande de son enfant, Marc Bloch la juge au contraire parfaitement pertinente : «Le problème qu’elle pose avec l’embarrassante droiture de cet âge implacable, écrit-il, n’est rien de moins que celui de la légitimité de l’histoire. » Il y a cependant un problème antérieur à celui de la légitimité de l’histoire, c’est celui de son existence. Il reste à savoir en effet s’il existe une histoire, une et indivisible -l’histoire - qui serait uniquement l’affaire des historiens de profession et des livres d’histoire. Ce problème ne concerne pas le fils d’un historien de métier, qui voit en quelque sorte l’histoire incarnée dans l’activité de son père, ni l’écolier pour qui l’histoire se confond avec la discipline ou la matière qu’on lui enseigne et les leçons qu’il doit apprendre.

Mais, en dehors de ces cas d’espèce, l’enfant aime bien, avant de s’endormir, qu’on lui raconte «une histoire». Et peut-être les hommes, avant de mourir, souhaitent-ils obscurément entendre le récit de leur histoire, cette histoire dont ils ignorent le commencement - et surtout la fin. Or, jusqu’à présent, ils n’ont à connaître que «des histoires» : histoire des Romains, histoire de l’Égypte, histoire de la Révolution française, etc., dont ils sont, par principe, exclus. Car elles se situent toujours en un autre temps, au-delà de leur propre passé et en dehors du souvenir de leur propre expérience vécue.

SCIENCES AUXILIAIRES DE L’HISTOIRE
Philologie : étude formelle des textes dans les manuscrits.
Épigraphie : étude des inscriptions.
Paléographie : étude des écritures anciennes.
Lexicographie : étude des faits de vocabulaire et, plus spécialement, dans leurs rapports avec la société (lexicologie).
Mythologie : étude des mythes, de leurs origines, de leur développement et de leur signification.

Les divers sens du mot « histoire » L’histoire et les sciences

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