La sagesse est-elle compatible avec la passion ?

Bien lire le sujet : ne pas perdre de vue toute l'extension du mot «passion». Il ne s'agit pas seulement de se demander si la colère ou la haine sont conciliables avec la sagesse, mais également si cette dernière peut s'accorder avec la joie, l'amour, l'admiration, la hardiesse qui sont tout autant des passions. De ce fait, on ne peut se contenter d'une interrogation sur ce qui, en fait, s'oppose à la sagesse, mais il faudra s'interroger sur ce qui, essentiellement, sépare ou, au contraire, lie sagesse et passion. Un point de départ à discuter: le sujet invite à partir de la conception commune du sage comme pur esprit, comme être exempt de craintes, de peines, de désirs et plus généralement de toute passion. Le sage est en ce sens opposé au débauché I dont la folie consiste précisément à céder à toutes les passions et ainsi à ne pas être maître de soi et à vivre d'une existence I tout entière dévouée au corps. Recherche du problème: la sagesse, entendue par exemple comme maîtrise de soi, ne peut donner libre cours aux passions : le sage serait esclave de ses passions. Cependant, toute passion n'asservit que pour autant que nous y succombons: c'est moins la passion qui est mauvaise que celui qui accepte d'y succomber, nous ne sommes les esclaves que de ceux que nous voulons bien servir. La passion n'est plus dès lors le contraire de la sagesse. Et, de ce fait, la sagesse peut elle-même être pensée comme passionnée, une sagesse sans passion apparaît alors contradictoire. Il faut être sage dans la passion, et non pas contre elle ou malgré elle.