L'ART ET LA NATURE: TEXTES ET PROBLEMATIQUES
Publié le 21/02/2012
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La nature fournit à l'artiste ses matériaux : les couleurs pour le peintre, les sons pour le musicien. De là à penser que le travail de l'artiste consiste à imiter la nature il n'y a qu'un pas qui serait vite franchi quand on songe à la longue tradition de la peinture figurative notamment. (Depuis toujours les arts représentatifs ont témoigné de l'intention de reproduire les objets naturels.) Pourtant ce point de vue ne résiste pas à l'examen. En effet, la beauté de l'oeuvre d'art ne tient pas à la beauté du modèle : il y a une esthétique de la laideur qui se distingue de la laideur naturelle. De plus les oeuvres d'art éduquent l'homme et contribuent à la formation du sentiment de la nature qui n'est pas spontané chez les êtres incultes.
«
pone a la connaissance d'autres peuples et d'autres pays ne l'interesse pas.
Il se rejouit avant tout d'avoir tree un artificer, d'avoir demontre son habi-
lete et de s'etre rendu compte de ce dont it etait capable; (...) mais cette joie
et cette admiration de soi-meme ne tardent pas a tourner en ennui et mecon-
tentement, et cela d'autant plus vite et plus facilement que l'imitation
reproduit plus fidelement le modele naturel.
Il y a des portraits dont on a
dit assez spirituellement qu'ils sont ressemblants jusqu'a la nausee.
(...)
L'homme devrait eprouver une joie plus grande en produisant quelque chose
qui soit bien de lui, quelque chose qui lui soit particulier, et dont it puisse
dire qu'il est sien.
Tout outil technique, un navire par exemple ou, plus
particulierement, un instrument scientifique doit lui procurer plus de joie,
parce que c'est sa propre oeuvre, et non une imitation.
Le plus mauvais outil
technique a plus de valeur a ses yeux; it pent etre fier d'avoir invente le
marteau, le don, parce que ce sont des inventions originales, et non imitees.
(...) En entrant en rivalite avec in Nature, on se livre a un artifice sans
valeur.
Un homme s'etant vante de pouvoir lancer des lentilles a travers
un petit orifice, Alexandre, devant lequel it executa son tour de force, lui
fit offrir quelques boisseaux de lentilles; et avec raison, car cet homme avait
acquis une adresse non seulement inutile, mais depourvue de toute signifi-
cation.
On peut en dire autant de toute adresse dont on fait preuve dans
l'imitation de la nature.
C'est ainsi que Zeuxis2 peignait des raisins qui
avaient une apparence tellement naturelle que des pigeons s'y trompaient
et venaient les picorer, et Praxeas3 peignit un rideau qui trompa un homme,
le peintre lui-meme.
(...) On pent dire d'une facon generale qu'en voulant rivaliser avec la nature par l'imitation, Part restera toujours au-dessous de
la nature et pourra etre compare a un ver faisant des efforts pour egaler
un elephant.
II y a des hommes qui savent imiter les trifles du rossignol, et Kanto a dit a ce propos que, des que nous nous apercevons que c'est un
homme qui chante ainsi, et non un rossignol, nous trouvons ce chant insipide.
Nous y voyons un simple artifice, non une libre production de la nature ou
une oeuvre d'art.
Le chant du rossignol nous rejouit naturellement, parce que
nous entendons un animal, dans son inconscience naturelle, emettre des
sons qui ressemblent a l'expression de sentiments humains.
Ce qui nous
rejouit donc ici, c'est l'imitation de l'humain par la nature.
En faisant de l'imitation le but de l'art, on fait disparaitre le beau
objectif lui-meme.
Car alors it ne s'agit plus de savoir comment ce qui doit
etre imite est fait, mais ce qu'il faut faire, comment on doit proceder pour
obtenir une imitation aussi parfaite que possible.
L'objet et le contenu du
beau deviennent choses tout a fait indifferentes.
