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LA RELIGION: TEXTES ET PROBLEMATIQUES

Publié le 21/02/2012

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religion

 

La religion s'incarne dans la société sous forme de rites institutionnalisés qui expriment les valeurs collectives et au moyen desquels le fidèle espère communiquer avec l'invisible, le surnaturel. BERGSON montre la finalité sociale de la religion, du moins de la religion primitive, statique, au service de la cohésion du groupe. Elle s'inscrit dans les moeurs et les institutions dont elle renforce la rigidité, en neutralisant l'action dissolvante de l'intelligence analytique et critique.

religion

« qui interdisait ''entree et repoussait le contrevenant.

Ici ce sera un dieu protecteur de la cite, lequel defendra, menacera, reprimera.

L'intelligence se regle en effet sur des perceptions presentes ou sur ces residus plus ou moins images de perceptions qu'on appelle les souvenirs.

Puisque ''instinct n'existe plus qu'a Petat de trace ou de virtualite, puisqu'il n'est pas assez fort pour provoquer des actes ou pour les empecher, it devra susciter une perception illusoire ou tout au moins une contrefacon de souvenir assez precise, assez frappante pour que 'Intelligence se determine, par elle. Envisagee de ce premier point de vue la religion est donc une reaction defensive de la nature contre le pouvoir dissolvant de l'intelligence. (...) Les religions primitives ne peuvent etre dites immorales, ou indifferentes a la morale, que si l'on prend la religion telle qu'elle fut d'abord, pour la comparer a la morale telle qu'est devenue plus tard.

A l'origine, la coutume est toute la morale; et comme la religion interdit de s'en starter, la morale est coextensive a la religion.

En vain donc on nous objecterait que les interdictions religieuses n'ont pas toujours concerns ce qui nous apparait aujourd'hui comme immoral ou comme antisocial.

La religion primitive, vue par le cote que nous envisageons d'abord, est une precaution contre le danger que Pon court, des qu'on pense, de ne penser qu'a soi. C'est donc bien une reaction defensive de la nature contre 'Intelligence.

(...) 11 n'en est pas moins vrai que la certitude de mourir, surgissant avec la reflexion dans un monde d'etres vivants qui etait fait pour ne penser qu'a vivre, contrarie l'intention de la nature.

Celle-ci va trebucher sur ''obstacle qu'elle se trouve avoir place sur son propre chemin.

Mais elle se redresse aussitot.

A Pidee que la mort est inevitable elle oppose "'image d'une conti- nuation de la vie apres la mort; cette image, lancee par elle dans le champ de 'Intelligence oil vient de s'installer Pidee, remet les choses en ordre; la neutralisation de l'idee par ''image manifeste alors l'equilibre meme de la nature, se retenant de glisser.

Nous nous retrouvons donc devant le jeu tout particulier d'images et d'idees qui nous a pare caracteriser la religion a ses origins.

Envisagee de ce second point de vue, la religion est une reaction defensive de la nature contre la representation par l'intelligence, de l'inevitabilite de la mort. Henri BERGSON, Les deux sources de la morale et de la religion, Presses Universitaires de France, Paris, 1932. 1.

John-Stuart MILL (1806-1873) : philosophe anglais; sa morale, d'inspiration empiriste, est une morale du bonheur. SUJETS DE REFLEXION 1/ Montrer que, selon BERGSON, la religion primitive est au service de la societe et qu'elle est un produit de la nature. 2 Pourquoi l'intelligence est-elle une menace pour la cohesion sociale? 3/ Expliquer : « la morale est coextensive a la religion ». qui interdisait l'entrée et repoussait le contrevenant.

Ici ce sera un dieu protecteur de la cité, lequel défendra, menacera, réprimera.

L'intelligence se règle en effet sur des perceptions présentes ou sur ces résidus plus ou moins imagés de perceptions qu'on appelle les souvenirs.

Puisque l'instinct n'existe plus qu'à l'état de trace ou de virtualité, puisqu'il n'est pas assez fort pour provoquer des actes ou pour les empêcher, il devra susciter une perception illusoire ou tout au moins une contrefaçon de souvenir assez précise, assez frappante pour que l'intelligence se détermine, par elle.

Envisagée de ce premier point de vue la religion est donc une réaction défensive de la nature contre le pouvoir dissolvant de l'intelligence.

( ...

) Les religions primitives ne peuvent être dites immorales, ou indifférentes à la morale, que si l'on prend la religion telle qu'elle fut d'abord, pour la comparer à la morale telle qu'est devenue plus tard.

A l'origine, la coutume est toute la morale; et comme la religion interdit de s'en écarter, la morale est coextensive à la religion.

En vain donc on nous objecterait que les interdictions religieuses n'ont pas toujours concerné ce qui nous apparait aujourd'hui comme immoral ou comme antisocial.

La religion primitive, vue par le côté que nous envisageons d'abord, est une précaution contre le danger que l'on court, dès qu'on pense, de ne penser qu'à soi.

C'est donc bien une réaction défensive de la nature contre l'intelligence.

( .•• ) Il n'en est pas moins vrai que la certitude de mourir, surgissant avec la réflexion dans un monde d'êtres vivants qui était fait pour ne penser qu'à vivre, contrarie l'intention de la nature.

Celle-ci va trébucher sur l'obstacle qu'elle se trouve avoir placé sur son propre chemin.

Mais elle se redresse aussitôt.

A l'idée que la mort est inévitable elle oppose l'image d'une conti­ nuation de la vie après la mort; cette image, lancée par elle dans le champ de l'intelligence où vient de s'installer l'idée, remet les choses en ordre; la neutralisation de l'idée par l'image manifeste alors l'équilibre même de la nature, se retenant de glisser.

Nous nous retrouvons donc devant le jeu tout particulier d'images et d'idées qui nous a paru caractériser la religion à ses origines.

Envisagée de ce second point de vue, la religion est une réaction défensive de la nature contre la représentation par l'intelligence, de l'inévitabilité de la mort.

Henri BERGSON, Les deux sources de la morale et de la religion, Presses Universitaires de France, Paris, 1932.

1.

John-Stuart MILL (1806-1873) : philosophe anglais; sa morale, d'inspiration empiriste, est une morale du bonheur.

SUJETS DE RÉFLEXION 1/ Montrer que, selon BERGSON, la religion primitive est au service dela société et qu'elle est un produit de la nature.

2/ Pourquoi l'intelligence est-elle une menace pour la cohésion sociale? 3/ Expliquer : « la morale est coextensive à la religion ».. »

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