La Raison dans l’Histoire : « Les moyens de la réalisation » - chapitre II : « La réalisation de l’Esprit dans l’Histoire ».
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La passion est tenue pour une chose qui n’est pas bonne, qui est plus ou moins mauvaise : l’homme ne doit pas avoir des passions. Mais passion n’est pas tout à fait le mot qui convient pour ce que je veux désigner ici. Pour moi, l’activité humaine en général dérive d’intérêts particuliers, de fins spéciales ou, si l’on veut, d’intentions égoïstes, en ce sens que l’homme met toute l’énergie de son vouloir et de son caractère au service de ces buts en leur sacrifiant tout ce qui pourrait être un autre but, ou plutôt en leur sacrifiant tout le reste.
Dès le début, je me suis expliqué sur ce point et j’ai indiqué quel est notre présupposé, ou notre foi: c’est l’idée (qui ne peut être énoncée qu’en tant que résultat et est donc énoncée ici sans aucune prétention) que la raison gouverne le monde et par conséquent gouverne et a gouverné l’histoire universelle. Par rapport à cette raison universelle et substantielle, tout le reste est subordonné et lui sert d’instrument et de moyen.
« Comment ce sens est-il produit par l'histoire et les hommes qui y participent? Tout, pour Hegel, participe à ce sens global même ce qui, à première vue, semble ne pas pouvoir du tout s'y intégrer. Ainsi la passion. Hegel sait et rappelle qu'elle est d'ordinaire présentée comme ce qui, de manière irréductible, s'oppose à la Raison. Mais c'est une autre définition de la passion qu'il propose et une autre conception de ses rapports avec l'Histoire et la raison dans l'Histoire qu'il élabore : «La passion est tenue pour une chose qui n'est pas bonne, qui est plus ou moins mauvaise: l'homme ne doit pas avoir des passions. Mais passion n'est pas tout à fait le mot qui convient pour ce que je veux désigner ici. Pour moi, l'activité humaine en général dérive d'in térêts particuliers, de fins spéciales ou, si l'on veut, d'intentions égoïstes, en ce sens que l'homm'e met toute l'énergie de son vouloir et de son caractère au service de ces buts en leur sacrifiant tout ce qui pourrait être un autre but, ou plutôt en leur sacrifiant tout le reste.» La passion est, pour Hegel, cette force qui pousse l'individu à satisfaire ses intérêts particuliers. C'est en ce sens que «rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion». Chacun cherche à se satisfaire lui-même et là se trouve le moteur véritable de l'His toire. Cependant, à s'en tenir là, on manquerait ce qui fait véritablement la force de la démonstration de Hegel. Mue par la passion, l'Histoire, pour Hegel, n'échappe pas pour autant à la Raison. C'est en fait exactement l'inverse qui se produit: «Dans l'histoire universelle, il résulte des actions des hommes quelque chose d'autre que ce qu'ils ont projeté et atteint, que ce qu'ils savent et veulent immédiate ment. Ils réalisent leurs intérêts, mais il se produit en »
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- Que pensez-vous de ce bilan du classicisme français : «La réussite classique fut bien une conquête, l'équilibre classique non le produit d'une sagesse rassise, d'une prudence habile à ménager le pour et le contre, mais l'expression d'un élan, d'une poussée vers l'avant. Ce qui distingue Racine de Corneille, en 1665, c'est sa nouveauté, son modernisme. Ce qui, dans les traités ou les dictionnaires du temps, condamne un mot ou un tour, c'est qu'il est «vieux», et rien ne caractérise mieux un état d'esprit général à l'époque. S'inspirer des Anciens - avec quelle liberté -, tenir compte de certaines règles - avec quelle souplesse -, équilibrer les détails et l'ensemble, la passion et la raison, la réalité et l'idéal, c'est, pour un classique, sa manière à lui d'être lui-même, c'est-à-dire d'être moderne, d'être jeune, ou comme disait Stendhal, d'être romantique.» (Th. Aron, Histoire littéraire de la France, t. Il, éd. sociales, 1966.)
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- Paul Valéry écrit dans Regards sur le monde actuel, (Propos sur le progrès, 1931 ) : « Supposé que l'immense transformation que nous vivons et qui nous meut, se développe encore, achève d'altérer ce qui subsiste des coutumes, articule tout autrement les besoins et les moyens de la vie, bientôt l'ère toute nouvelle enfantera des hommes qui ne tiendront plus au passé par aucune habitude de l'esprit. L'histoire leur offrira des récits étranges, presque incompréhensibles ; car rien dans leur époque n'aura eu d'exemple dans le passé ; ni rien du passé ne survivra dans leur présent. [...] L'un des effets les plus sûrs et les plus cruels du progrès est d'ajouter à la mort une peine accessoire, qui va s'aggravant d'elle-même à mesure que s'accuse et se précipite la révolution des coutumes et des idées. Ce n'était pas assez que de périr ; il faut devenir inintelligibles, presque ridicules... » Vous expliquerez et discuterez ce jugement. Vous vous demanderez en particulier, en vous fondant sur vos lectures personnelles, si les temps annoncés par Valéry vous semblent venus, et si les œuvres littéraires et artistiques des siècles passés sont pour vous « inintelligibles et presque ridicules ».
- "L'Idée est en vérité ce qui mène les peuples et le monde, et c'est l'Esprit, sa volonté raisonnable et nécessaire, qui a guidé et continue de guider les événements du monde." Hegel, La Raison dans l'Histoire. Commentez cette citation. ?