Si, cependant, on continue
a parler, a propos d'hommes, d'animaux, de pays, d'actions, de caracteres,
etc., de differences entre beaute et laideur, ces differences ne peuvent en
aucune facon interesser un art reduit a un simple travail d'imitation.
Encore une fois que Part soit oblige d'emprunter ses formes a la nature,
c'est la un fait impossible a contester, et nous aurons encore a y revenir.
Le contenu d'une oeuvre d'art est d'une nature telle que, tout en etant
porté à la connaissance d'autres peuples et d'autres pays ne l'intéresse pas.
Il se réjouit avant tout d'avoir créé un artifice!, d'avoir démontré son hahi·
leté et de s'être rendu compte de ce dont il était capable;( ...
) mais cette joie
et cette admiration de soi-même ne tardent pas à tourner en ennui et mécon·
tentement, et cela d'autant plus vite et plus facilement que l'imitation
reproduit plus fidèlement Je modèle naturel.
Il y a des portraits dont on a
dit assez spirituellement qu'ils sont ressemblants jusqu'à la nausée.
( ...
)
L'homme devrait éprouver une joie plus grande en produisant quelque chose
qui soit hien de lui, quelque chose qui lui soit particulier, et dont il puisse
dire qu'il est sien.
Tout outil technique, un navire par exemple ou, plus
particulièrement, un instrument scientifique doit lui procurer plus de joie,
parce que c'est sa propre œuvre, et non une imitation.
Le plus mauvais outil
technique a plus de valeur à ses yeux; il peut être fier d'avoir inventé le
marteau, le clou, parce que ce sont des inventions originales, et non imitées.
( ...
) En entrant en rivalité avec la Nature, on se livre à un artifice sans
valeur.
Un homme s'étant vanté de pouvoir lancer des lentilles à travers
un petit orifice, Alexandre, devant lequel il exécuta son tour de force, lui
fit offrir quelques boisseaux de lentilles; et avec raison, car cet homme avait
acquis une adresse non seulement inutile, mais dépourvue de toute signifi
cation.
On peut en dire autant de toute adresse dont on fait preuve dans
l'imitation de la nature.
C'est ainsi que Zeuxis2 peignait des raisins qui
avaient une apparence tellement naturelle que des pigeons s'y trompaient
et venaient les picorer, et Praxeas 3 peignit un rideau qui trompa un homme,
le peintre lui-même.
( ...
) On peut dire d'une façon générale qu'en voulant
rivaliser avec la nature par l'imitation, l'art restera toujours au-dessous de
la nature et pourra être comparé à un ver faisant des efforts pour égaler
un éléphant.
Il y a des hommes qui savent imiter les trilles du rossignol, et
Kant4 a dit à ce propos que, dès que nous nous apercevons que c'est un
homme qui chante ainsi, et non un rossignol, nous trouvons ce chant insipide.
Nous y voyons un simple artifice, non une libre production de la nature ou
une œuvre d'art.
Le chant du rossignol nous réjouit naturellement, parce que
nous entendons un animal, dans son inconscience naturelle, émettre des
sons qui ressemblent à l'expression de sentiments humains.
Ce qui nous
réjouit donc ici, c'est l'imitation de l'humain par la nature.
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En faisant de l'imitation le but de l'art, on fait disparaître le beau
objectif lui-même.
Car alors il ne s'agit plus de savoir comment ce qui doit
être imité est fait, mais ce qu'il faut faire, comment on doit procéder pour
obtenir une imitation aussi parfaite que possible.
L'objet et le contenu du
beau deviennent choses tout à fait indifférentes.
Si, cependant, on continue
à parler, à propos d'hommes, d'animaux, de pays, d'actions, de caractères,
etc., de différences entre beauté et laideur, ces différences ne peuvent en
aucune façon intéresser un art réduit à un simple travail d'imitation.
Encore une fois: que l'art soit obligé d'emprunter ses formes à la nature,
c'est là un fait impossible à contester, et nous aurons encore à y revenir.
Le contenu d'une œuvre d'art est d'une nature telle que, tout en étant.
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