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La science doit-elle renoncer à connaître les causes intimes des phénomènes ?

Publié le 18/03/2004

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Est-il vrai, comme l'affirme A. Comte, que la science ait renoncé à connaître les causes intimes des phénomènes  ? INTRODUCTION. - Le fondateur et théoricien de l'école positiviste, Auguste COMTE, a formulé une thèse devenue célèbre sous le nom de « loi des trois étals », qui prétend expliquer l'évolution générale de la pensée dans l'humanité entière et dans chaque individu :. - après l'explication des faits par l'action de volontés divines analogues à la nôtre (état théologique, période des primitifs et des enfants); - après un appel fait à des propriétés de la nature qui ne paraissent être que des entités ou abstractions (état métaphysique ou recherche des couses), - vient l'explication scientifique proprement dite par des relations, ou lois : rapports quantitatifs entre les faits : c'est l'état positif dans lequel la pensée moderne est entrée spécialement depuis le XIXe siècle. C'est l'affirmation qui est ici proposée. Reste à nous demander comment et dans quelle mesure il faut l'admettre. I. - SCIENCE ET LOIS : ABANDON DE L'IDÉE DE CAUSE. Il est vrai que la science moderne a semblé renoncer à la recherche des causes supérieures pour s'orienter uniquement vers l'établissement de lois.

« II.

— SCIENCE ET CAUSES : LA SAUVEGARDE D'UNE CAUSALITÉ UNIQUE. A.

Sans doute, on peut envisager de façon distincte les deux points de vue de la causalité phénoménale et dela causalité métaphysique : dans le premier cas : lien constant de production entre deux faits; dans le second: action d'une nature produisant un phénomène, la science' se bornant à l'une et laissant l'autre à lamétaphysique.Cette distinction se légitime du point de vue de la division des problèmes et de la commodité scientifique.B.

Mais la science ne peut se passer complètement ni se désintéresser de l'étude des causes intimes et autresprincipes métaphysiques.Si celles-ci n'entrent pas directement dans son objet, il n'y a pas discontinuité mais union étroite entre elles etles lois scientifiques.a) Les notions métaphysiques sont la base et le supposé nécessaire de toute explication scientifique.— S'il s'agit des « principes premiers » basés sur les notions d'être, substance, cause et fin, il est aisé demontrer que les mathématiques sont impossibles sans le principe d'identité et que, de plus, les sciencesexpérimentales n'existent qu'en reposant sur ceux de raison suffisante et de causalité.— Si l'on veut parler de la « nature des êtres » ou de la cause suprême, la constance des relations entre faits(explication positive) n'a de raison suffisante que dans la constance de la nature intime des agents (explicationmétaphysique), et la diversité constante de ces natures contingentes ne peut reposer que sur une volontécréatrice et ordonnatrice (explication théologique).Ces trois solutions ne constituent donc pas des stades successifs de la pensée humaine, mais des échelonssimultanés et complémentaires, tous nécessaires à la vérité totale.Et MEYERSON a prouvé qu'il n'existait pas deux sortes de causalité, mais une seule : la causalité métaphysiqueseule explique pourquoi la causalité phénoménale diffère d'un simple rapport de succession : il n'y a pas de «lois » sans « causes profondes ».b) D'ailleurs — et ceci confirme lumineusement l'affirmation précédente — les problèmes sur les causes intimesviennent se mêler à chaqueinstant aux lois scientifiques dès qu'on veut en chercher l'explication plus profonde ou en faire une synthèserationnelle.En psychologie expérimentale, la liaison semble plus intime encore et la compénétration des deux domaines esttelle qu'il est impossible d'expliquer vraiment la mémoire, l'habitude, la perception, sans recourir à un principesubstantiel dont la « nature intime » dépasse les sens.En un mot, par son progrès, la science pose sans cesse des questions métaphysiques. CONCLUSION.

— Si donc la science se cantonne volontairement dans l'étude des faits et de leurs relations, ce ne doit pas être par dédain pour des causes intimes, regardées comme plus ou moins vagues etproblématiques :— mais par nécessité de division du travail et pour des résultats plus fructueux; ;— et aussi par respect pour un domaine qui la dépasse, mais qui reste en union avec elle.En nous suggérant des questions qu'elle ne peut résoudre elle-même et en nous laissant voir, par le principemême de causalité, qu'il y a une réalité plus profonde que le monde sensible, elle nous donne le sens del'invisible « père de la métaphysique ».. »

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