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La réponse vaut-elle nécessairement mieux que la question ?

Publié le 03/04/2009

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Dans la vie courante, nos conversations se composent de questions et de réponses. La question de mon interlocuteur désigne une formule interrogative qui me demande de lui apprendre ce qu’il ignore; et ma réponse se présente sous la forme d’une affirmation qui a pour finalité de lui apporter l’information qu’il réclame.(par exemple : « quelle heure est-il ? Il est … « ). En ce sens, on remarque que toute la valeur de cette séquence réside dans la réponse qui apporte un savoir  et que la question est en elle-même dénuée de valeur. Si ce qui est nécessaire est ce qui ne peut pas être autrement qu’il n’est , alors il est nécessaire que la réponse apporte un savoir par opposition à la question, et de ce fait, qu’elle ait une plus grande valeur que cette dernière. Si la valeur se trouve dans le savoir, comment expliquer alors qu’il y a des réponses qui semblent apporter moins de savoir que leurs questions ? En effet, « avoir toujours réponse à tout «, comme le montre cette réponse commune péjorative, n’est pas nécessairement le signe d’un savoir authentique, mais seulement d’une apparence de savoir. Ainsi la réponse ne vaudrait pas nécessairement mieux que la question. Peut-on alors dire pour autant qu’il y a des questions qui valent en elles-mêmes indépendamment de toute réponse ? Nous sommes dès lors confrontés à ce problème : La valeur réside t-elle toujours dans la réponse ou bien existe-t-il certaines questions qui ont en elles-mêmes une valeur ?

  • I) La réponse vaut nécessairement mieux que la question dans la mesure où elle constitue une source de savoir.
  • II) La réponse ne vaut pas par essence mieux que la question.
  • III) Il n’y a pas de réponse qui vaut mieux qu’une question.

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« conscience de leur ignorance : nous avons en effet vu que la conscience de leur ignorance est la condition dusavoir.

En ce sens la question est moins un vide qui appelle une réponse pour le combler qu'une stratégie critiqueinvitant l'interlocuteur à prendre conscience de son absence de savoir.

C'est ce que l'on peut soutenir avec Platondans le Ménon 80ad :pare Socrate à un poisson torpille dont le contact paralyse et engourdit.

L'ironie de Socrate consiste à feindre de croire que l'interlocuteur est capable de fournir une véritable réponse, et qu'il sait ce qu'il ditet par ses questions répétées, le mener à la conscience de son ignorance.

C'est en effet par cette prise deconscience que le véritable questionnement pourra commencé, libéré de l'illusion de savoir.

Après la question critiqueet ironique, le questionnement de la quête du savoir peut tenter de chercher des réponses.

La réponse ne vaut pas nécessairement mieux que la question dans la mesure où, si elle est toute faite, elle nousenferme dans un faux savoir ignorant de lui-même, alors que la question peut elle-même nous en libérer.

Peut-onalors dire que certaines questions valent pour elles-mêmes, indépendamment de toute réponse ? III Il n'y a pas de réponse qui vaut mieux qu'une question _ Les véritables questions demeurent sans réponse.

En effet les questions fermées comme « quelle heure est-il ? »ou « quand a eu lieu la bataille de Marignan ? »ne sont tout au plus que des interrogations qui sont comme l'enversde leur réponse.

Par opposition, il y a des questions quine sont pas seulement des interrogations, mais desproblèmes.

Un problème est une question qui demeure toujours posées, on peut chercher à y répondre dedifférentes manières, mais les réponses ne font pas disparaître la question comme dans l'interrogation : par exempleà « qu‘est-ce qu‘un bon régime politique ? », on peut donner plusieurs réponses différentes et contradictoires quin'épuisent jamais le problème lui-même.

A la limite, les problèmes tendent vers le mystère qui se distingue parl'impossibilité absolue de donner une réponse : par exemple « Qu'est-ce que la mort ? » « Qu'est-ce que je fais ence monde? ».

Si les interrogations appartiennent au domaine de la vie commune, les problèmes sont plutôt duressort de la philosophie et de la science tandis que les mystères seraient les objets privilégiés de l'art et de lareligion.

On peut donc dire que les problèmes et les mystères sont les véritables questions, par opposition auxinterrogations qui peuvent trouver des réponses._ La réponse ne peut plus avoir la même valeur qu'une question si nous n'avons pas accès à la vérité.

En effet laréponse vaut certainement davantage que la question si nous avions la certitude absolue d'avoir accès à la vérité.Or il nous est impossible de fonder cette certitude.

C'est ce que l'on peut soutenir avec Montaigne dans ses Essais, II, 12 : l'homme ne sait pas lui-même s'il est capable de connaître.

« Qui ne s'entend en soi, en quoi se peut-il entendre ? ».

Puisque nous ne savons pas si nous savons, toutes les réponses qui nous paraissent si précieusessont peut-être absolument dénuées de vérité et donc de valeur.

Dans le doute, nous ne pouvons accorder autantde valeur aux questions qu'aux réponses.

En effet si nous ne savons pas si nos réponses ont quelque chose à voiravec la vérité, nous sommes du moins assurés que les questions que nous nous posons, tout homme se le pose unefois au moins dans son existence.

Ainsi on peut dire que la condition humaine pose cette question universelle :qu'es tu venu faire en ce monde ? «.

Mais à l'universalité de cette question, il n'y a pas de réponse universelle quipuisse être imposée aux autres dans la mesure où nous n'avons pas accès à la vérité.

Nous ne pouvons répondreque pour nous-mêmes, par notre vie seule et le projet qui nous accompagne.

On voit par là que la questionuniverselle posée par l'existence vaut plus que la réponse car l'existence nous pose à tous une question dont ellen'attend aucune réponse.

Ainsi nous passons d'un horion théorique à un horizon pratique : cette réponse qu'estnotre vie, nous nous la faisons à nous-mêmes et la vie s'en moque.

Comme le dit Montaigne en III, 7 : « j' ose nonseulement parler de moi, mais seulement parler de moi ».

Notre réponse ne peut être que de l'ordre de l'essai : il nes'agit plus de fournir fièrement la bonne réponse, (car en ce domaine, il n'y a pas de mauvaise réponse), maisseulement d'incarner sa propre perspective en permettant aux autres de répondre comme ils l'entendent.

Conclusion : Nous avons distingué, au cours de notre réflexion, trois types de questions : question fermée, question critique etouverte, problème philosophique.

Tout d'abord la question fermée de la vie courante qui n' appelle qu'une seuleréponse.

Dans la mesure où cette question fermée résulte d'une ignorance dont elle cherche à s'arracher par lesavoir, la réponse vaut nécessairement mieux que la question.

Néanmoins, dans la mesure où certaines réponsestoutes faites venaient constituer un faux savoir, les questions critiques permettent de désobstruer le désir de savoiret ainsi de s'ouvrir à un questionnement nécessaire pour la constitution d'un savoir effectif.

En ce sens, la réponsene vaut pas nécessairement mieux que la question.

Enfin les problèmes philosophiques qui comprennent égalementles mystères nous ont permis de mettre en évidence l'existence de questions qui demeuraient irréductiblement sansréponse.

Ce qu'il importe par-dessus tout est alors d'entendre la question résolument ouverte que la vie nous poseet à laquelle seule notre existence peut apporter une réponse aussi unique que notre personne même : « Qui vive ? » ( A.

Breton, Nadja ). »

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