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La relation à l'autre est-elle d'emblée éthique ?

Publié le 17/03/2004

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Les occasions de conflit sont donc multiples et créent un état d'insécurité permanent. Mais la lutte à mort peut surgir entre deux êtres sans qu'il y ait matière à se battre : la nature donne à l'individu le droit, pour sauver sa vie, d'employer tous les moyens qu'il jugera bons. Qui me dira que cet homme que je rencontre n'a pas l'intention de me tuer. Je m'en protégerai en attaquant le premier : l'état de nature est un état de guerre généralisée où l'homme est un loup pour l'homme. Quand autrui n'est pas un adversaire, c'est un objet de consommation La communication est toujours bloquée par le besoin de soumettre et de posséder. J'ai spontanément tendance à réduire l'autre à n'être qu'un objet de plaisir ou un catalogue de renseignements à mon usage car, comme le fait remarquer Max Stirner, il n'y a entre nous qu'un rapport d'utilité, de profit, d'intérêt. Freud, de son côté, défendra un rapport d'utilité pulsionne. "L'homme n'est point cet être débonnaire, au coeur assoiffé d'amour, dont on dit qu'il se défend quand on l'attaque, mais un être, au contraire, qui doit porter au compte de ses données instinctives une bonne somme d'agressivité. Pour lui, par conséquent, le prochain n'est pas seulement un auxiliaire et un objet sexuel possibles, mais aussi un objet de tentation. L'homme est, en effet, tenté de satisfaire son besoin d'agression aux dépens de son prochain, d'exploiter son travail sans dédommagements, de l'utiliser sexuellement sans son consentement, de s'approprier ses biens, de l'humilier, de lui infliger des souffrances, de le martyriser et de le tuer.

Le respect de l'autre est inscrit sur son visage. En effet, son visage me révèle qu'il est mon prochain, mon semblable et que je suis responsable de lui par le seul fait qu'il est en face de moi.

MAIS...

Le regard d'autrui me donne la conscience de mon existence, mais en même temps me chosifie. regarder autrui, c'est nécessairement exercer sa puissance à son encontre. C'est pourquoi l'essence des rapports entre les hommes, c'est le conflit. Hegel et Sartre ont développé cette problématique avec la dialectique du maître et de l'esclave et du regard.

« L'éthique est enracinée dans la relation à l'autreans le face-à-face débarrassé de toutes les conventions sociales, le visage de l'autre me révèle la règleéthique.

La relation à autrui ne doit s'analyser ni en termes psychologiques, ni en termes métaphysiques.

Larelation à l'autre pose d'emblée, comme essentielle, l'exigence de la morale.

Dans le simple fait qu'il y a del'autre, il y a déjà l'impératif moral.

[La psychologie a montré que la personnalité individuelles'affirme et se construit contre le monde et contre autrui.L'homme ne se reconnaît comme pure conscience de soi que dans la mesure où il nie l'autre.] Ce qui est premier, c'est la guerreChacun est toujours pour l'autre une menace perpétuelle car, comme le dit Thomas Hobbes, «les hommesaiment l'empire exercé sur autrui» (De la Nature humaine).

L'affrontement est inévitable et la lutte à mort estle seul moyen pour deux individus d'opérer leur reconnaissance réciproque comme sujets indépendants. "Premièrement si nous considérons combien il y a peu de différenceentre la force et la sagesse des hommes faits et avec quelle facilité lemoindre, soit qu'il le soit en esprit ou en force, ou en toutes ces deuxchoses, peut entièrement abattre et détruire les puissants, puisqu'il nefaut pas beaucoup de force pour ôter la vie à un homme: de là nouspouvons conclure que les hommes, considérés dans l'état de nature,doivent s'estimer égaux et quiconque ne demande point davantage quecette égalité doit passer pour un homme modéré [...] D'ailleurs, puisque nous voyons que les hommes sont portés par leurspassions naturelles à se choquer les uns les autres, chacun ayantbonne opinion de soi, et ne voulant pas voir ce qu'un autre a de bon, ils'ensuit de toute nécessité qu'ils doivent s'attaquer les uns les autrespar des paroles injurieuses ou par quelque autre signe de mépris et dehaine, laquelle est inséparable de toute comparaison, jusqu'à ce qu'à lafin ils en viennent aux mains pour terminer leur différend, et savoir quisera le maître par les forces du corps. Davantage, considérant que les appétits et les désirs de plusieurshommes les portent tous à vouloir et à souhaiter une même fin, laquellequelquefois ne peut être ni possédée en commun ni divisée, il s'ensuitque le plus fort en jouira tout seul, et qu'il faudra décider par le combat qui sera le plus fort.

Ainsi la plusgrande partie des hommes, sans aucune assurance d'avoir le dessus, néanmoins soit par vanité, soit par descomparaisons, soit par passion, attaque ceux qui sans cela seraient contents d'être dans l'égalité de nature[...] Nous voyons donc qu'à cette inclination naturelle qu'un chacun a d'offenser un autre, on doit encore ajouterle droit d'un chacun sur toutes choses, lequel fait qu'un homme attaque avec le même droit avec lequel unautre lui résiste, et que par ce moyen les hommes vivent dans une perpétuelle méfiance, tâchant de seprévenir et de se surprendre.

L'état des hommes dans cette liberté naturelle est l'état de guerre: car la guerren'est autre chose que le temps dans lequel la volonté et l'effort d'attaquer et de résister par force est parparoles ou par actions suffisamment déclaré.

Le temps qui n'est pas la guerre, c'est ce qu'on appelle la paix.” Hobbes , "Du corps politique ”. Ce texte se situe à l'opposé, par exemple, de la thèse des stoïciens.

En effet, pour Cicéron , les conflits interindividuels exigeaient le retour aux principes d'une concorde inscrite dans la nature des choses.

Enrevanche, pour Hobbes , la guerre des hommes à l'état de nature provoque le recours à cet artifice pacifiant qu'est L'Etat.

Dans un premier temps, Hobbes mous montre comment, dans l'état de nature où les hommes vivent dispersés et sans lois pour les gouverner, les inégalités physiques et intellectuelles sont réduites àrien : la mort constituant pour tous la grande peine, la possibilité donnée à chacun de tuer l'autre établitentre les hommes une égalité rigoureuse.

Une fois posée l'égalité dans l'état de nature, Hobbes va montrer comment le jeu naturel des passions entraîne la nécessité d'une guerre incessante.

Première passion :l'orgueil.

Chacun va affirmant sa supériorité sur l'autre ; pour en décider, il viendra vite le moment del'affrontement.

Deuxième passion : le désir.

Quand deux désirs portent sur le même objet, seul le combat. »

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